16 Jan Interview – Talk Show excité par leur tournant musical
Talk Show nous a accordé une interview quelques heures avant de monter sur la scène de l’Olympic Café le 09 novembre dernier.
Sound Of Brit : Comment allez-vous ?
Harrison (chant et guitare) : Nous sommes très excités, même si notre van est tombé en panne juste devant [la salle]. Là c’est notre van, et il est en panne.
Vous n’aviez pas déjà eu un problème sur votre dernière tournée ?
George (basse et clavier) : Probablement, ouais.
Chloe (batterie) : A chaque tournée il y a quelque chose qui va mal. C’est notre chose qui tourne mal, après ça tout ira bien.
Harrison : Pendant la tournée au Royaume-Uni, le concert de Manchester a été annulé à cause d’une fuite de gaz dans la rue de la salle. Là on a fait les balances et ensuite on a essayé de trouver une solution. Ça va être compliqué.
Demain vous jouez en Allemagne, c’est ça ?
Chloe : A Amsterdam.
Harrison : Et on part tôt, donc on n’a pas de temps à perdre. Mais ça devrait être sympa, on a hâte.
Vous commencez votre tournée aujourd’hui, ensuite vous allez à Amsterdam, puis en Allemagne, c’est ça ?
Harrison : On va à Berlin et on fait un festival juste à côté d’Hambourg [Rolling Stones Beach]. C’est une de ces line-ups où on est choisi, on reçoit l’offre et on se dit “cool”, et ensuite on voit la programmation et je réalise “Oh merde ! Okay, ça va être un très bon festival”. On passe tard, à 22h30, donc ça devrait être sympa. C’est étrange quand on vient en Europe, les passages sont beaucoup plus tard, et on finit toujours par passer dans la nuit, et c’est toujours super.
Comment vous sentez-vous à l’idée de jouer à 22h ce soir ?
Harrison : J’adore. Ça nous laisse plus de temps dans la journée pour se reposer, déjeuner, boire une bière ou un café, ou si le van tombe en panne, des choses comme ça.
Vous avez eu le temps de visiter Paris aujourd’hui ?
Harrison : Pas aujourd’hui, mais des fois précédentes, oui.
Chloe : Avec un peu de chance on pourra marcher jusqu’au Sacré Coeur.
Harrison : Vraiment ?
Chloe : Oui, avec un peu de chance on pourra y aller et revenir pour 22h, ça va le faire, on a plein de temps.
Harrison : On arrive un peu dans une ville pour jouer notre set et on repart tout de suite après.
Cet été vous avez pas mal tourné, en jouant dans des festivals de plus en plus grands ; qu’est-ce que ça vous fait de jouer sur des scènes de plus en plus grandes ?
Harrison : C’est super. C’est tout ce dont on a toujours rêvé, on a toujours voulu jouer dans des festivals de plus en plus grands. Surtout quand on va dans des nouveaux pays, des nouvelles villes, c’est cool d’arriver sur une grande scène et de voir que tout le monde est prêt pour toi.
Chloe : C’est toujours incroyable quand ça nous arrive. On ne connaît pas toutes les salles d’Europe. Donc parfois on ne sait pas vraiment à quoi elle va ressembler. La plupart du temps on ne sait pas et on est surpris : “Whoa, oh mon dieu j’y crois pas”.
Est-ce qu’il y en a une en particulier qui vous a marqué ?
George : Celle de Thempelhof. On jouait vraiment tôt ce jour-là, et on s’attendait à ce qu’il n’y ait personne, et il y avait en fait deux mille personnes. Je trouve que cette année les festivals ont été plus gros, surtout en Europe.
Harrison : Vous semblez nous aimer plus. On continuera de revenir, et revenir, et revenir. Ce week-end là je crois qu’on l’a toustes aimé. Avant de jouer à Tempelhof Sounds, on était aux Pays-Bas pour Best Kept Secret, et c’était un peu l’opposé du spectre. C’était dans une espèce de silo en métal.
Chloe : C’était si beau, il y avait une magnifique forêt derrière le lac.
Harrison : C’était cool parce que, dès la première note, le public s’est mis à bouger et à se déchainer. Je me suis dit “Ok, cool, on va revenir à ce festival, pour sûr”.
Il y a quelques semaines vous avez sorti votre deuxième EP, et vous avez travaillé avec Joe Goddard et Al Doyle. Comment c’était ? Est-ce qu’ils vous ont influencé ou est-ce que c’était plus une collaboration ?
Georges : On y est allé en voulant essayer… On avait notre son et on voulait le pousser plus loin, “On veut un son comme ça, comme ça, ou comme ça”. Et ils disaient “très bien, allons-y”. Ils installaient tout et nous disaient ensuite “essayez ça”, tout en nous expliquant tout.
Harrison : On avait déjà une intention quand on a écrit l’EP, on voulait tout briser en mille morceaux. On voulait essentiellement détruire ce qu’on écrit et le reconstruire. C’est un peu les deux à la fois, ils ont un grand impact, mais c’était aussi collaboratif. C’était une expérience incroyable. Ça semblait simple de sauter d’idées en idées avec eux.
Pour votre prochain disque, est-ce que vous souhaitez essayer de nouveaux sons ou est-ce que vous souhaitez rester dans cette direction ?
Harrison : Je pense qu’on veut continuer de pousser ce son. Je pense que tout le principe de cet EP était : c’est un nouveau territoire, de nouvelles découvertes. On va continuer avec parce qu’on n’a pas encore terminé. On va continuer de le pousser et voir où ça nous mène. C’est comme ça que ça peut rester intéressant, rester frais, on va toujours vouloir le jouer, en se disant “oh, il y a ce nouveau son que je peux faire”. Quand on joue en répétitions et que tu fais un son avec ta basse [s’adressant à Georges], on est tous là : “c’est cool, refais-le” et ensuite on se dit “cool, on va l’utiliser”.
Chloe : Et parfois je me dis “Je ne sais pas ce que je viens de faire, je ne sais pas comment recréer ce son”.
Comment en êtes-vous venus à collaborer avec Eli Brown ? [en featuring sur Trouble]
Harrison : Au début, j’étais un peu sceptique. C’est un monde différent, je n’allais pas comprendre et il allait sûrement pas me comprendre non plus. Et ensuite j’ai décidé “On s’en fiche, je vais juste tenter” et on est rentré au studio tout de suite après. Il était très cool, c’était hyper simple de travailler avec lui, comme avec Joe et Al. Quand on écrivait, on ne savait pas ce qu’on créait et ça importait peu, donc on a suivi le courant, et c’est comme ça qu’on a créé Trouble. Ensuite on est allé l’enregistrer, et c’est là qu’on a rencontré Joe et Al, c’était un déroulement d’événements sympathiques. Ça nous a ouvert les yeux de travailler avec Eli, on s’est dit “Ah, ok, cool, on peut quand même faire de la dance tout en restant nous même”.
Cette nouvelle influence de sons techno et dance, est-elle venue de cette collaboration ou vous aviez cette intention dès le début ?
Harrison : Je pense qu’on en parlait déjà. C’était déjà là, des influences qu’on écoutait déjà sans s’en rendre compte.
Georges : On était un peu coincé à écrire des choses qui ressemblaient à ce qu’on faisait déjà. On voulait faire d’autres choses aussi, on ne savait juste pas qu’on pouvait le faire. Quand on l’a fait, on s’est dit “merde, c’est la dance, mais c’est toujours nous”. Je pense que c’était un moment décisif, ça a changé la manière dont on pensait qu’on pouvait faire ça.
Chloe : Oui, on n’avait plus besoin de se catégoriser dans une case, on pouvait faire quelque chose de différent.
Harrison : C’était comme des références subliminales qu’on voulait explorer sans le remarquer, ou sans comprendre que c’était possible d’essayer. Quand Eli Brown nous a fait remarquer que c’était beaucoup plus accessible que ce qu’on pensait, on a tout jeté.
Vous n’aviez pas peur ?
Harrison : Pas du tout, vraiment pas du tout. Je pense que c’est aussi pourquoi je préfère ça, parce que j’ai arrêté de m’en soucier. On n’a pas besoin de se mettre dans des cases. Je ne pense pas qu’un-e seul-e de nous s’en soucie, si ça sonne bien, ça sonne bien. Je sais que les gens vont venir à nos concerts en espérant entendre certaines choses, ou certaines chansons, mais je pense que c’est mieux si on joue que ce qu’on a envie de jouer.
Chloe : On va jouer un meilleur set si on aime ce qu’on joue. Si on peut garder ça frais, on va toujours être excité à l’idée de jouer.
Harrison : Et le Covid est arrivé, on n’est plus le même groupe, on n’est plus les mêmes personnes.
Georges : On a fait ça pendant des années. On s’est questionné : qui sommes nous ? Où en sommes-nous ? Est-ce qu’on y va vraiment ? On peut continuer à aller de l’avant, on a juste jeté beaucoup de choses.
Comment vous voyez les remixes de vos chansons ? Est-ce que vous donnez une liberté totale aux autres artistes ? Comment vous sentez-vous quand vous écoutez une nouvelle version de votre chanson ?
Harrison : On les donne complètement, exactement pour les mêmes raisons qu’on évocait plus tôt. Quel est l’intérêt de demander à quelqu’un un remix et dire “peux-tu le faire sonner comme ça ?”.
Est-ce que ce sont les groupes qui viennent vers vous ou est-ce que vous demandez à certains “J’aimerais que tu remixes cette chanson” ?
Chloe : Un peu des deux.
Harrison: Georges a fait beaucoup de remixes et on a fait pareil, on se laisse porter, c’est plus amusant.
Georges: Ouais, tu donnes ta musique à quelqu’un et il s’essaie à pleins de choses dessus.
Harrison : On a un nouveau remix qui sort vendredi [Dirt In The Keyboard par Baby Rollén], même ça, je l’écoutais, et c’était tellement différent de l’original et aussi des autres remixes qu’on a eu. On a fait un remix avec Georges, et il a fait la plus grande partie. J’étais assis et je lui disais “Oh c’est bien ce que t’as fait, bon boulot”. C’était pour un artiste aux Etats-Unis qui s’appelle Cy Dune, et ç’etait la même chose : amusons-nous avec et voyons ce qu’il arrive. Et quand tu lui as redonné il a répondu “ça déchire”.
Votre dernier EP n’est pas si vieux, mais quels sont vos plans pour 2023 ?
Harrison : A la sortie de cette tournée, on rentre littéralement en enregistrement de l’album qui sortira à un moment dans l’année, vers le début.
Georges : On a tellement hâte.
Harrison : On a vraiment hâte, c’est tout ce dont on a toujours rêvé depuis qu’on a quatorze ans : pouvoir écrire, produire, et sortir un album. C’est le meilleur boulot du monde (ça ne me paie rien du tout). C’est un privilège de pouvoir le faire. J’adore les chansons qu’on a, j’en suis fier, et c’est pour ça que ce soir on va en jouer beaucoup, parce que c’est amusant à jouer, à mes yeux c’est mieux. Ça a pris du temps. Et ensuite on espère pleins d’autres tournées, et de concerts, et…
Georges: Un meilleur van.
Est-ce que vous écoutez des artistes français en ce moment ?
Harrison: Pas vraiment. Je pense que c’est une chose qui est dommage au Royaume-Uni, c’est qu’il y a peu d’osmose avec des musiques d’autres pays d’Europe. Il y a beaucoup de personnes qui écoutent du jazz d’Amérique du Sud, ou de la Bossa Nova, c’est une grosse scène. Mais pour de la musique indépendante française, ou allemande, ou néerlandaise, ou italienne, la demande est minime, ce qui est dommage parce qu’on loupe sûrement beaucoup de très bonnes musiques. C’est pour ça que c’est super que de nombreux groupes britanniques viennent et sont plus enclins à ça.
Chloe : C’est étrange les flux de musique à travers le monde. Un de mes amis étudie ça, il peut suivre le mouvement d’où vient une musique. Certaines villes sont comme des portes, ouvertes à la musique de manières différentes, et d’autres sont plus isolées.
Harrison : C’est comme la musique qui se joue tout de suite. Bob Marley est en train de passer, c’est un artiste jamaïcain qui chante en anglais, et on est au milieu de Paris. Il y a constamment un mouvement de dialectes et de langues, et c’est mieux, c’est une bonne chose. Mais non, je n’écoute pas d’artistes français.
Chloe : La Femme ne sont pas français ?
Georges : Oui, on les écoute.
Chloe : On adore La Femme.
Harrison : Et aussi Yelle.
Y a-t-il des nouveaux artistes que vous recommandez ?
Harrison : Saloon Dion.
Chloe : Je viens seulement de remarquer le jeu de mots avec Celine Dion.
Harrison : Sérieusement ? Saloon Dion sont très bons, ils viennent de Bristol mais ils vivent tous au Sud de Londres désormais.
Georges : Robbi & Mona. Moerish Idle sont bons. KEG.
Harrison : La meilleure nouvelle chose que j’ai l’impression d’écouter c’est Gabriels, mais ils ne sont pas petits, ils sont énormes, mais je ne peux pas m’empêcher de les écouter. Mais ils ne sont ni britanniques, ni nouveaux.
Propos recueillis par Arsène Siméon et Claire D, modifiés pour clarté.
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