Sylak 2024 – Live Report

Récit de la 12ème édition du Sylak, le festival Metal de Saint-Maurice de Gourdans à 30km de Lyon.

Le festival aindinois créé en 2011 avait pour objectif principal de proposer le premier rassemblement en plein air de musiques Rock et Metal sur le territoire régional. Initialement rejoint par 800 festivaliers sur deux jours autour d’une programmation principalement francophone, le festival compte aujourd’hui 10 000 fidèles durant 3 jours et propose une programmation très hétéroclite mélangeant artistes locaux et internationaux. Le pari est réussi, en témoigne la pérennité du festival et les 3 jours complets pour la 4ème année consécutive.

La baseline originelle du festival est d’ailleurs de promouvoir les artistes locaux (Support Your Local Artist Krew) et comme chaque année le Sylak s’y tient. Nous avons donc eu la chance avec Sound of Brit de découvrir de nouveaux noms émergents de la scène locale ainsi que des internationaux reconnus dont deux Britanniques. On vous fait vivre tout ça.

Vendredi 2 août – Soirée mousse et humour noir

Le festival ouvre ses portes et le public se retrouve pour une soirée festive synonyme de retrouvailles. Une petite scène annexe à la scène principale va accueillir les premiers groupes de cette édition. Petite particularité de cette scène, elle ne restera montée qu’un soir et permet aux festivaliers de finir sous la mousse qui coule à flots sur chaque concert. Pas d’artistes britanniques ce soir là, uniquement des artistes français de toutes notoriétés.

Perseide – Rock n’ Moustache. Le groupe que nous avions déjà vu au Panic Festival l’année dernière est programmé pour la première fois au Sylak. Perseide ouvre donc cette édition en proposant un Rock Alternatif agrémenté par moment d’une pointe de Metalcore. Le public est déjà présent, on arrive à se glisser jusqu’aux barrières pour admirer les riffs du guitariste soliste et le chant clair bien maîtrisé par le frontman. Bien que le son de la petite scène soit moins bon que la scène principale, il semble s’être amélioré depuis l’édition précédente. Une bonne nouvelle !

Bind Torture Kill – Headbang et pogo sous la mousse. La transition est assez abrupte mais pas déplaisante avec le Death Metal de BTK, le second groupe lyonnais de la soirée. Un guitariste, un chanteur et un batteur, rien de plus. C’est puissant, efficace, le pogo est compact et les crowdsurf commencent doucement. Quelques passages Grindcore qui attirent notre attention, le groupe a livré une bonne copie.

Roadies of the D – Tenacious Tribute. Petit retard pour le groupe de reprise dû a des balances capricieuses, mais le concert est finalement lancé. 5 musiciens sur scène avec les 2 frontmen qui s’approprient les rôles de Kyle Gas et Jack Black. Les groupes « tribute » fonctionnent toujours et le public ne s’y trompe pas. Les fans de The Pick of Destiny sont là et accompagnent les musiciens sur presque chaque musique. Des classiques comme The Metal puis sorti de nulle part Walk de Pantera qui a bien réchauffé le public.

Princesse Leya – Perruque, boutades et Death Metal. Le groupe formé par Dedo et Antoine Schoumsky est une véritable comédie musicale Metal. Le quatuor humoristique alterne parfaitement entre les passages sérieux et bien pêchus et les sketchs qui sont très bien accueillis par le public. Les morceaux sont partagés entre composition et reprise avec notamment un Wall of Death sur Johnny B. Goode de Chuck Berry pour terminer le concert. Mention spéciale pour la qualité du son qui est clairement au dessus des groupes précédents, on ne va pas bouder notre plaisir.

Samedi 3 août – Des pogos, des percussions et un défilé de monstres

Seconde journée de festival, la chaleur est présente et la bonne humeur aussi. Le programme est évidemment plus chargé que la veille avec le premier concert qui démarre à 11h30. Plus de petite scène, c’est maintenant sur la scène principale que tout se passera. Une pinte de cidre et c’est parti !

Electric WizardPuissant musicalement, dérangeant visuellement

Premier artiste britannique du week-end et premier groupe de Doom Metal/Stoner également. Pas d’attente particulière dans ce style très codifié mais la curiosité d’avoir le système son utilisé à plein régime nous donne évidemment envie d’aller voir Electric Wizard. Et ce fut une très bonne surprise auditive avec ces vagues de son lentes et puissantes qui nous arrivent dans les oreilles. On ferme les yeux, on se laisse porter et on savoure en agitant délicatement la nuque sous les coups de grosse caisse et les accords saturés. Le guitariste chanteur nous transporte et pose quelques solos de bon niveau technique mais légèrement trop happés par la basse, c’est dommage.

Electric Wizard est le premier groupe du week-end à avoir un fond de scène animé ce qui est sur le papier très intéressant, notamment par rapport au style qu’ils proposent. Néanmoins, on ne peut s’empêcher d’être interpellé par les visuels en question. Des films vintages érotiques/pornographiques des années 70 mettant en avant des scènes gênantes voire dégradantes de pratiques sadomasochistes nous donnent un ressenti un peu amer. Sans avoir la symbolique derrière, il est difficile d’apprécier cette mise en scène de la nudité qui est tout de même assez inadaptée à un tel concert. Par moment, le groupe projette des images psychédéliques en fond de scène qui sont hypnotisantes et bien plus en adéquation avec l’expérience auditive proposée. Concert en demi-teinte donc.

Et dans leur ordre de passage, les autres artistes qui nous auront marqué :

Aesmah – Death Mélo’ made in Lyon. Quel bonheur de retrouver le son de la scène principale ! Entrée des musiciens et musiciennes sur scène, une intro d’un son lourd se lance et c’est parti pour 30 minutes de Death Metal Melodique. Une très belle prestation pour un groupe amateur, le son est bon et la variété de leur style est très surprenante. La batteuse est vraiment impressionnante de par son aisance et sa qualité technique. Seul bémol, les sons aiguë des guitares ne ressortent pas trop ce qui minimise la performance technique des musiciens.

Hysteria – Pour les fans de Death uniquement. Une intro assez lente qui surprend par rapport au style développé par le groupe. Puis le premier morceau commence et l’on est déjà beaucoup plus dans la veine de ce à quoi on s’attend ! Du Death Metal qui plaira probablement aux adeptes du style, mais pas assez varié pour vraiment nous transporter. Le niveau des musiciens reste néanmoins très solide (bpm oblige).

Stinky – « Strong Men Cry ». L’ambiance a mis un peu de temps à chauffer mais une fois lancée elle n’est jamais redescendue. Premier circle pit de la journée pour le premier des nombreux groupes de Hardcore du week-end. Quelques influences Punk viennent se glisser dans leur musique ce qui est une bonne manière de se distinguer. Le chanteur prend un temps pour évoquer sa transition et rappeler qu’il faut accepter tous les choix, surtout ceux qui permettent à chacun d’être bien dans sa peau. Le public applaudit unanimement le chanteur et ce message de tolérance.

Infected Rain Jinjer bis. L’un des seuls (si ce n’est le seul) groupe de Metalcore du week-end. La chanteuse Lena Scissorhands est pleine d’énergie et le headbang de ses cheveux jaunes captive l’attention. Son scream n’est évidemment pas sans rappeler celui de Tatiana Shmayluk, son alter-ego ukrainienne. Un guitariste survitaminé et une chanteuse intégralement tatouée avec un charisme démesuré, c’est la recette d’Infected Rain devant lequel on aura pris beaucoup de plaisir.

Tambour du Bronx – Groupe (littéralement) de Metal. La scène est la plus remplie de la journée avec ce couplage original entre des bidons metalliques et la batterie de Franky Costanza, ex-Dagoba. Une belle alternance entre des morceaux uniquement orientés percussions et ceux accompagnés de guitare-basse-chant. Trois chanteurs se succèdent dont Stéphane Buriez, l’emblématique frontman de Loudblast. Une reprise de Roots Bloody Roots très qualitative aura été sublimée par la résonance métallique. Bref, un groupe de stars mélangé à des excellents percussionnistes, ça marche !

Terror – Hardcore 1.0. Une efficacité déconcertante dans un style décomplexé. Les Américains de Terror auront été le meilleur groupe de Hardcore du week-end. C’est énergique et l’énorme fond de scène en impose autant que la violence de leur mosh-part. L’ambiance ne cessait de monter et puis… fin du concert 20 minutes avant l’horaire prévu. La déception est à la hauteur de la qualité des 40 minutes précédentes.

Lordi – Monster Parade. La première tête d’affiche du jour entre en scène et la scénographie monte d’un cran supplémentaire. Tous les musiciens sont costumés ce qui donne un visuel très intéressant. Dans un style très proche de celui de Ghost, les Finlandais jouent un Hard Rock très Pop et très catchy qui ravira les fans de la première heure et les curieux qui sont agréablement surpris. Mention spéciale pour le guitariste qui a un niveau technique impressionnant.

Dimanche 4 Août – Folk et Pyrotechnie 

Nous y voilà, ultime jour de festival pour nous et dernier marathon musical du week-end. Une fois encore les groupes ont été qualitatif et nos Britanniques à l’honneur ont livré un très bon concert. En prime, un final exceptionnel procuré par Behemoth, la tête d’affiche du week-end.

The Roughneck Riot – Le sourire folklorique venu d’Angleterre.

Le second et dernier groupe britannique du week-end, dans un style bien différent de ce que l’on a dejà pu écouter. Le Sylak a pour habitude de programmer des groupes de Folk et cette année The Roughneck Riot seront les seuls. En deux mots, on a l’ambiance d’un pub irlandais sous le soleil aindinois. Les instruments sur scène sont assez originaux avec notamment une mandoline utilisée par le chanteur et un accordéoniste qui apporte une touche mélodique très appréciable.

Le groupe balaye des styles plutôt différents entre Folk, Punk et même Punk Rock à la Offspring. Une musique qui donne le sourire et tire pas mal son épingle du jeu. On sent beaucoup de fraîcheur à travers la performances des Anglais au milieu de tous les groupes du week-end. Le guitariste blaguera à ce sujet en disant qu’ils étaient heureux d’être là sans savoir ce qu’ils font au milieu de tous ces groupes de Metal. Petit clin d’oeil francophone, le chanteur porte un t-shirt Guérilla Poubelle, groupe de Punk emblématique de l’Hexagone. En bref, une très belle débauche d’énergie communicative de la part des Britanniques qui leur est bien rendue par le public.

Et enfin, les quelques découvertes et re-découvertes de cette ultime journée :

Strivers – Circle (Brad) Pitt. Le jeune quartette propose un savoureux mélange entre Hardcore et Metalcore old school pour ouvrir cette dernière journée. Le concert est avancé de 30 minutes par rapport à la veille, probablement pour que Behemoth (la tête d’affiche du jour) joue un peu plus. Toujours un plaisir de voir la reconnaissance des groupes matinaux locaux, en témoigne les nombreux remerciements du chanteur tout au long du concert. En highlight, une pancarte avec des têtes de Brad Pitt pour inviter le Sylak à faire son plus beau circle pit !

Kamizol K – Hardcore made in Lyon. Après un Hellfest en 2023 et un passage remarqué au Sylak 2018, Kamizol K est de retour pour en découdre avec leur Hardcore percutant. C’est plutôt propre, le batteur est carré et le son est bon, sans que ce soit mirobolant. Le duo chanteur-chanteuse est toujours aussi intéressant, mais on ne prend pas la même claque que lors des deux autres concerts. Quelques mosh-parts incisives et des nuages de poussière dès le premier Wall of Death, le public est bien là et semble passer un bon moment.

Escuela Grind – GrindGirl Power. Leur nom n’avait pas menti, le style développé par le groupe est un doux mélange de Grindcore/Hardcore et Death Metal. Mené par une front-woman énervée (la 3e du week-end) dans un style très puissant qui fait bien bouger la nuque. Notons également que la guitariste est très talentueuse et le son de sa guitare est parfaitement adapté à leur style, sur-saturé !

Converge – Dissonance et Mathématique. Un groupe maintenant très connu de la scène Metal internationale, Converge est un des plus solides représentant du Math Metal. C’est un style très atypique qui peut surprendre, en bien ou en mal. Au vu des niveaux techniques des musiciens et notamment du batteur, la surprise est très bonne. Plus le concert avance plus on rentre dans le jeu des Américains qui nous scotchent devant une telle performance. Impossibles de suivre leur musique tant elle est complexe, mais on l’apprécie en prenant une leçon rythmique.

Behemoth – Les Flammes de l’Enfer. Non sans rappeler l’extraordinaire claque prise devant Meshuggah en 2019, c’est un finish parfaitement explosif que nous ont offert les Polonais de Behemoth. Après les avoir vu 2 fois en salle et 2 fois en festival, pas d’attente particulière pour leur concert qui vaut un moyen+ au mieux. Eh bien que nenni. Ce sera de (très) loin le spectacle le plus fou du week-end ! Une performance visuelle et auditive exceptionnelle, ils assurent avec brio leur statut de tête d’affiche. La scène est folle, les costumes aussi, pour un Sylak avec une édition très légère en Black Metal, c’est une fin qui ravira tous les fans du style venus exprès pour eux.

Clap de fin.

Nous y voilà, après un sixième Sylak haut en couleur, on repart le sourire aux lèvres et des souvenirs plein la tête. Le plus familial des festivals Metal aura une fois de plus coché toutes les cases. On ne peut que soutenir la volonté des organisateurs de s’en tenir à cette capacité de 10 000 personnes qui offre une proximité unique entre festivaliers, artistes, commerçants et j’en passe. Merci le Sylak de faire vivre la musique Metal en région Rhone-Alpes et d’être le rendez-vous annuel des retrouvailles dans cette ambiance incomparable. A l’année prochaine !

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