01 Oct Ten Tonnes : tea time et top tubes express au 1999
Après s’être fait connaitre en première partie de son frère, George Ezra, c’est pour un concert en tête d’affiche qu’Ethan Barnett, Ten Tonnes sur scène, s’est retrouvé dans la capitale française lundi soir. Venu défendre son premier album éponyme paru plus tôt cette année, Ten Tonnes a donné rendez-vous à une poignée de fans et pas mal de curieux au 1999 le 30 septembre. Retour d’expérience.
La petite salle du 11e arrondissement de Paris n’est remplie qu’au quart lorsque sonnent 20 heures. On s’inquiète un peu pour le jeune anglais (il vient de fêter ses 22 ans), habitué à des foules plus denses lorsqu’il soutenait les show sold-out de son frère, George Ezra, l’autre musicien talentueux de la famille. Il faut dire qu’Ethan Barnett a fait du chemin et a depuis sorti un premier album très prometteur. Des riffs catchys, des paroles qui invitent à chanter à tue-tête, des guitares enjouées soutenues par des batteries pêchues… Ten Tonnes sait faire dans les tubes, et on s’attendait à devoir jouer des coudes pour distinguer correctement son groupe sur scène. Alix, la compositrice-interprète française qui se charge de la première partie, commence à faire sonner sa guitare acoustisque dans un brouhaha qui annonce que le public présent est pourtant bel et bien venu pour applaudir la formation anglaise.
Un début un peu timide à l’heure du thé
Les jolie ballades de la jeune artiste éveillent le public, finalement complice, mais ne parviennent pas à chauffer la salle. Ce sera Sweet Caroline balancé dans les hauts-parleurs, morceau d’entrée de la team Ten Tonnes sur scène, qui finira par faire monter l’excitation. Ponctuelles, trois silhouettes de noir vêtues se hissent alors sur l’étroite scène du 1999 et se postent à la batterie, la lead guitare et la basse. Les premières notes comment à résonner, le public approuve de ses claps et ses « wouh », qui parviendront à faire sortir Ethan Barnett des coulisses. Allure sobre, sourire timide, l’Anglais se pare de sa guitare et sans grand discours, lance un Lay It On Me qui annonce la couleur : « I know it’s been a while, but I’m back again to face the symphony ». On souffre un peu des balances de la batterie, trop forte, mais cette première chanson est efficace : elle met tout le monde d’accord, on va passer un bon moment.
Et c’est avec le hit Born To Lose, issu d’un de ses deux EP, que l’atmosphère joyeuse et détendue se fixe, le groupe ne se faisant pas prier pour obtenir les claps spontanés du public. Malgré la petite taille de la salle et un public à priori facile, on sent les quatre jeunes hommes pas tout à fait à leur aise. Pour briser un peu la gêne, Ethan Barnett invite alors l’audience à répéter les « ouwouhou » de Cracks Between, prochain morceau sur la setlist. Soutenu par les deux premiers rangs de jeunes filles qui connaissent la discographie du jeune homme sur le bout des doigts, on sent que le public de curieux du fond de la salle adhère à la recette Ten Tonnes. Plus tard, entre deux gorgées de thé (ça ne s’invente pas), Ten Tonnes rappelle que c’est son premier passage dans la capitale pour un headline show, et que ce soir est la deuxième date de leur tournée automnale. Applaudissements d’encouragement général, suffisants pour mettre en confiance le groupe qui délivrera un Too Late magnifique, porté par les solos tout en mouvements passionnés du guitariste, visiblement à l’étroit pour sa chorégraphie spontanée.
A l’étroit
C’est qu’on aurait bien poussé les murs de la scène du 1999 pour permettre aux musiciens de se montrer davantage! L’engageant G.I.V.E. aurait mérité un peu plus de jeu avec le public, mais il faut dire que l’étroitesse du lieu ne permet pas aux musiciens de faire l’étalage de leurs qualités de showmen. Ethan avait introduit le morceau en disant qu’il ne savait pas bien comment décrire de quoi il s’agissait dans cette chanson, si ce n’est que c’est une chanson d’amour — avec beaucoup de chiens dans le clip. Du chien, la chanson G.I.V.E. en a : elle fait l’unanimité du public, devenu plus dense.
L’énergie du très rock Silverheat redescendra comme un soufflé alors qu’Ethan Barnett troque sa Fender électrique pour une guitare folk acoustique. Introduisant la chanson comme le moment de prendre une grande inspiration et de passer sur une phase de relaxation, l’émouvant Missing You résonne, ça et là appuyé par quelques accords du lead guitariste. Les passages quasi-acapella sont doublés des jolies voix féminines du premier rang. Le mélange ne peut qu’émouvoir, mais on trouve toujours que le set jusqu’ici manque un peu de rythme, longuement interrompu par le réaccord silencieux des instruments.
Vient alors le pêchu Nights In, Nights Out, qui rappelle qu’on est venus parce qu’on adore la pop entêtante si bien arrangée pour les sets rock de Ten Tonnes. Là, la ligne de basse appuie parfaitement la mélodie portée par les riffs rocks de la guitare, aussitôt habilement rompue par les escalades de la batterie. C’est la chanson la plus réussie du set, qui nous fait apprécier l’intimité de la salle, tant on a l’impression de voir naître un hymne indie à ses débuts! Les musiciens sont visiblement heureux d’être là, on ne résiste pas à leur complicité toute en clins d’oeil.
Un aperçu du prochain album
Gratifiant le public de quelques « that’s lovely stuff, thank you », puis s’excusant, le regard fuyant, d’être plutôt mauvais pour le small talk sur scène, Ethan Barnett propose en contrepartie d’entendre une chanson inédite, qui est destinée à son second album. Le public écoutera attentivement Look What You Started, dans la veine des précédents titres, dont les fans semblent déjà avoir entendu un extrait. On apprécie, mais on avait peut-être un peu espéré entendre quelque chose de différent pour une nouvelle chanson.
Combo gagnant de tubes pour la fin du set
La fin du set fera la part belle aux tubes, avec le trio gagnant Counting Down, Better Than Me et le merveilleux Lucy. Les backing vocals des trois musiciens qui accompagnent Ten Tonnes fonctionnent particulièrement bien sur Counting Down, mais c’est le banger Better Than Me qui laissera la plus grosse empreinte sur le public, qui saute sans se faire prier. Le tube, très pop, laisse flotter une atmosphère légère de fin d’été dans le 1999. C’est l’immense Lucy qui clôturera le set de 12 chansons. Ethan a fini sa tasse il y a quelques chansons et la théine fait effet. Débarassé de sa timidité, on le sent en maîtrise parfaite de ce refrain, presque en falsetto, qui ne quittera pas notre tête jusqu’au coucher. Le groupe, qui ne nous aura pas été présenté, donne tout ce qu’il a jusqu’à la dernière phrase, qui s’achève sur une fin plutôt brute. Remerciant brièvement le public d’avoir passé cette toute petite heure avec lui, la petite troupe sort de scène. Alors qu’on sent la public prêt à lancer son meilleur rappel, les lumières se rallument, et la musique d’ambiance qui se déclenche nous fait comprendre qu’on n’aura pas droit à une ultime chanson.
Il est 21h46. Pour un show démarré à 21h, on reste un peu sur notre faim. Mais la tête plein des mélodies de ce dernier combo de tubes, on se dit qu’on a hâte de retrouver Ten Tonnes quand celui en pèsera une centaine de plus, dans quelques mois sans aucun doute.
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