Le concert intimidant des Young Fathers à l’Élysée Montmartre

Retour à Paris du groupe inclassable Young Fathers. Peu importe ce que vous pensez aller voir, ce n’est pas ce que vous verrez.

Une première partie (aussi) écossaise : Callum Easter

Avec sa dégaine à la Jamie Cullum, l’artiste vient livrer trente minutes de concert seul et debout face au public, avec les instruments et la scénographie de Young Fathers déjà installés à l’arrière ce qui ne met pas vraiment en valeur l’artiste. Trente minutes de musique avec des choix intéressants et des percussions qui ressemblent à celles du trio écossais. Il s’en va avec un simple signe de la main désinvolte, sans rappel, et il reviendra pour le concert d’après en tant que multi-instrumentiste. Bon. Ainsi soit-il.

Alloysious Massaquoi, Kayus Bankole & Graham « G » Hastings sont les YOUNG FATHERS

C’est avec la clameur du public que le trio arrive sur scène pour interpréter a cappella Only Child, titre qui fête ses dix ans cette année. Le public est d’ores et déjà obnubilé avant de se mettre à danser vigoureusement sur le deuxième titre, issu du dernier album Heavy Heavy : I Saw. Notre premier aperçu du groupe s’était produit un soir de 2013, à Mulhouse dans la salle du Noumatrouff. Accompagnés du duo électro danois Rangleklods, les deux formations avaient alors assuré les premières parties d’un groupe français nommé Fauve… qui n’est plus (mais a laissé place à MAGENTA !) Retour à l’Élysée Montmartre où, dix ans après, le groupe n’a pas perdu de son pouvoir entraînant avec un batteur qui se tient debout, sans grosse caisse et dont les coups assénés accompagneront de manière presque parfaite les trois voix dominantes. Ceux-ci chanteront des titres de cinq de leurs albums et le dernier sera le plus largement représenté avec sept prestations. Plus le concert avance et plus les vocalises sont envoûtantes, voire flippantes et intimidantes, ainsi que leur manière d’occuper l’espace scénique. Des mouvements parfois au ralenti, des regards droits dans les yeux… Tout cela accentue le côté inclassable de ce groupe qui fait malheureusement bien peu de dates en France

Nous avons eu droit à une scénographie épurée (de prime abord), mais finalement bien calculée et intéressante puisque la lumière blanche part du sol, ce qui a pour effet de projeter les ombres des artistes dans les draps blanc disposés contre le mur de la scène. Cela donne un côté fantomatique, accentuant la facette mystique de la performance. Les trois micros des trois protagonistes masculins sont placés à l’avant de la scène, alignés, les mettant à égalité. La choriste quant à elle se situe à l’arrière, mais celle-ci vagabondera d’un air nonchalant au fur et à mesure que le show avancera.

Le public est visiblement puni de rappel en ce soir de février. Une heure de concert sans mot à l’intention du public, même si on peut estimer que la communication s’est faite via d’autres procédés. Les Young Fathers s’en vont dans un bruit semblable à des sirènes de police. Dans un parfait déni, nous attendrons quelques longues minutes un come-back, malgré la lumière de la salle allumée et la présence des techniciens sur scène… La question de ce parti-pris perdure quand on voit la capacité du groupe à livrer des performances sensationnelles.

SETLIST

Only Child

I Saw

Queen is Dead

Wow

Rain or Shine

Get Up

Sink or Swim

Old Rock n Roll

Tell Somebody

Drum

I Heard

In My View

Be Your Lady

Rice

Geronimo

Shame

Toy

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