03 Oct Girl Band – The Talkies
L’Irlande a toute ses dents et mord jusqu’au sang. Ce nouvel album de Girl Band est tout simplement monstrueux
Tout commence sur une respiration, haletante, sur fond sonore sur ce qui semble être un scanner. Bienvenue dans l’étrange – mais survolté – monde Girl Band, quator irlandais difficile à saisir depuis 2011 (!), dont le premier album, Holding Hands With Jamie, sorti en 2015, nous avait, à l’époque peu marqué. Cette année, le groupe revient en force, refaisant définitivement briller la scène irlandaise (après Fontaines D.C. et The Murder Capital).
Le deuxième opus du groupe, The Talkies, vient à peine de sortir et est déjà qualifiable d’instant-trauma. Dans l’esprit foutraque, ce nouvel album atteint des sommets indéfinis. Fini les belles mélodies, les « jolis mots », comme on dit. Place désormais à la déconstruction (bien à la mode en ce moment), au choc titanesque des instruments, juste pour le plaisir de déranger. Tant que le résultat est abrupt et tant qu’il laisse une trace, au fer chauffé à blanc. Le single « Shoulderblades » l’annonçait déjà, The Talkies n’est pas à mettre entre toutes les oreilles. De riffs dissonants aux boîtes à rythmes effrénées, le tout mixé à la sauce clubbing (définitivement à l’anglaise), on est bien loin de la Britpop et des petits joueurs de Manchester.
Entre cris et lâché prise total, l’album, au fil de ses 12 morceaux, nous retourne dans tous les sens, sans même nous donner la nausée. Un uppercut de 45 minutes, qui donne juste envie d’envahir la piste de danse et de tout casser. Les paroles se mêlent aux guitare, qui elles mêmes se noient dans un ensemble instrumental (très) souvent inquiétant. Surgissent des moments de folie (« Aibophoabia », le vrombissant « Laggard », l’énorme « Prefab Castle ») qui piochent ce qui brille le plus dans le coffre prestigieux du rock industriel : un peu de post punk, une grosse poignée de noise… et on détient là l’album parfait pour les amateurs d’anti-mélodie. Cet album sonne comme un orage et en a la même conséquence : après l’écoute, le temps est comme suspendu, toujours prêt à exploser à nouveau. La beauté dans l’irrévérence.
Tracklisting :
Prolix
Going Norway
Shoulderblades
Couch Combover
Aibophobia
Salmon of Knowledge
Akineton
Amygdela
Caveat
Laggard
Prefab Castle
Ereignis
Nos + : « Shoulderblade », « Prefab Castle », « Couch Combover », « Laggard »
La note : 9.5/10
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