28 Avr Ces producteurs qui ont marqué l’Histoire : George Martin
Dans cette série d’articles, nous allons revenir sur le parcours de dix producteurs britanniques qui ont marqué l’histoire.
Avant tout, il faut répondre à une question centrale : Qu’est-ce qu’un producteur de musique ? Contrairement au cinéma, le rôle d’un producteur n’est pas de financer un enregistrement, il intervient dans la conception de celui-ci. Son intervention varie en fonction des producteurs et des artistes. Leur mission est de faire en sorte que les morceaux, EPs, et albums enregistrés soient les meilleurs possibles. Pour cela ils peuvent guider les musiciens, proposer des arrangements ou des nouvelles méthodes d’enregistrement, etc. Ce qui les intéresse est que le produit fini soit beau et cohérent. Le producteur sur lequel nous nous concentrons dans cet article définissait son métier comme : « quelqu’un en qui l’artiste fait confiance pour donner une opinion honnête ».
Une rencontre qui va tout changer
George Martin a exercé la profession de producteur pendant cinquante-six ans, de 1950 à 2006. Il a commencé sa carrière en tant qu’assistant du directeur à Parlophone, un label d’origine allemande. Dès que son supérieur prend sa retraite en 1955, il prend la tête du label. Dès lors, il enregistre des disques aux styles variés, du jazz au baroque, en passant par la comédie. Ce dernier style deviendra d’ailleurs sa spécialité jusqu’en 1962. Cette expérience lui a permis d’explorer des techniques de production et d’enregistrement propre à chaque style et, telle une éponge, il s’en imprègne.
En 1962, Brian Epstein le rencontre pour lui parler du groupe qu’il manage et dont aucune maison de disque ne semble vouloir. Martin n’est pas totalement convaincu, mais décide quand même de leur proposer un contrat de production. C’est ainsi que commence la fructueuse collaboration entre George Martin et les Beatles. Du début à la fin, George Martin sera le producteur des quatre garçons dans le vent. Il participe même à la formation du groupe puisqu’il demande à changer le batteur initial, remplacé par Ringo Starr. En effet, Martin veut le meilleur pour les Beatles, pour y arriver, il fallait changer de batteur.
Une collaboration fructueuse
Très vite, Martin fait ses preuves. Aidé par 12 années de productions variées, il arrive à trouver ce qui fonctionne dans la musique des Beatles et à le mettre en avant. Ainsi, Martin demande au groupe d’augmenter le tempo de la composition qu’il lui avait présenté pour le deuxième single qu’il produit. Please Please Me, se placera à la deuxième place du singles chart. Le début d’une longue série de titre en haut du classement. Bien qu’il ait affirmé le contraire, les Beatles ne seraient surement pas devenus un tel phénomène sans George Martin, il est d’ailleurs souvent surnommé le cinquième Beatle.
Bien sûr, un producteur n’est pas un magicien qui peut faire sonner n’importe quel groupe magiquement bien. C’est aussi et surtout, comme souvent dans la musique, une relation qui fonctionne. Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr, et George Harrison sont et étaient des musiciens curieux, constamment à la recherche de nouveaux sons. De son expérience et de ses années de conservatoire, Martin leur apprend de nombreuses choses. Ensemble, et avec Geoff Emerick qui sera l’ingénieur son sur presque tous les albums depuis Revolver en 1966, ils expérimentent énormément. Au fil des années, les Beatles agrandissent leurs connaissances et leurs compositions s’améliorent. Arrive 1967 et une nouvelle étape est marquée.
Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band
Le 26 mai 1967 sort la « pop music master-class » qu’est Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Les Beatles ont arrêté les concerts, ils cherchent donc à produire un album qui n’aura jamais à être défendu en live, une porte ouverte pour toutes les expérimentations possibles. Enregistré sur 129 jours, l’album se nourrit des différentes expériences des membres du groupe, comme le voyage en Inde de George Harrison. Mais l’influence de George Martin est très présente avec les arrangements orchestraux, le côté comique de l’album, etc.
Martin, Emerick et le groupe regorgent d’inventivité pour enregistrer cet album. Le producteur expliquera plus tard qu’il n’y avait pas de synthétiseur à l’époque, tous les sons « étranges » ont dû être faits par eux-mêmes. Pour modifier le timbre de John Lennon dans Lucy In The Sky With Diamonds, ils jouent avec les magnétophones pour faire avancer la bande plus rapidement ou plus doucement lors de l’enregistrement. Pour créer de la réverbération, les bandes sont passées à l’envers. Les Beatles et Martin s’inspirent de la composition aléatoire. Ainsi, pour Being For The Benefit of Mr. Kite! des enregistrements de calliope sont découpés, mélangés et remixés pour s’intégrer ensuite au reste de la bande sonore. Pour A Day’s In Life, Martin demande à chacun des 41 musiciens, lors des deux montées du morceau, de partir de la note la plus basse de son instrument puis de monter progressivement en terminant sur un mi, un sol dièse ou un si. C’est ainsi que Martin et les Beatles réussissent à associer deux parties de chansons totalement opposées.
Après les Beatles
Jusqu’à Let It Be, les Beatles continueront d’explorer de nouvelles techniques avec George Martin. Après la séparation du groupe, il continuera de travailler avec Paul McCartney. Il s’associera bien sûr aussi avec d’autres groupes et musiciens. Il est notamment derrière la version de 1997 de A Candle In The Wind d’Elton John, dédiée à la Princesse Diana, deuxième single le plus vendu de tous les temps.
George Martin est décédé en 2016 à l’âge de 90 ans après une carrière bien remplie. Les grands fans, et même les plus petits, des Beatles, sont à jamais reconnaissant du travail qu’il a réalisé, et de ce moment où, le 13 février 1962, Epstein et Martin se sont rencontrés pour discuter des Beatles. Cette collaboration a marqué l’histoire à bien des égards. Sans elle l’impact des Beatles aurait sûrement été très différent.
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