28 Juil Musilac 2024 – Live Report
Récit de la 22ème édition du festival Musilac à Aix-les-Bains.
Le plus populaire des festivals savoyards nous donne rendez-vous pour quatre jours de concerts rythmés par une programmation des plus éclectiques et une météo des plus capricieuses. Près de 100.000 personnes se sont retrouvées sur l’esplanade du lac du Bourget, où se succèdent de nombreux artistes de renommée internationale mais aussi des jeunes talents émergents. Nous y étions avec Sound of Brit et nous vous partageons notre expérience musicale et nos mésaventures météorologiques !
Mercredi 10 Juillet – La palette de styles
Premier jour de festival, entre lac et montagnes le soleil est bien présent et le sourire également. Au programme : de la Pop, du Punk, du Metal, du Rap et de l’Electro. Autant dire que nous avons de quoi nous ravir les yeux et nous rincer les oreilles devant les 3 scènes de Musilac de 18h à 2h du matin.
Shake Shake Go – De la fraîcheur sur la scène Korner
Shake Shake Go est un groupe franco-gallois basé à Londres jouant une Pop Indie-Folk pleine de joie de vivre. Nous avons 5 musiciens sur scène dont une chanteuse, une clavieriste, un batteur, un bassiste et un guitariste. Une basse omniprésente et bien groovy qui masque malheureusement un peu trop la guitare et le clavier. Malgré tout le son est bon et le public est déjà présent en nombre devant la petite scène Korner. Poppy Jones la chanteuse a un très beau timbre de voix, dans un style qui fait parfois penser à de la Country américaine.
Nous aurons droit à 12 titres, ce qui est une setlist bien fournie pour un des premiers groupes de la journée. Quelques mots en français de la part de la chanteuse : « Musilac est-ce que vous savez chanter ? » où le public a unanimement répondu présent sur Diamond Eyes. En bref, une performance joyeuse et agréable de la part de nos Britanniques qui nous offrent une très bonne entrée en matière.
Idles – Dose de Punk revendicateur !
Pas le temps de se poser, on enchaine sur la scène Lac pour retrouver un des groupes favoris de notre rédaction, les punks de Bristol Idles. Comment bien commencer un concert ? S’appeler Joe Talbot et lancer « Salut, je suis Jesus Christ apparently » et s’en suit un Wall of Death dès le premier morceau ! Pas de préliminaires, les pogoteurs sont de sortie et c’est parti pour 45 minutes de Punk, distillé avec un aplomb déroutant.
3ème concert de Idles pour ma part (après deux Rock en Seine) et c’est de loin le meilleur. Le groupe a de l’énergie à revendre, en témoigne le guitariste qui sautera dans le public pour crowd-surfer dès la seconde musique. L’ambiance est assez folle pour un show sans extravagance. C’est simple, carré, efficace. L’enchaînement des morceaux se fait très bien et le mariage entre les sons psychédéliques au clavier et les riffs acérés de la guitare rythmique est un pur régal. Bref, un très bon défouloir pour tout amateur de distorsion purement énervée.
Pas d’autres artistes britanniques ce jour là, mais quelques mots sur la qualité des prestations auxquelles nous avons eu droit.
Electric Callboy – Electrocore sur l’esplanade. Les Allemands ont (littéralement) enflammé la scène de Musilac ! Pour le seul groupe de Metal du week-end, les fans de violence sont évidemment à bloc. Mais ils ne sont pas les seuls. La qualité du show couplé à l’accessibilité des refrains et de certaines musiques cover auront conquis tout le monde. Un florilège de tubes qui aura fait danser et pogoter le public présent pour eux. Mention spéciale pour leurs reprises exceptionnelles d’Everytime We Touch, Let it Go et I Want It That Way !
Ninho – Crash test réussi. Le rappeur français aura livré une performance tout à fait honorable. Un jeu de lumière assez unique avec une barre de LEDs penchée en travers de la scène qui garde notre attention. Et ce n’est pas tout. Ninho a le sens de la démesure en ayant ramené la carcasse d’un cockpit d’avion sur scène. Rien que ça. Les fans sont surement ravis et les curieux auront apprécié l’originalité du décor.
Sierra – Lumière agressive et Electro captivante. Entre Dark Synthwave et EBM, la musique de Sierra est de qualité et le jeu de lumière est très bien géré. Seul bémol, la performance scénique est très difficile à jauger et à apprécier. Munie d’une baguette elle rajoute quelques sons assez peu palpables et utilise ponctuellement ses platines, sans vraiment nous convaincre des effets qu’elle ajoute. Un DJ set aurait probablement été plus adapté, c’est dommage.
Jeudi 11 Juillet – La musique britannique à l’honneur
Second jour de festival, la fatigue ne se fait pas encore sentir et les oreilles sont encore affutées. Une grosse journée nous attend, entre découvertes surprenantes et têtes d’affiche clivantes ! On vous raconte tout ça.
TTRRuuces – Funky et Psyché !
18h, le groupe parfait pour démarrer la journée. TTRRuuces est un jeune quintette majoritairement féminin composé d’une violoniste, une batteuse et une chanteuse. Le bassiste et le guitariste intervertissent leurs instruments et démontrent une aisance indéniable sur scène. Le groupe initialement basé à Londres a ensuite déménagé en France pour la composition de leur premier album. C’est catchy, ça groove, tous les musiciens ont une bonne maîtrise de leurs instruments, bref c’est un bon concert livré par les Anglais (excepté le guitariste qui est français !).
La pluie s’éteint progressivement pendant leur set pour laisser place à un beau soleil. Malgré une musique majoritairement Funk, les quelques passages plus Rock sont très intéressants. Le vrai plus étant le violon qui apporte une touche mélodique vraiment originale. Une petite reprise de Funkytown de Lipps Inc. pour que l’on raccroche les wagons et nous voilà déjà à la fin du set. Une belle performance pour un groupe que l’on sera ravi de retrouver.
Placebo – Agréable pour les curieux, décevant pour les fans.
La grosse tête d’affiche de ce jeudi monte sur scène et c’est parti pour 1h de concert. Oui, seulement 1h malgré l’heure et quart initialement prévue, c’est dommage. Comme à chaque concert de Placebo durant cette tournée, les écrans diffusent un message appelant les fans à ne pas utiliser leur téléphone. Ils ont d’ailleurs interrompu leur concert à Dublin pour ce motif. Une drôle d’ambiance devant 20.000 personnes. C’est louable de la part du groupe de vouloir inciter leurs fans à profiter du concert mais c’est un peu extrême d’en arrêter leur performance.
Le groupe londonien est venu faire la promo de son dernier album en ne jouant pas moins de 6 morceaux de celui-ci. Ce sera très majoritairement l’album le plus joué ce soir. Les fans seront assez déçus de ce choix au détriment de certains tubes comme Pure Morning ou Special Needs. Mais admettons. L’ambiance a mis un peu de temps à décoller, mais au bout de 5-6 morceaux le public devient enfin réceptif.
Côté visuel, on sent un vrai travail sur les couleurs et l’animation. Malheureusement, ce choix artistique implique que le groupe n’est pas assez mis en avant ce qui est dommage pour le public loin de la scène. Niveau communication c’est un plaisir d’entendre Bryan Molko parler uniquement en français ! La fin de set a été animée par la présence de Yungblud, venu faire un feat sur Nancy Boy. Il a bien dynamisé le concert et apporté l’énergie qu’on lui connait. Pas grand chose d’autre à dire, c’est une performance en demi-teinte qui fait regretter aux fans de la première heure les concerts de Placebo d’antan.
Yungblud – L’éclair au milieu de l’orage
LA claque du week-end, tout simplement. L’attente était grande, le jeune britannique s’est accaparé la scène et la foule de Musilac. Au début du concert, un son un peu moyen avec un volume de voix assez faible gâche un peu l’entrée en scène de l’artiste. Quelques réglages plus tard le son est nickel et on peut pleinement apprécier sa performance sur-vitaminée à partir de The Funeral.
Le décor de la scène n’est pas sans rappeler Camden, le quartier londonien tant apprécié de Yungblud où les fans ont eu la chance d’avoir un concert surprise en mars dernier. Au delà de son timbre de voix reconnaissable entre mille, le chanteur a une énergie telle qu’il surclasse vraiment toutes les performances du week-end. Ses nombreuses interactions motivent massivement le public présent qui s’exécute à chaque requête de Wall of Death et autres pogos.
Niveau setlist, on est indéniablement gâtés avec pas moins de 15 titres dont les incontournables fleabag, parents, I Think I’m Okay (cover de Machine Gun Kelly) et son dernier single breakdown. L’orage aura résonné fort pendant le set de Yungblud mais l’ambiance installée n’en a été que plus belle. On ressort de ce concert ravi d’en avoir pris plein les yeux et les oreilles. Vive le Rock Britannique !
Et les quelques artistes français qui nous auront marqué…
Zen Yun Pavarotti – Le French Oasis. Une jeune formation française dont le chanteur est issu du milieu du rap. Leur musique est très rock et les musiciens sont très bons. Mention spéciale au bassiste qui est vraiment un cran au dessus techniquement. Le chanteur copie le style de Liam Gallagher dans sa posture et sa façon de chanter, c’est en accord avec le Rock assez frais proposé par les Français.
Vladimir Cauchemar – Un océan de sub. Le Dj français clôturera cette seconde journée de festival. Un concert musicalement agréable, mais décevant en tout autre point. Visuellement déjà, ses animations sont assez cheap et amateures alors que le show pyrotechnique est plutôt solide. Ensuite sa setlist est beaucoup trop composée de cover et malheureusement trop peu de ses propres sons, c’est dommage. Et enfin, au niveau de la performance, il n’y avait littéralement rien. Il a du passer moins de 10 minutes du set derrière ses platines, c’est assumé mais presque problématique tant le « plug and play » était grossier.
Vendredi 12 Juillet – Tempête et variété
Malheureusement arrivés trop tard pour Dyonisos à cause de la pluie, nous verrons néanmoins quelques artistes en ce jour de mauvais temps. Pas de Britanniques à l’affiche, mais des classiques de la variété française.
Sofiane Pamart – Le pianiste populaire. Seul derrière son Berchstein, il a l’immense mérite d’unifier des mondes que l’on n’aurait pas imaginé s’accorder. Un pianiste jouant dans un style moderne qui arrive à captiver par son style assez original et son jeu plutôt adapté au live, même en festival. Saxophone et batterie s’invitent à la fête pour offrir de très beaux featuring instrumentaux. Seul bémol, le set est écourté de quasiment 20 minutes pour une raison inconnue, c’est dommage.
Louise Attaque – Emmenés au vent et sous la pluie. Second concert du jour, nous attendons patiemment devant la scène Lac que la tête affiche prenne possession de l’esplanade avec ses titres intemporels. Pour la première fois du week-end, nous avons la sensation que du monde est présent et que la circulation se complique. L’incontournable quatuor français monte sur scène et nous annonce jouer leur album éponyme emblématique en intégralité. Les tubes s’enchaînent sous des trombes d’eau, mais le public est là et ne verra son plaisir gâché sous aucun prétexte. Point notable le concert était traduit en langage des signes sur les écrans géants, une belle initiative.
Eloi – Rock n’Boue. Direction la scène Korner pour écouter par curiosité Eloi et la surprise est de taille. La chanteuse Rock française aura vraiment ravi les quelques centaines de gens présents. C’est énergique, bien animé et l’interaction avec le public est très agréable. Eloi joue sur une guitare Gibson Explorer qui a le mérite d’être originale pour du Rock. La scénographie est impressionnante : une guitare brisée de 3m de haut dont les cordes sont des rubans de LEDs qui changent de couleur au rythme des musiques. Le meilleure concert que l’on aura vu sur la scène Korner.
Samedi 13 juillet – Du peuple et des stars
Après l’inondation du vendredi, l’invasion populaire du samedi ! Le soir aux têtes d’affiche les plus attendues était sold out depuis 3 semaines déjà, on pouvait donc s’attendre à ce que l’esplanade soit bien remplie. Et bien nous avons été servis. Le devant des mainstages est noir de monde depuis 18h, la place proche des barrières est précieuse. Le soleil tape, la boue est toujours là mais la bonne humeur surmonte tout ! Pas d’artiste britannique non plus pour samedi, mais tout de même quelques highlights pour finir en beauté.
Charlotte Cardin. Le Québec s’invite à Aix. Arrivé pile-poil pour ne pas rater la jeune chanteuse de 29 ans pour sa première sur la scène de Musilac. La multi-instrumentiste nous livre une prestation très pop et envoûtante. C’est un très beau moment de partage franco-canadien auquel nous assistons.
Jaïn – La performance French Rock du jour. La réputation de Jaïn en concert n’est plus à faire. C’est catchy, la guitare Gibson résonne et la basse Fender envoie des décibels. Indéniablement un bon concert qui ravira la foule déjà nombreuse devant la scène Lac. Nous aurons droit à un titre exclusif sorti la veille pour la première live de « Nobody knows ». L’incontournable Makeba se lance, Jaïn demande au public de poser les téléphones pour profiter du moment, ce sera chose faite.
Macklemore – Le GOAT ! Ceux qui ont déjà vu Macklemore savent que son concert a quelque chose d’exceptionnel. Un show à l’américaine impressionnant et millimétré, un enchainement de tubes et une présence scénique inimitable. CHANT pour commencer et l’incontournable Thrift Shop en second, l’ambiance a décollé instantanément (les subs étaient indécents). Une setlist pleine de tubes entre Same Love, These days et évidemment Glorious sans compter l’incroyable rappel/finish avec Good Old Days et Can’t Hold Us. Un battle de danse entre 2 membres du public ainsi qu’un feat (en playback) avec une fan, le rappeur aura fait des heureux.se. Allez, un reproche parce qu’il en faut un, quelques classiques comme Firebreather et Ain’t Gonna Die Tonight qui sont des raz-de-marée en live manquent à la setlist.
Justice – Une claque stroboscopique. L’erreur, c’était d’être loin ! Un début de concert un peu léger avec des visuels plutôt moyens sur les écrans géants et un son tout juste acceptable par manque de basse, l’expérience a mis du temps avant de décoller. Mais une fois la fusée lancée, on a vraiment touché les étoiles. Le jeu de lumière est ultra impressionnant, le groupe a axé tout son visuel autour du mouvement des lumières qui ne cessent de monter/descendre pour former des patterns différents. C’était fou, hâte de revoir une telle performance en salle.
Clap de fin.
Et voilà, une 22ème édition terminée et des souvenirs pleins la tête à garder. La programmation de cette année était tout bonnement exceptionnelle, malgré une répartition des groupes qui auraient pu être mieux adaptée pour désengorger le samedi. Musilac a une nouvelle fois tenu ses promesses en proposant une grande variété d’artistes, dans tous les styles et de différentes notoriétés. On a fait de très belles découvertes et pris plaisir à revoir des groupes que l’on adore, bref tout ce que l’on peut attendre d’un festival. A l’année prochaine.
Vous pouvez retrouver toutes nos photos de cette édition de Musilac ici.
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