23 Fév Rina Sawayama à l’Olympia : un concert thérapeutique

Rina Sawayama était de passage à Paris le 15 février avec un seul message : célébrer le fait d’être là, à passer du bon temps ensemble.

Vive les femmes

A 21h, alors que le public de l’Olympia chante en chœur Dancing On My Own de Robyn, la musique s’arrête brusquement et le noir salle se fait. Sur scène arrive la claviériste et guitariste et la batteuse de Rina Sawayama, les deux seules musiciennes qui seront sur scène. Celle-ci est quasi vide, si ce n’est pour un clavier, une batterie, et un podium de danse dans le fond. Les deux danseuses arrivent dans le noir, puis c’est au tour de Rina Sawayama, qui rentre sur scène avec une grande prestance, on ne peut s’empêcher de murmurer « quelle reine ». Elle entame alors Minor Feelings de son dernier album et on ne se rend même plus compte que la scène est quasiment vide. Avec ses deux danseuses, elle accapare toute l’attention avec – tout au long de son set – des chorégraphies recherchées qui occupent parfaitement l’espace. Lorsque notre regard se détache d’elles trois, c’est pour se poser sur Simone Odaranile à la batterie, qui délivre une performance époustouflante sur cette heure et demie de concert.

Tout de suite après Minor Feelings, Rina enchaine avec Hold The Girl et nous prouve à quel point sa voix est juste et forte en live. Avant d’entamer Catch Me In The Air elle explique le déroulement de la soirée. Ce concert est un lieu de bienveillance, elle nous invite à nous présenter à nos voisin-e-s et nous amuser dans le respect de l’autre. Elle détaille aussi la setlist en expliquant qu’on va commencer avec du rock au vibes des années 2000, puis aller vers de l’industriel, du nu metal, des ballades et enfin de la country. Enfin, elle finit par conjuguer le verbe slay en Français. Le ton est donné, ce soir « nous slayons ».

Un concert rythmé entre émotion et moments dansants

C’est parti pour un magnifique show d’une heure et demie où toutes les personnes sur scène se donnent à fond, tout en donnant l’impression que c’est la chose la plus simple du monde. Rina Sawayama enchaîne les tubes de son dernier album sur scène avec justesse tout en suivant la chorégraphie prévue. Comme pour un show « à l’américaine », tout est prévu dans le moindre détail, que ce soit les interludes musicaux, les déplacements, etc. mais pour autant, le concert ne perd pas en humanité, et on sent l’artiste très sincère. Juste après Bad Friend, elle quitte son costume foncé pour un blanc qui rappelle quelque peu le cygne de Björk aux Oscars. Elle s’installe alors sur un tabouret accompagnée uniquement de sa guitariste et nous partage la genèse de Hold The Girl, sa thérapie et son cheminement vers la guérison. Elle s’ouvre complètement à son public puis explique que pour aider un ami elle a écrit une chanson du point de vue de sa mère, et chante Send My Love To John en guitare voix. Puis, elle explique la chance que c’est d’avoir une famille choisie queer et dédicace une reprise de I’m With You d’Avril Lavigne à Brianna Ghey, une adolescente transgenre assassinée quelques jours plus tôt.

Puis après ce passage touchant, c’est le moment de célébrer sa queerness avec Cherry, « my coming out song ». C’est ensuite l’apothéose des chansons dansantes de la musicienne avec Comme des garçons et XS. Elle quitte ensuite la scène, mais personne n’a de doute sur le fait qu’elle va revenir, il reste encore une chanson iconique à jouer : This Hell. La voilà alors de retour avec ses deux danseuses portant chacune un chapeau de cowboy, bien sûr celui de Sawayama est couverte de paillettes. Sur « Got my invitation to eternal damnation / get in line pass the wine bitch, we’re going straight to hell » elle organise un concours dans la salle entre qui chantera le plus fort de la partie gauche ou droite. On s’aperçoit alors qu’elle arrive à capter et tenir le public avec aisance, et que ce dernier se donne sans retenu. Juste avant l’outro, elle prend un moment pour remercier les musiciennes, les danseuses et toute son équipe qui monte sur scène pour une photo. Elle chante une dernière fois le refrain et s’en va.

Une soirée cathartique

C’est la fin du concert, et même après avoir danser tout le long, on est plein d’énergie, comme si la soirée ne faisait que commencer. On quitte l’Olympia le sourire aux lèvres pendant que Shania Twain retentit dans la salle.

Toutes les photos de la soirée ici.

Setlist

Minor Feelings
Hold the Girl
Catch Me in the Air
Hurricanes
Your Age
Imagining
STFU!
Frankenstein
Holy (Til You Let Me Go)
Bad Friend
Send My Love to John (Acoustique)
I’m With You d’Avril Lavigne (Acoustique)
Cherry
Comme des garçons (Like the Boys)
XS
—
This Hell