18 Août Public Image Ltd. – End Of World

8 ans après leur dernier album, le groupe Public Image Ltd. fait son grand retour avec l’album End Of World.

Ces derniers mois, John Lydon nous aura beaucoup ému. En effet, le chanteur a multiplié les hommages à son ex compagne Nora Forster qui est décédée en avril dernier. Il a d’abord participé à la version anglaise de Mask Singer dans le but de stimuler la mémoire de son épouse. Puis, dans le même but, il a tenté de participer à l’Eurovision. Et enfin, après le décès de Nora, John Lydon lui a dédié tout l’album et particulièrement la chanson qui en est le premier single : Hawaii. Et l’on peut dire que c’est un honneur puisque c’est à nos yeux l’une des meilleures chansons de l’album. Un titre calme, beau et émouvant. Le riff de guitare de Lu Edmond illustre parfaitement le deuil. Le rythme de la batterie de Bruce Smith nous rappelle les vagues d’Hawaii. C’est assez rare dans la carrière de PIL pour être souligné mais les musiciens sont en accord parfait avec le phrasé du chanteur. Et puis l’on sent une émotion vraiment palpable quand il prononce les phrases « Don’t fly too soon, no need to cry in pain You are loved again, again« . C’est beau. C’est émouvant. Et on aimerait que le reste de l’album soit comme ça aussi.

Mais après la première écoute de l’intégralité de l’album, on ne sait plus si c’est le meilleur du groupe depuis les années 70 ou si, au contraire, il nous faudrait faire le deuil du John Lydon que l’on connaissait et que l’on aimait bien. Vocalement, le frontman est au top de sa forme. Et Penge, le premier titre de l’album en est une excellente preuve. Là où la musique est plutôt classique, l’interprétation du chanteur est magistrale. Il en va de même pour LFCF où l’on peut facilement ressentir l’amertune dans la voix de l’interprète. Les musiciens aussi sont au top de leur forme. Le riff de End Of World, par exemple, n’a rien à envier à ceux des plus grands classiques du hard rock.

Certes, il y a aussi quelques titres oubliables sur cet album. Et quelques titres dont l’interprétation est très très discutable comme The Do That où John Lydon se lance dans le rap et sonne exactement comme l’on imagine un homme blanc de 67 ans tentant de s’approprier les codes d’une culture populaire chez les plus jeunes. Mais ce n’est pas grave. Rare sont les groupes qui n’ont pas de mauvaises chansons sur leurs albums et Public Image Ltd ne fait pas exception. Non. Ce qui est vraiment inquiétant sur cet album, ce sont les paroles. Soyons honnête. Si l’on écoute un album de Public Image Ltd., c’est aussi dans l’espoir de retrouver les prises de position tranchantes de celui qui s’est fait connaître en interprétant des hymnes anticapitalistes comme God Save The Queen ou encore Anarchy In The UK.

Mais ici pour le dire gentiment, ce sont les paroles d’un boomer que l’on écoute. Et un boomer plutôt d’extrême droite. Ce qui gâche le potentiel de beaucoup de morceaux. Being Stupid Again est un titre dont la mélodie est absolument parfaite et addictive. Mais chaque phrase du chanteur est plus problématique que la précédente. Les premières phrases du morceau insultant tous les étudiants d’un « Oh no You’re being stupid again Well done It’s this students again« . Et puis il enchaîne en tentant de se moquer de la naïveté de leurs idées politiques « Ban the bombs Save the whales Give peace a chance« . Ce qui nous prouve que John Lydon n’a pas écouté un discours politique d’étudiants depuis plusieurs années. Cela est déjà très très discutable mais il s’enfonce en disant « Men into women And back into men Again and again » avant, bien sûr, de dire que les personnes transsexuelles sont stupides. C’est transphobe, radical, extrêmement ridicule et cela ne s’arrange pas tout au long de la chanson (« How much for that education ? I’m not paying for that. I’m not gonna be stupid again.« ).

Et de manière générale, sur End Of World, on compte beaucoup de chansons qui critiquent la façon de penser des étudiants d’aujourd’hui. On pense par exemple à Pretty Awful qui se moque de la mode vestimentaire des plus jeunes. Puis nous avons Walls qui parle de murs séparant des êtres humains. John Lydon a expliqué que c’était une chanson en rapport avec une personne qui le harcèle et le suit chez lui. Mais, ce dernier étant un supporter de Donald Trump et de son idée de mur entre les Etats-Unis et le Mexique. On ne peut s’empêcher d’y voir un lien. Dans un autre genre, nous avons L F C F dans laquelle le chanteur règle ses comptes avec ses anciens collègues des Sex Pistols qui ont donné leur accord pour que la musique du groupe soit utilisée dans une série. Des propos qui n’ont pas grand chose à voir sur un album finalement.

Et alors on se demande comment noter ce nouvel album de Public Image Ltd. Comment noter cet album tant attendu qu’était End Of World ? Si l’on ne prend en compte que l’instrumentation et l’interprétation vocale, c’est un très bon album. Peut-être même le meilleur album de Public Image Ltd depuis très longtemps. Chaque personne présente est au top de sa carrière. La musique à elle seule vaudrait un 8/10. Mais malheureusement, à cause des paroles trop discutables, la note passe à 4/10. On ne peut pas ne pas prendre en considération les paroles des chansons. Pas lorsque l’on parle d’artistes qui ont toujours revendiqué leurs opinions politiques comme étant essentielles dans leurs interviews comme dans leurs paroles. Les idées sont propre à chacun. Et faire valoir ses opinions tout en n’hésitant pas à déranger, c’est le propre du punk rock. Mais est-ce vraiment punk que de passer 13 chansons à insulter la jeunesse dont on a été un jour l’étendard ? Les idées nous déplaisent mais aussi la façon dont elles sont émises, les contradictions et la parodie de lui-même qu’est devenue John Lydon. Dommage. On aimait beaucoup Public Image Ltd.

Tracklist :

Penge
End Of The World
Car Chase
Being Stupid Again
Walls
Pretty Awful
Strange
Down On The Clown
Dirty Murky Delight
The Do That
L F C F
North West Passage
Hawaii

La note de la rédactrice : 4/10

Ses morceaux favoris : Penge, Hawaii, Car Chase