09 Juin Everything Everything – Raw Data Feel
Entre expérimentation sonore et intelligence artificielle, Everything Everything repousse les limites de la créativité avec Raw Data Feel, leur 6ème album. Chronique.
Derrière la composition de quelques remarquables pépites d’art-rock (To the Blade, Arch Enemy, In Birdsong, … pour ne citer que les plus récentes), Everything Everything est l’un des groupes les plus « nerdy » de la cohorte actuelle des groupes de rock (et tous ses dérivés) britanniques. Pour autant, leurs albums n’en restent pas moins de magnifiques exemples de mélanges des genres, entre techno, rock, pop et ambiance analogique, avec toujours plus d’inventivité.
Ayant fréquemment comme thème de chanson les conséquences de notre société hyper-connectées sur le monde dans lequel nous vivons, la techno-anxiété du chanteur Jonathan Higgs a pris une nouvelle tournure pour ce sixième album Raw Data Feel.
Entre humanité et intelligence artificielle
Cette fois-ci, c’est l’IA développée par Mark Hanslip (doctorant de l’Université de York) qui a créé une partie des paroles sur ce nouvel album, à partir de textes « modèles ». Ainsi, l’ordinateur s’est servi de Confucius, Beowulf ou encore des Conditions d’utilisations de LinkedIn pour apprendre la syntaxe et grammaire anglais et en ressortir des lignes de paroles « bizarres et incompréhensibles ».
Au-delà des paroles très souvent décousues et abstraites, c’est le sens de la mélodie ici qui retient l’attention. Raw Data Feel est peut-être l’un de leurs meilleurs albums en ce sens, avec une énergie et une spontanéité qui rayonnent à chaque morceau. Ainsi, de Teletype à Pizza Boy, les 4 premières chansons et 4 singles, ce début d’écoute est une invitation des plus humaines à se joindre à la fête (oui, oui, comme ce pote qui vous demande toujours de sortir, même le lundi soir).
La suite change d’ambiance, pour se poser et devenir beaucoup plus contemplative, avec des titres comme Jennifer ou Leviathan. Là encore, Everything Everything se révèle très à l’aise. Entre la voix aérienne de Higgs, les claviers atmosphériques et la guitare rêveuse, on se laisse facilement embarquer dans un voyage cotonneux et agréable.
Les titres s’enchainent (14 tout de même !) pendant un peu moins d’une heure et alternent avec beaucoup d’habileté entre la « rave dystopique » et la « douce nostalgie ». Sans perdre le fil, les qualités mélodiques et de compositions sont présentes dans ces deux extrêmes, et on n’a aucun mal à se plonger dans chaque univers sonore.
Là où certains de leurs albums étaient difficiles d’accès, ils ont réussi le tour de force de rendre Raw Data Feel immédiat à l’écoute, sans le simplifier à outrance et sans tomber dans les travers de certains clichés rock.
Ironiquement, c’est peut-être la rencontre avec l’intelligence artificielle qui a permis au génie humain et mélodique d’Everything Everything de se sublimer sur Raw Data Feel.
Tracklist :
Teletype
I Want a Love Like This
Bad Friday
Pizza Boy
Jennifer
Metroland Is Burning
Leviathan
Shark Week
Cut UP!
HEX
My Computer
Kevin’s Car
Born Under a Meteor
Software Greatman
La note de la rédactrice : 8/10
Ses morceaux préférés : Teletype, I Want a Love Like This, Bad Friday, Leviathan, My Computer
Les autres notes :
Diane : 9/10. Everything Everything ressort de sa zone de confort pour nous offrir un album original.
No Comments