09 Juil Eurockéennes 2023 – Live Report
Récit de la 33ème édition des Eurockéennes de Belfort. Pluvieuse mais heureuse.
Après une année 2022 marquée par tempêtes et orages, les « Eurocks » ont une revanche à prendre. Une affiche de plus au compteur du festival qui a déjà de très beaux noms à son palmarès. 125.000 festivaliers étaient réunis pour cette édition. 52 groupes à l’affiche et seulement 9 étaient déjà venus jouer sur la presqu’île du Malsaucy. Une programmation très variée, des artistes français et internationaux, une large palette de choix qui permet à chacun d’y trouver son compte. Chaque jour réservait son lot de surprises, on vous raconte tout ça avec Sound of Brit.
Comme évoqué dans notre article sur la programmation de cette année, une dizaine d’artistes britanniques étaient présents. Certains bien connus comme Foals, d’autres moins comme Joe Unknown (cocasse, n’est-il pas !). De plus, la moitié des groupes présents ont un « lead féminin ». Sur un festival de cette taille, c’est une nouvelle très encourageante. Du Rock, du Rap, de l’Electro, du Metal, les oreilles ont voyagé. Et le cœur aussi.
Jeudi 29 juin. La palette des genres musicaux.
Le programme de la journée est chargé, la météo est clémente et les groupes sont nombreux. Bref, tout est réuni pour passer un bon moment.
Wet Leg – Du Rock sous le chapiteau.
Premier groupe britannique que nous verrons ce week-end, et pas des moindres. Wet Leg connait une ascension fulgurante depuis la sortie de leur premier album. Nous sommes très curieux de voir ce que le groupe originaire de l’Île de Wright va nous offrir… en espérant que le show soit à la hauteur de la hype ! En tout cas, le public est venu en nombre devant la Greenroom pour voir le phénomène.
Première impression, l’aisance de la chanteuse-guitariste Rhian Teasdale est remarquable. Elle nous captive rapidement avec son style, sa voix et son jeu de scène. Les quelques mots en français dès le début du concert sont appréciables. La preuve en est, l’attention se porte exclusivement sur elle et assez peu sur le reste du groupe. La musique est envoûtante et nous embarque bien dans ces nappes de sons incessantes. Petit bémol, les mélodies aigües sont noyées dans la saturation. Un problème inhérent à la scène ? De mauvaises balances ? Probablement un peu des deux. Leur premier (et seul) album sera joué en intégralité, mais dans le désordre. Original !
Bilan : une setlist de 12 morceaux ponctuée par l’incontournable Chaise Longue, une chanteuse charismatique à l’aise sur scène et un son qui aurait pu être perfectible. Une bonne entrée en matière.
Shygirl – L’Electroniclaque.
Le concept est simple. Une chanteuse accompagnée de sa DJ qui forment un duo Electro/Techno très fusionnel. En général, sur un DJ set l’attention se focus essentiellement sur le DJ ou sa scénographie. Sur Shygirl ce n’est pas du tout le cas. La scénographie est finalement assez minimaliste. Quelques miroirs disposés de part et d’autre de la DJ et l’écran d’arrière-scène diffuse en continue les mêmes visuels. Mais c’est surtout la présence de la chanteuse, Blane Muise, qui change la donne.
Après PØGØ et avant Skrillex, un set Electro avec des mélanges de Hip-Hop, lo-fi voire EDM s’insérait parfaitement dans le programme pour souffler un peu. Mission accomplie, le résultat est très agréable à l’oreille et la chanteuse accapare toute l’attention. La seule déception est finalement l’absence de public qui ne rend pas hommage à la performance à laquelle on a assisté.
Les artistes non-britanniques qui ont retenu notre attention :
Niska – Le réseau de l’ambiance. Un son très bon en ce début de festival, même si un océan de basses se déverse sur nous. Très peu d’autotune, une communication au top, mais l’absence de musiciens sur scène fait un peu défaut. Et oui, évidemment il a joué Réseau. Et oui, évidemment c’était la meilleure.
Jinjer – Du Metal sur la plage. Le groupe ukrainien était de passage sur la presqu’île du Malsaucy pour notre plus grand plaisir. Leur chanteuse Tatiana Shmayluk est une frontwoman charismatique et extrêmement talentueuse. Un scream inimitable, une rythmique alambiquée et en jeu de lumière en harmonie avec la musique, tout était réuni. Quelques mots en soutien à l’Ukraine nous rappellent la chance que nous avons de partager des tels moments qui célèbrent la vie.
Shaka Ponk – Les stars d’un soir. À l’annonce d’une ultime tournée avant séparation, les français ont mis les petits plats dans les grands. Un décor impressionnant et une énergie toujours aussi débordante, Shaka Ponk fait honneur à son public. Les bien connus des festivals français ont dignement assuré leur dernier passage aux Eurockéennes.
PØGØ – Violence Originale. Estampillés Trap Metal, les Bisontins nous ont offert une surprise de taille. Un duo DJ-chant qui mélange musique électronique et scream Metal puissant. La formule est efficace et le public est réceptif.
Skrillex – La setlist de la déception. Arrivé avec 30 minutes de retard, autant dire que le précurseur de la Dubstep s’est fait attendre. Pour rien. Un DJ set indigne d’une tête d’affiche sur la Mainstage. Quelques effets pyrotechniques qui réchauffent la foule, mais pas suffisamment pour raviver notre engouement. Pas de jeu de scène, pas de fond de scène, juste des lumières, ce qui est honnêtement frustrant. Bilan: Bangarang, des mélodies noyées dans les basses et une setlist de showcase. La scène La Plage aurait été mieux adaptée.
Vendredi 30 juin. The Brit Day.
Pluie, musique de camping et bonnes nouvelles. 10h, le réveil est difficile mais s’annonce rythmé. Un message reçu pour nous annoncer la première bonne nouvelle de la journée : nous allons interviewer Foals ! 2h plus tard, un second message nous annonce que Yard Act sera également disponible pour nous après leur concert. Un mélange d’excitation, de stress et d’impatience pour bien commencer la journée !
Joe Unknown – La révélation britannique du week-end.
Probablement la plus grosse surprise de cette édition. Un duo irlando-londonien qui a ouvert dignement cette seconde journée de festival. Joe Unknown accompagné de son DJ nous ont préparé un cocktail d’ambiance et de violence. Du Hip Hop sur fond sonore de musique électronique bien énervée, tout pour attaquer en bonne et due forme.
Joe a un charisme démesuré et nous gratifiera tout au long du concert d’une énergie intarissable. Tantôt à bouger dans tous les sens sur scène, tantôt dans le mosh pit qu’il a lui même ouvert. Les titres s’enchainent et l’ambiance ne redescendra jamais. Le chanteur a choisi au début du set un membre du public, « Pierre », pour gérer le mosh pit. Ce sera le running joke de l’intégralité du concert sur lequel Joe rebondira sans cesse. Même une fois le fameux Pierre parti, il nous aura trouvé « The new Pierre ». Le mosh pit a été dignement géré ! Un crowdsurf du DJ qui ira jusqu’à la régie ponctue bien cette (très) belle performance.
Il n’aura fallu que 45 minutes pour le connaître, et ne jamais l’oublier. Merci à eux, hâte de les revoir.
Yard Act – Du Punk n’Roll qui marche sur l’eau.
Après Joe Unkown, Yard Act s’apprête à enflammer La Plage. Une arrivée remarquée du chanteur qui semble alcoolisé sur scène, mais spoiler, ce n’est que du paraître (confirmé en interview 2h plus tard avec sa Heineken 0.0%). Une tentative de communication en français qui nous aura bien fait sourire. Oui, « J’adore, J’adore » ressemble quand même beaucoup à « Je dors, Je dors ». Passons les anecdotes, et louons la performance.
Un Rock progressif mettant bien en avant chaque instrument et chaque musicien. Et c’est d’ailleurs une des très grandes forces du groupe, les musiciens ont chacun leur originalité et leur personnalité. Un style un peu nonchalant qui peut même paraître arrogant, mais une telle assurance se dégage qu’on rentre dans leur jeu. Le claviériste, également saxophoniste, rajoute indéniablement une pointe de fantaisie au son du groupe.
Après un enchainement de titres tirés du premier album dont Land of the Blind qui parle de leur ville natale, nous avons le privilège d’avoir un nouveau morceau de leur prochain album. C’est simple, sans excès ni surprise, mais c’est excellemment fait. Finalement, le trio basse/batterie/clavier et le duo guitare/chant sont assez en opposition dans la gestuelle, ce qui rajoute un visuel agréable à la performance.
En bref, un groupe bizarrement prodigieux.
Foals – What Went Down in Belfort ?
Clairement la tête d’affiche anglaise du WE, les musiciens d’Oxford seront passés par Belfort en mode « efficace ». Une setlist sans surprise avec les récents titres de Life is Yours entrecoupés des gros hits (oui, oui, même après X concerts du groupe, on a toujours autant de frissons sur Spanish Sahara ou What Went Down), il manquait peut être un supplément d’âme pour faire grimper ce set dans le classement de nos meilleurs souvenirs avec Foals. Surtout quand Birch Tree était sur la setlist et qu’elle n’a pas été jouée.
Enfin, cela fait bien longtemps qu’on a perdu toute objectivité à propos de Foals sur ce site web, (#FoalsForever) cela restera l’un des meilleurs moments du week-end, même en mode « machines ». Surtout quand on a pu papoter avec Jimmy, le guitariste, avant qu’ils ne montent sur scène.
À la revoyure les gars, see you à Rock en Seine.
L’artiste non-britannique qui nous aura fait bouger :
Orelsan – Le king a fait du propre. Un incontournable qui aura une fois de plus été grandiose. Le concert est un récital de tubes qui nous tiendra en haleine de bout en bout. De La Quête, à L’Odeur de l’Essence en passant par La Terre Est Ronde, le public est à l’unisson et la performance est exceptionnelle. Un Medley sur les musiques du premier album fait son petit effet. En bref, le rappeur français le plus populaire justifie une fois de plus son statut. Cerise sur le gâteau, il nous annonce que le concert sera disponible au cinéma le 28 septembre. Un peu difficile de décrypter complètement cette annonce, on attend d’en savoir plus.
Samedi 1er juillet. Rock n’Rain.
Dernier jour, dernières claques, dernières pluies.
Dry Cleaning – Pour nous sécher entre les gouttes.
Un quator leadé par Florence Shaw jouant un Post Punk qui tire sur le Rock Psyché. Un univers à la Joy Division, un son entre Foals et Two Door Cinéma Club, le mélange des genres est bien fait et agréable à l’oreille. La voix de la chanteuse est assez grave, avec un petit côté Gainsbourg british. Un chant très parlé, un peu en retrait, alors que les musiciens sont au contraire à fond dans leur musique. Ce contraste est super intéressant et fait le charme du groupe.
Les derniers artistes non britanniques que nous avons vu :
Dinos – Ambianceur pas très original. Malgré la pluie, le public s’est retrouvé en nombre devant la Grande Scène pour le rappeur français. Pas de musiciens sur scène et un autotune vraiment trop prononcé, c’est dommage. Les fans présents ont probablement apprécié, pour les autres, ce sera oubliable.
Lomepal – Un torrent d’émotions. Il était attendu, il a répondu présent. Autant de monde que devant Orelsan, la pluie n’aura pas découragé le public venu en masse pour voir la tête d’affiche du jour. Et ça aura payé. Des musiciens exceptionnels sur scène, un enchainement de tubes et un flow aussi fidèle que sur album, Antoine nous aura régalé. Un des héros du week-end.
Gojira – Les rois ferment la cérémonie. Bon, étant fan et les ayant déjà vus 4 fois, l’attente est immense et l’objectivité inexistante. Mais quand même… à chaque fois, ils rappellent que ce sont bien eux les patrons du Metal français. Une batterie absolument exceptionnelle, un show monstrueux et un son impeccable, bref, une parfaite manière de clôturer ces 3 magnifiques journées remplies de surprises, de talents et d’émotions.
Clap de fin.
Voilà, une vingtaine de groupes couverts, deux interviews réalisées et 11 groupes découverts pour ma part, le bilan de ces 3 jours est parfait. Dur d’établir un classement étant donné l’immense diversité de genre qui nous aura été servie. Aucun groupe ne ressemblait à un autre, chaque concert avait son lot de surprises (bonnes ou mauvaises) et chaque artiste aura marqué de son empreinte ce fantastique festival. La pluie et la boue font visiblement partie du folklore, mais la musique aura une nouvelle fois été plus forte. Merci les Eurockéennes, vous avez fait un paquet d’heureux. À l’année prochaine.
Vous pouvez évidemment retrouver nos photos de l’évènement (en espérant vous y voir dessus !).
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