11 Août Glass Animals – Dreamland

Après 4 années d’incertitude, de questionnement et d’introspection, Glass Animals revient avec Dreamland, un album qui a failli ne jamais voir le jour. Installez-vous confortablement et sortez vos ananas.

La longue absence du groupe pourrait s’apparenter à un manque d’inspiration après les sorties successives de leurs 2 premiers efforts en 2014 et 2016. La réalité est bien plus dramatique avec le terrible accident subi par le batteur du groupe Joe Seaward.

Juillet 2018, alors qu’il se baladait en vélo dans la ville de Dublin, il s’est fait violemment percuter par un camion. Sa survie relève du miracle. En revanche, son corps est brisé, notamment au niveau de la jambe et de la boîte crânienne ! Dans un premier temps il ne peut plus écrire, parler ni même lire. La rémission de ce terrible choc prendra du temps et le groupe restera longuement silencieux…

Décembre 2019, le groupe sort Tokyo Drifting. Le doute plane quant au fait que ça soit une simple collaboration avec Denzel Curry ou bien l’annonce du retour tant espéré. (À noter la légère ressemblance, sur le pont du morceau, avec la version live de Radioactive de Imagine Dragons). Les nouvelles sont pourtant bonnes, le batteur miraculé est complètement remis malgré le fait qu’il ait dû réapprendre à jouer de son instrument.

Il faudra attendre la sortie de Your Love (Déjà Vu) pour avoir la confirmation du nouvel opus.

Composé de 16 titres, Dreamland peut paraître comme imposant mais en réalité on n’y retrouve pas moins de 4 interludes. D’une durée de 7 secondes à 1 minute, ces interludes sont composés en partie d’enregistrements remontant à l’enfance du chanteur. En effet, cet album est une intrusion dans la vie et les souvenirs de Dave Bayley. Le titre de l’album fait référence à un de ses professeurs qui lui demandait fréquemment d’arrêter de rêver (« Dave get out of Dreamland »). La chanson éponyme a été réalisée juste après l’accident du batteur. Le choc de voir son ami dans cet état a fait ressurgir de nombreux souvenirs dans la mémoire de Dave Bayley. Cette introduction en douceur est parfaite pour entrer dans l’univers pop de Glass Animals. D’ailleurs, on entendra à nouveau des sonorités similaires pour clôturer le disque, avec Hélium. Plus qu’une introduction c’est même une invitation au voyage dans un univers unique. Chaque ligne faisant référence à une sensation, un souvenir, une thématique qui sera ensuite traitée.

Dans le contenu on retrouve donc différentes ambiances et émotions. Les calmes Melon and the Coconut, Domestic Bliss s’apparentent le plus à des balades pourtant tout les oppose dans le texte. La première, écrite au réveil d’une sieste en studio, raconte l’histoire d’une séparation entre un melon et une noix de coco (pas d’ananas en vue sur cette fois). Tandis que la seconde évoque le dur sujet des violences domestiques.

Cette variété fait partie de la richesse de Dreamland. Tous comme les nombreux visuels et clips sortis, on sent ici une vraie démarche personnelle dans le choix de la direction artistique. A titre d’exemple on peut évoquer le clip au bord de la piscine de It’s All So Incredibly Loud qui renforce l’unicité du projet. La mise en scène y est simple mais terriblement efficace et maîtrisée. Certains fans verront une ressemblance avec la piscine dans laquelle Barb de Stranger Things disparaît. Pourtant elle colle parfaitement avec la narration. Dave Bayley y raconte les 3 secondes durant lesquelles on s’apprête à faire une triste révélation qui va dévaster quelqu’un. Ce moment ou tout explose dans le plus grand des silences. Sans aucun doute un des titres les plus poignants.

Sorti en tant que 4e single, Heat Waves est indéniablement un des morceaux les mieux réussis. Entraînant, chaleureux et disposant d’un certain groove qui donne envie de gigoter. Dans la même veine on peut citer Tangerine ou encore Space Ghost Coast To Coast avec ses sonorités très underground. On y retrouve dessus certains des effets vocaux indissociables du groupe. La voix claire, douce et sensuelle du chanteur est toujours aussi reconnaissable. Elle participe grandement à l’aspect mélodique et l’identité Glass Animals.

Les influences musicales se trouvent toujours du côté de l’expérimentation, du rock, de l’électro et du hip-hop. Comparativement à Zaba (2014) et How To Be A Human Being (2016) on peut reprocher l’utilisation abusive de certains beats trop répétitifs. La bande fait évoluer son style mais perd légèrement en subtilité sur ce point. Dreamland reste cependant un excellent concept album cohérent sur son ensemble et qui assure déjà quelques moments intenses sur scène. En attendant on ne peut qu’approuver les conseils du groupe (photo ci-dessous) pour profiter au mieux de l’immersion dans cet univers coloré.

On pourra d’ailleurs retrouver le groupe en France en 2021. En ce qui concerne la promotion, une idée originale a été trouvée dans la ville de Hackney.

Tracklist :

Dreamland

Tangerine

((home movie: 1994))

Hot Sugar

((home movie: btx))

Space Ghost Coast To Coast

Tokyo Drifting

Melon and the Coconut

Your Love (Déjà Vu)

Waterfalls Coming Out Your Mouth

It’s All So Incredibly Loud

((home movie: rockets))

Domestic Bliss

Heat Waves

((home movie: shoes on))

Helium

Nos morceaux favoris : Heat Waves, It’s All So Incredibly Loud, Space Ghost Coast To Coast, Your Love (Déjà Vu), Domestic Bliss

LA NOTE : 9 / 10