29 Mai Arlo Parks – My Soft Machine
Le deuxième album d’Arlo Parks, My Soft Machine, délicate fresque musicale et émotionnelle d’une génération de vingtenaires. Chronique.
« La voix d’une génération » fut l’un des adjectifs le plus accolé à Arlo Parks depuis ses débuts sur la scène de la bedroom pop, en pleine crise sanitaire. Avec sa collection de poèmes universels touchant en plein coeur petits et grands, sa voix douce et de velours, son premier album avait alors gagné le Mercury Prize, à seulement 21 ans. Plus de deux ans après Collapsed in Sunbeams, Arlo Parks revient pour son deuxième album, très attendu.
Arlo Parks, poétesse du 21 ème siècle
On se souvient de l’un de ses premiers concerts à Paris, en février 2019. Devant une Boule Noire pleine à craquer, la londonienne avait, entre deux morceaux, déclamé un poème en l’honneur de Paris, écrit le jour même, sur la route. La poésie et l’écriture sont le moyen de communication privilégié avec le monde d’Arlo Parks et ici encore, c’est le cas. My Soft Machine s’ouvre sur Bruiseless, un titre en spoken words.
A travers ses quelques vers, la chanteuse britannique nous ouvre, complètement, les portes de son univers. “I wish that my eyes were still wide« , la dernière phrase de ce poème, laisse paraître ici le thème de la perte de l’innocence et introduit le reste d’un album extrêmement honnête et sans fard, centré autour de ses craintes, anxiétés, et joies. Le talent et le sens de l’observation aiguë de l’anglaise sont indéniables. Encore une fois, elle parvient à encapsuler l’essence même d’un moment pour la rendre palpable dans une chanson.
D’ailleurs, on retrouve l’amour sous toutes ces formes au fil des chansons. De Impurities à Pegasus à ces quelques lignes dans l’ouverture de l’album, la relation amoureuse reste une source inépuisable d’inspiration pour Arlo Parks.
Un trajet sonore (trop ?) familier, agrémenté de quelques surprises en chemin
Si on avait pu souligner une chose de ce premier album, Collapsed in Sunbeams, c’était la facilité avec laquelle on se laissait porter par les chansons, jusqu’à en deviner aisément la fin. Le manque de surprise et de changement de rythme nous laissait parfois sur notre faim. My Soft Machine est sans aucun doute un album plus punchy que le premier, mais partage, dans une moindre mesure, ce trait de caractère. Durant la grande majorité de son écoute, on traverse des paysages sonores beaux et réconfortants, mais avant tout familiers. Claviers brillants, synthés rêveurs, mélodies douces et accessibles accompagnés par l’occasionnel beat trip-hop relax, le voyage manque parfois de variété, surtout dans sa deuxième moitié.
On peut tout de même souligner de beaux (et courts) moments de pérégrinations musicales hors des sentiers battus.
Sur Devotion, l’une des meilleures surprises de cet album, l’auditeur tombe nez à nez avec un mur de guitares grunges et saturées, à mi-chemin du morceau.
Premier featuring de l’artiste, Pegasus réunit deux Queens de la pop actuelle : Phoebe Bridgers et Arlo Parks. On aurait presque aimer entendre un peu plus la chanteuse américaine. Néanmoins, le morceau reste une très belle rencontre vocale qu’on espère vivement voir se concrétiser sur scène, un jour.
Enfin, on retient également le morceau Dog Rose. Avec ses guitares légèrement distordues, le titre nous rappelle le duo iconique Sorry, et apporte de nouveaux sons bienvenus.
Une tendre et délicate évolution
My Soft Machine est un album qui vient doucement étendre la palette sonore d’Arlo Parks. Il explore également en profondeur la complexité émotionnelle d’une génération de vingtenaires pris entre la désillusion d’une société aux maux toujours plus critiques et la beauté de l’amour. Toujours aussi précise et évocatrice, Arlo Parks use de sa poésie avec brio. Son univers musical déploie, par étapes mais avec une certaine confiance, ses ailes, allant puiser dans de nouvelles inspirations mélodieuses.
Tracklist
Bruiseless
Impurities
Devotion
Blades
Purple Phase
Weightless
Pegasus (Feat. Phoebe Bridgers)
Dog Rose
Puppy
I’m Sorry
Room (red wings)
Ghost
La note de la rédactrice : 8/10
Ses morceaux favoris : Devotion, Blades, Purple Phase, Pegasus
Les autres notes :
Augustin : 6/10. De belles prises de risques sur la face A mais la face B est totalement oubliable. Dommage de ne pas avoir intégré l’excellent single Softly…
Fabien : 7,5/10. Une belle confirmation.
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