01 Fév Maverick Sabre – Don’t Forget to Look Up

Le titre du nouvel album de Maverick Sabre ne peut pas être interprété sans la lumière du Déni cosmique d’Adam McKay, sorti en décembre 2021 sur Netflix.

Si Don’t Look Up remettait en question la notion de vérité et de bon sens dans notre société, on peut questionner le titre du quatrième album du jeune artiste. Son illustration est assez claire ; « Don’t forget to look up » nous fait comprendre qu’il s’agit d’une invitation à regarder plus loin, plus haut.

A l’écoute de cet album auto-produit à la polyvalence musicale réussie, on se laisse facilement entraîner dans un ailleurs sonore agréablement surprenant. Une façon peut être pour Maverick Sabre de nous sortir de ce qu’on attend.

Un album auto-produit & une polyvalence musicale assumée

Pour avoir tous les éléments en tête, remontons dix ans en arrière lorsque le chanteur de 21 ans originaire de Wexford sortait son premier album. Son univers lancinant et audacieux mélangeait les tonalités du R&B avec celles du reggae fusion, tout ça porté par une voix puissante et claire.

Après deux autres albums sortis sous le label de Mercury Records, le jeune artiste n’a pas caché son besoin d’indépendance. En 2019 il sort son premier LP auto-produit «  When I Wake Up ». Une très bonne initiative saluée par la critique qui, bien qu’ayant qualifié ce dernier d’un peu confus, avait su y voir une vraie démarche artistique et musicale en marche.

Ce quatrième album confirme ce sentiment. Don’t Forget to look Up est marqué par des techniques de production qui se sont bien développées pour créer des hymnes puissants et contagieux. Par cet album Maverick Sabre prouve qu’il n’est plus simplement une superstar du R&B britannique à la belle voix mais un artiste capable d’une polyvalence musicale réussie et généreuse. Un univers unique au squelette Hip-Hop qui a retenu notre attention chez SOB.

Soul et Rap confession

Si chaque chanson à sa petite spécificité musicale dans l’album, il faut dire que leur enchainement se fait naturellement. Une succession qui nous plonge dans une histoire, un sentiment où tout semble s’harmoniser grâce à un fil conducteur musical qu’est la Soul. L’album est un journal intime dans lequel chaque morceau serait une aventure nouvelle ou du moins un sentiment renouvelé et conté.

Et si nous avons ce sentiment d’être dans la confession très rapidement, c’est notamment grâce à l’époustouflant Falling qui ouvre l’album. Un morceau qui nous rappelle la voix planante du chanteur tout en nous invitant avec douceur et romantisme dans une ambiance R&B. On se laisse facilement « tomber » par ces échos vocaux suaves et entraînants.

Est-ce cette introduction qui donne aux reste de l’album cette impression d’être dans la confession ? Probablement qu’elle y contribue mais Maverick Sabre ne veut pas s’arrêter à ce qu’on attend de lui et semble vouloir se confirmer comme un artiste à l’univers musical polyvalent. Et c’est justement pour ça qu’on ne se lasse pas des chansons aux sujets pourtant maintes fois revisités (l’attirance, la connexion physique, les histoires d’amour, la loyauté amoureuse). Là est la véritable prouesse de l’album. Il propose une richesse musicale chaude et prenante tout en conservant sa patte, un squelette aux rythmes Hip-Hop et à l’âme profondément Soul.

Tout s’enchaine avec un naturel et une fraicheur maintenus par un rythme toujours juste et bien présent. Du Gospel à la chanson Pop (Time Away), en passant par l’introspection parlée (Place and Time) ou la douceur nostalgique (Good Man), rien n’est hasardeux et tout fait son chemin jusqu’à la bonne surprise de l’ambiance disco qui clôt le tout avec Get Down mettant notamment en vedette le légendaire Nile Rodgers à la guitare.

Une puissance partagée

Qui dit un album intime ne dit pas album pour soi.

Outre une technique de production musicale maîtrisée et un ton juste, ce qui marque Don’t Forget to Look Up c’est la chaleur qui s’en dégage. Une chaleur générée par l’omniprésence de la Soul mais aussi l’invitation qui se dégage des voix qui la porte.

Le coup de maître de Maverick Sabre c’est aussi de savoir quand il faut partager le micro pour donner encore plus de puissance à ses chansons. On retrouve sur l’album deux chanteuse londoniennes, Damae et Sasha Keable, qui offrent leur voix mais surtout leur présence, bien traduite par le « I’ll be there » répété dans Middle of Eden aux chansons.

Nous retrouvons la chanson Not Easy love que nous avions découverte en Septembre 2021. A son propos le chanteur avait confessé : « Mon amour propre n’est pas le plus facile parfois, beaucoup de chansons que j’ai écrites sur l’amour au fil des ans ont été consommées par l’émotion de la relation elle-même et peut être que je n’ai pas donné assez de temps pour voir comment je peux être difficile. Personne n’est parfait. » Pourtant bien qu’elle soit de nature introspective et intimes sur ses relations passées, c’est avec Damae qu’il a choisi de l’interpréter. Résultat : un duo harmonieux bercé par la douceur de guitares enveloppantes qui ne rend que plus percutant et touchant le sujet.

A croire que Maverick Sabre vise toujours juste dans ses choix. Cela nous rappelle son duo remarqué avec la grande Jorja Smith pour interpréter Slow Down sorti sur son précédent album When I Wake Up.

En somme, le quatrième album de Maverick Sabre montre la maturité musicale de l’artiste qui s’affirme aujourd’hui comme un incontournable de la scène R&B et Soul britannique. Si il vous prend l’envie de traverser la manche pour un concert, il sera au Alexandra Palace Theatre à Londres le jeudi 10 mars.

TRACKLIST

Falling
Not Easy Love
Get By
Good Man
Like This
Walk These Days
Middle of Eden
Can’t Be Wrong
Time Away
Place And Time (Never Like This)
Something Special
Get Down

LA NOTE DE LA RÉDACTRICE : 8/10

Ses morceaux favoris : Good Man, Not Easy Love, Like This

Les autres notes :
Fabien : 7/10. Une pluralité de sonorités qui fait mouche.