15 Nov Benjamin Clementine – And I Have Been
Après cinq ans d’absence, Benjamin Clementine revient avec un album riche en émotion et en beauté.
Le chanteur londonien fait partie de ces artistes dont l’univers est parfaitement adapté à l’automne et aux feux de cheminée. Cela tombe bien, c’est précisément cette période qu’il a choisie pour faire son grand retour ! Avec tout ce qui a changé dans le monde depuis son dernier album sorti en 2017, la question demeure : cela a-t-il impacté son univers ? Que va bien pouvoir nous raconter cette voix chaleureuse et lumineuse dans son nouvel opus ?
L’art de la frustration
La première chanson, Residue, dure trois minutes mais fonctionne comme un diptyque. La première partie, minimaliste, n’est constituée que d’un rythme répétitif et obstiné, presque agaçant. Si l’interprétation est déjà magistrale, la musique semble volontairement desservir le texte, obligeant l’auditeur à se concentrer sur le phrasé.
Toutefois, la frustration est vite dissipée. La deuxième partie voit l’instrumentation monter en puissance, le piano et les cordes prenant de l’ampleur pour envelopper la voix de Clementine. On entend même un chœur de femmes accompagner le chanteur : un choix ironique et poignant, sachant que la chanson aborde ses déceptions amoureuses.
Le deuxième titre, Delighted, agit comme une version améliorée de cette formule. Le phrasé est similaire, mais ici, la musique symphonique sied bien mieux à la voix, montant en apothéose de manière organique. L’émotion est si présente que ce morceau pourrait être considéré comme l’une des meilleures performances vocales du chanteur soul. Pas étonnant qu’il ait choisi la chanson comme deuxième single de son album.
Place à la poésie et à la beauté
Arrive ensuite Difference, une chanson courte et percutante qui pourrait figurer comme refrain de chanson pop ou R&B. L’album bascule ensuite dans sa meilleure section avec Genesis, Gypsy, BC, et Atonement. Ces quatre chansons constituent à elles seules le cœur de l’album. L’équilibre entre la complexité des instrumentations, la poésie des textes et l’intensité de la voix est absolument parfait.
Copening comporte peut-être les paroles les plus belles et optimistes de l’album. Les mots sont un moteur face à l’adversité : « This wiley road / Won’t crash my hopes / This mighty road / Won’t stop my soul ». Cet optimisme fait du bien dans un album qui était, jusqu’ici, aussi sombre que cynique.
Paradoxalement, la chanson suivante, Weakend, est peut-être la plus triste et la plus faible de tout l’album. Si jusqu’à présent le contraste entre les textes joyeux et la musique triste, ou inversement, maintenait l’équilibre, ici, l’accumulation de noirceur lyrique et musicale crée un effet d’étouffement qui déséquilibre l’ensemble et peut fatiguer l’auditeur. Heureusement, les trois dernières chansons de l’album nous redonnent le sourire.
Conclusion
And I Have Been est peut-être le meilleur album de Benjamin Clementine. Il allie ancienneté et modernité, tradition poétique et cynisme contemporain. Le chanteur londonien transmet tellement d’émotion dans sa voix et dans ses textes que l’on a l’impression de vivre toutes ces aventures avec lui.
Tracklist
Residue
Delighted
Difference
Genesis
Gypsy, BC
Atonement
Last movement of hope
Copening
Weakend
Auxiliary
Lovelustreman
Recommence
La note de la rédactrice : 7,5/10
Ses morceaux favoris : Genesis, Gypsy, BC, Atonement et Lovelustreman
Les autres notes :
Diane : 8/10. Les albums de Benjamin Clementine font décidemment toujours du bien.


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