07 Avr Qu’est-ce que les NFTs et comment les musiciens s’en emparent ?
Vous en avez sûrement entendu parler, les NFTs sont au coeur de nombreux débats. Bien qu’ils soient difficiles à comprendre et très critiqués, certains musiciens, comme le groupe HMLTD, les voient comme un nouvel outil de création.
Les NFTs, c’est quoi ?
NFT signifie non-fugible token, soit jeton non-fongible en français. Souvent comparés aux cryptomonnaies comme le Bitcoin, leur différence se trouve dans le terme non-fongible. Fongible veut, en effet, dire qu’on peut échanger une unité avec une autre. Par exemple, on peut échanger un bitcoin avec un autre bitcoin ou un billet de dix euros avec un autre billet de dix euros, comme l’explique Clubic. Les NFT, quant à eux, sont uniques et ont chacun une valeur propre. C’est aussi le cas, par exemple, des oeuvres d’art. Imaginons que l’on est propriétaire de La Cathédrale de Rouen, face ouest, au soleil de Claude Monet, on ne peut pas l’échanger pour Le Portail de la cathédrale de Rouen au soleil, ni La Cathédrale de Rouen. Façade car chaque tableau à sa propre valeur, ils ne sont pas fongibles. Les NFTs ne sont pas les oeuvres d’art en elles-mêmes, mais plutôt un titre de propriété. On vous conseille de lire l’article de Clubic qui explique cela en détail et avec des exemples.
Et l’art du coup ?
Les NFTs, comme les cryptomonnaies, sont hebergés sur des blockchain, des technologies de stockage en réseau. Etant donné que le stockage n’est pas centralisé, le risque qu’il soit compromis est amoindri. Cela rend leurs échanges assez sûrs. De plus les NFTs émanent de et n’existent que, de fait, sur Internet.
Ces deux caractéristiques ont permis aux NFTs d’être utilisés par des artistes numériques depuis plusieurs années. Ainsi, plus de 14 millions de NFTa sont répertoriés sur la plateforme Opensea. Vus comme des titres de propriétés, certaines personnes les utilisent même pour des biens tangibles, comme des montres Vacheron.
La musique dans tout ça ?
Alors que le sujet gagne en popularité depuis février 2021, de plus en plus de musiciens s’y intéressent. C’est le cas notamment de King Of Leon, Gorillaz, Aphex Twin, The Weeknd Lindsay Lohan, etc. Ces deux derniers ont vendu leurs morceaux sur les plateformes FansForever et Nifty Gateway pour respectivement 106 000 et 490 000 dollars. Cet intérêt de l’industrie de la musique se comprend, étant donné que le digital représente déjà 69% de son chiffre d’affaires. En plus de morceaux, certains artistes proposent aussi des oeuvres d’art graphiques.
Rien de révolutionnaire
Tout ça reste quand même très conventionnel, le seul changement est le lieu et le mode d’achat et de consommation. C’était sans compter sur des artistes qui imaginent les choses différemment, comme HMLTD. En s’associant à la plateforme Async, le groupe propose une chanson qui va changer continuellement. La plateforme propose usuellement des oeuvres d’art graphiques. Elle permet aux utilisateurs d’acheter des couches de l’oeuvre, et donc de modifier continuellement cette dernière en fonction de qui détient quelle couche et de si cette personne décide de la montrer, ou non. Le 26 avril, elle va expérimenter ce processus avec de la musique en s’associant au groupe londonien. HMLTD a créé Leaving, leur « plus gros projet » après leur album. Ils ont écrits plus de 300 parties musicales pour cette chanson, permettant de d’aller d’aussi bien d’une « ballade au piano à un remix dubstep et tout entre les deux, en passant par de la synth pop ou une chanson post punk des années 1980 ». Chaque personne achetant une couche peut choisir ce qui va être jouer. « Disons que j’achète la couche de percussions, explique le batteur Achilleas Sarantaris. Je peux aller dans la galerie et je peux choisir quelles percussions je veux qui soient jouées sur le master. Je choisis, disons, les percussions acoustiques, et ensuite immédiatemment ça va se retranscrire sur la chanson et la pochette, et quiconque joue la chanson à ce moment va écouter le choix que j’ai fait jusqu’à que je le change ». Ainsi, 6400 combinations sont possibles, sachant que la pochette a elle aussi différentes couches. HMLTD prouve encore une fois qu’il est l’un des groupes les plus créatifs du moment en étant un pionier dans ce domaine. Trois membres du groupe expliquent le projet en détail dans cette interview (en anglais).
Et l’écologie ?
L’une des critiques majeures des NFTs est qu’ils consomment énormément d’énergie fossile. Wired explique dans un article qu’une vente peut consommer 8,7 megawatt-heure d’énergie, soit presque le double de la consommation annuelle moyenne d’un foyer français. Néanmoins, l’artiste Sterling Crispin met ça perspective. En effet, Ethereun, le blockchain utilisé pour les NFTs, ne représente que 0,02% des émissions de CO2 mondiales. Il montre que cela consomme moins que de produire des tshirts pour du merch par exemple, ou prendre l’avion.
Quelle va être la suite ?
Les NFTs font face à un intérêt grandissant de la part de plus en plus de personnes et un rejet d’un certain nombre d’autres. Bien qu’ils consomment moins que la plupart des industries, son empreinte carbone n’est pas neutre. De plus, comme tout sujet qui gagne en considération, certaines personnes tentent d’en profiter de manière peu originales, au détriment d’autres artistes. C’est le cas par exemple de McDonald’s ou Ja Rule qui surf encore sur la vague du Fyre Festival. Mais cette hype va peu à peu s’atténuer, et comme le prouve HMLTD, les NFTs pourraient bien révolutionner le monde de la musique en offrant de nouvelles manières de créer et d’écouter.
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