30 Août Royal Blood – Back to the Water Below

Tout juste deux ans après la sortie de l’excellent Typhoons, Royal Blood est de retour avec un quatrième album : Back to the Water Below.

Royal Blood s’est lancé dans un pari audacieux avec pour la première fois un album auto-produit, les forçant à travailler différemment comme l’explique Mike Kerr (chanteur et bassiste) : “L’autoproduction nous a forcé à faire des choses qui sont naturellement venues vers nous. Parfois avoir un producteur, même avec de bonnes intentions, cela vous pousse vers des territoires où vous n’iriez jamais normalement. (…) A chaque fois qu’on fait quelque chose de très honnête, c’est très puissant musicalement. Généralement ça ne requiert de ne pas trop réfléchir”.

Est ce que ce choix est payant pour ce nouvel album ? On peut légitimement se poser la question avec le premier single Mountains At Midnight qui évoque un retour aux origines. L’approche y est frontale et intense mais malheureusement pas aussi entrainante que sur Royal Blood (2014), le titre n’aurait pas su trouver sa place dans la tracklist pléthorique de leur premier album. Le second morceau Shiner In The Dark continue de nous conforter avec des sonorités connues, mais cette fois ci plus proches de Typhoons (2021), notamment le riff qui est vraiment très (trop ?!) proche de Boilermaker. Le final est intense mais on regrette un léger manque de longueur et de panache. Mais finalement ce qui interpelle le plus est l’ajout inattendu de petites touches de synthé tout au long du morceau. Et si finalement les deux premiers titres de l’album avaient pour but de faire la liaison entre le passé et le présent du groupe ? En tout cas la tracklist semble représenter l’ordre d’écriture des chansons, nous attirant peu à peu dans les profondeurs de l’album… Est-ce qu’il ne serait pas temps de plonger pleinement dans les méandres, Back to the Water Below ?

Cette sensation de nouveauté frémissante se prolonge dès l’intro au piano de Pull Me Through. L’utilisation de l’instrument est habituellement restreinte aux fins d’albums chez Royal Blood (Hole In Your Heart en 2017 et All We Have Is Now en 2021). Pull Me Through est très certainement un des morceaux les plus équilibrés, naviguant entre une ritournelle de piano et des intonations de voix à la Jack White, une guitare suave, une batterie maîtrisée et une ambiance sombre. On tient définitivement quelque chose de nouveau dans l’univers du groupe. The Firing Line poursuit l’exploration musicale et s’éloigne encore plus des sonorités usuelles de Royal Blood. Le piano y est de nouveau présent (et le sera sur la majorité des titres suivants), tandis que la guitare oscille entre mélodie et mélancolie rappelant les Strokes ou même Téléphone ! Seul reproche : la fin du morceau qui aurait mérité mieux qu’un fondu… On ressent néanmoins la simplicité, l’honnêteté mais surtout la spontanéité recherchée par le groupe dans l’écriture. Les deux titres suivants (Tell Me When It’s Too Late, Triggers) renouent avec une forme d’intensité qui est la marque de fabrique de Royal Blood, tout en apportant de subtiles variations. On notera avec un trait d’humour que l’introduction à la batterie de Triggers est similaire à celle de Gimme The Love de Jake Bugg, même si on doute que ça soit un clin d’œil recherché.

L’évolution sonique du groupe vient en partie du batteur qui semble prendre plaisir à faire évoluer sa manière de jouer. La finesse et la légèreté sont deux termes qu’on ne pensait pas associer de sitôt avec Ben Thatcher ! Il propose beaucoup plus de batteries rythmiques légères et recherchées notamment avec l’utilisation des tomes sur How Many More Times et Waves rappelant Led Zeppelin. Ce n’est pas le seul groupe mythique dont le groupe a su s’inspirer, impossible de ne pas penser Queen sur There Goes My Cool : le traitement de la voix, les intonations sur la voix, le style de jeu au piano, le léger solo en fond…

Back to the Water Below est un véritable tournant dans la discographie du groupe. Loin d’être exempt de défauts, notamment dans la longueur des morceaux bien trop souvent inférieure à 3 minutes (4 titres). Le groupe innove et prouve qu’on ne peut pas le cantonner à un style de rock stéréotypé, proposant sans doute leur album le plus calme à ce jour. Le pari de l’autoproduction est à moitié réussi avec une palette sonore et une créativité exacerbée mais aussi un léger coup d’inachevé. Cet album est sans aucun doute un album de transition qui nécessitera plusieurs écoutes pour en apprécier le plein potentiel. L’avenir du groupe réside peut être dans sa capacité à entreprendre de plus longs morceaux, et pourquoi pas jusqu’à atteindre leurs aînés cités et leurs mythiques morceaux dépassant les 6 minutes ?

Tracklist

Mountains At Midnight
Shiner In The Dark
Pull Me Through
The Firing Line
Tell Me When It’s Too Late
Triggers
How Many More Times
High Water
There Goes My Cool
Waves

La note du rédacteur : 7,5/10

Ses morceaux favoris : Pull Me Through, How Many More Times, Waves

Les autres notes :
Fabien : 9/10. Rien d’historique certes, mais rien à jeter. De nos jours, c’est du pain béni.

N’hésitez pas à (re)découvrir leur discographie au travers de notre Best Of. De nôtre côté on pense que leur meilleur album reste le premier !