15 Fév IDLES – Tangk
« Dearly beloved, we have gathered here today to get through this thing called life ». Ainsi s’ouvrait l’album Purple Rain il y 40 ans. Si le quintet de Bristol IDLES n’a pas pour inspiration explicite le princier musicien, ces paroles semblent pourtant résonner tout au long de leur nouvel album Tangk. Après la messe, place à l’exorcisme.
En guise de prédicateur, Joe Talbot. Dès l’ouverture de l’album avec IDEA 01, son chant est désarmant tant s’en dégage une vulnérabilité enveloppée de ténacité. Si ces quelques minutes entraînent vers une quiétude surprenante pour IDLES (la production léchée de Nigel Godrich évoque forcément un brin Radiohead), les dernières secondes vibrantes visent directement la jugulaire. Tangk a été décrit par le groupe lui-même comme un album d’amour sur lequel le mot « love » est même prononcé 29 fois. Un penchant pour les mélodies sirupeuses et les paroles sentimentales ? IDLES titillent davantage les incantations fougueuses et les déclarations viscérales. Tangk progresse donc vers un Gift Horse dont la rythmique urgente est tout aussi réjouissante que le mantra de POP POP POP est hypnotique. S’ensuit Roy sur laquelle les notes convulsives de la guitare de Mark Bowen valsent avec des crochets épileptiques de clavier pour une complainte aussi passionnée que passionnelle.
A mi-parcours, la bien nommée A Gospel permet à IDLES de s’aventurer sur un terrain ouaté aux accents subtils d’un violon qui s’affole juste après en ouverture de Dancer, transe punk irrésistible. Portée par la batterie convulsive de Jon Beavis, Grace s’impose comme le point d’orgue de l’album. Talbot au sommet. Les derniers morceaux de Tangk montent crescendo dans une ferveur inarrêtable, tant avec Hall & Oates et son riff effréné qu’avec la fiévreuse Jungle. IDLES prêchent une dernier fois la Gratitude dans un gospel électrique qui parachève l’album avant Monolith, la coda organique (et cuivré dans les dernières secondes). Tordre le cou à l’adversité et à l’anxiété, atteindre la paix intérieure et essayer de dénicher une forme de bonheur face à la morosité omniprésente. Telles sont les missions saintes de IDLES.
Le fort potentiel cathartique de Tangk le hisse très haut dans la discographie du groupe qui compte désormais 5 albums. IDLES en profitent pour nous démontrer qu’ils savent aussi écrire des pop songs, au sens le plus noble qui soit. Réussir à créer un sentiment de communion et d’énergie vitale avec un album studio n’est pas donné à tout le monde. L’amour célébré et généré par IDLES est réciproque.
Le mauvais sort sacrifié sur l’autel de la rage de vivre. « Can I get a hallelujah? »
TRACKLIST
IDEA 01
Gift Horse
POP POP POP
Roy
A Gospel
Dancer (feat. LCD Soundsystem)
Grace
Hall & Oates
Jungle
Gratitude
Monolith
LA NOTE DE LA REDACTRICE : 9/10
Ses morceaux favoris : Gift Horse, Roy, Dancer, Gratitude
Les autres notes :
Fabien : 7/10. Heureusement que Murphy est passé par là…
Louison : 9/10. Un album incomparable dans une actualité musicale britannique morose depuis quelques mois. Allez les voir en concert, c’est une nécessité.
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