Fontaines D.C. — Romance

Depuis quelques mois, une date fait frémir d’impatience les indie kids d’Albion, d’Eire et de Navarre : vendredi 23 août, date de sortie de Romance, quatrième album attendu des Irlandais de Fontaines D.C.

Si IDLES chantaient sur leur dernier album « Love is the thing« , pour les Dublinois de Fontaines D.C., « romance is a place« , entament-t-ils sur Romance, intro industrielle de l’album, comme si Depeche Mode composait la BO de Shining. Ou si Ryan Murphy se décidait à une nouvelle saison d’American Horror Story, prenant place à Belleville ou China Town, où la voix cassée de Grian Chatten incarnerait l’ex stalker — mais sexy — transformé en tueur en série entouré de cochons — au moins sur le calendrier chinois — « I will be beside you til you’re dead / maybe my goodness has died« . Beaucoup d’infos pour une simple introduction à Romance, nouvel album sorti chez XL Records et non plus Partisan, affirmant le renouveau du groupe le plus populaire du moment — on chuchote même qu’ils détrôneraient bientôt Arctic Monkeys dans le coeur et les salles des indie kids.

Fontaines D.C. - Starburster (Official Video)

Bonbons et early naughties

Romance continue ensuite sur Starburster, premier single du groupe qui a pris les fans de court. À l’image de ces bonbons acidulés et addictifs, chaque partie de la chanson révèle ses surprises. Inspirée par une crise de panique à London Saint Pancras, Starburster a le goût de la ventoline, du survêtement Adidas confortable et du chaos que l’on peut ressentir dans de telles situations d’angoisse : les mélodies angéliques, dans les rares moments d’accalmies, laissent place au hip-hop et à son rythme angoissant et déstructuré, rythmé par le bruit d’une respiration qu’on tente tant bien que mal de reprendre avant d’enchaîner sur Here’s the Thing, troisième single en date.

Avec ses guitares saturées et son refrain entêtant, Fontaines D.C. déclare la guerre au post-punk, à la crank wave et à tous les groupes qui tentent aujourd’hui de les imiter — pour notre plus grand plaisir. Dans son clip introductif, le groupe fait appel à l’imagerie des films d’horreur et à ce que peuvent ressentir les adolescentes tentant de trouver leur place dans l’univers impitoyable des ados, montrant à nouveau tout le coté cinématographique de Romance, que l’on voyait déjà poindre le bout de son nez dans Skinty Fia — meilleur album de 2022, d’après moi-même.

Fontaines D.C. - Here's The Thing (Official Video)

Intime abysse

Dans Desire, Grian Chatten — à prononcer « Gree-han » une bonne fois pour toute et non « Graï-han » —continue de tester sa voix, après un album solo particulièrement réussi mais malheureusement pas présenté en live, à notre plus grand désespoir. Après avoir chanté sur l’Irlande, l’Angleterre, le groupe s’attaque enfin au désir, à l’amour charnel — avec la géniale Death Kink — et à l’amour romantique. Pour être engagés et se démarquer, les rois du post-punk ne se contentent pas d’appeler au boycott d’Israël et à lever des fonds pour Gaza, à représenter fièrement l’Irlande à travers l’une des plus belles chansons du XXIè siècle — I Love You — ou à insulter le roi/la reine de ce royaume qui a toujours méprisé leurs ancêtres. Comme tous les hommes de 25-30 ans, ils ressentent l’amour, le désir et le besoin de trouver leur place sur scène, dans la vie, leur voix(e) et le font désormais savoir dans leur musique.

Arrive ensuite In the Modern World, dernier single en date et ballade qui prend aux tripes. Ici encore, la voix de Grian Chatten continue de travailler notre chair de poule « Seems so hard just to be / If it matters, You complete me / I Don’t feel anything in the modern world« . Nul doute que lorsque Tumblr fera son retour, les gifs du groupe et ces paroles seront en première place, juste à côté de Lana Del Rey Grian Chatten ayant récemment révélé vouloir collaborer avec la reine des sad songs. Viennent ensuite l’entraînante Bug et la plus calme Motorcycle Boy, où la guitare sèche prend le dessus, parfaits hymnes du début des années 2010 pour rythmer nos balades en voiture, sous le soleil de la fin août.

Fontaines D.C. - In The Modern World

Complaintes et choeurs

Avec Sundowner, l’ensemble du groupe exprime une complainte, portée par Deego : « In my dreams, I can’t help it« , répète-t-il tout le long de la chanson. Arrive ensuite Horseness is the Whatness, qui ralentit encore l’album et fait place aux violons, s’interrogeant sur la pertinence du mot always/toujours et de l’éphémère qui lui est pourtant lié. Vient ensuite Death Kink, où la guitare électrique reprend sa place de premier choix, laissant de côté les déboires amoureux pour retrouver la sensualité, la douleur et leurs amours toxiques préférées : « When you came into my life, I was lost / And you took that shine to me / At what cost? / You recognized the smell / Human pain« .

Onzième chanson de l’album, Favourite aurait eu le droit à quatorze couplets à l’origine, Grian refusant de choisir parmi ces paroles — qui pourraient être jouées de façon aléatoire lors des concerts, nous confie Deego. Avec cette ultime chanson, adieu les plaintes énamourées, les amours toxiques et les coeurs brisés : Favourite remet la romance en lumière, nous laissant sur une ultime pensée positive. Oui, l’amour fait mal, mais avec Fontaines D.C., il y aura toujours l’espoir de trouver notre « favourite ».

Fontaines D.C. - Favourite (Official Video)

Tracklist

Romance

Starburster

Here’s The Thing

Desire

In the Modern World

Bug

Motorcycle Boy

Sundowner

Horseness is the Whatness

Death Kink

Favourite

La note de la rédactrice : 10/10

Ses titres préférés : Tous ? Romance, Starburster, Here’s the Thing, In the Modern World, Death Kink, Favourite

Les autres notes :
Victor : 9/10. Cette nouvelle direction et ce passage chez XL Recordings aboutissent à un excellent album. L’année 2024 risque d’être celle de Fontaines DC !
Fabien : 8,5/10. Entre eux et The Last Dinner Party, un bien beau match pour l’album de l’année.
Augustin : 8/10. De loin le meilleur album du groupe ! Un véritable vent de fraîcheur dans le paysage actuel du rock, il saura conquérir un public bien plus large que les fans de post-punk !
Claire : Comme l’impression de me retrouver en territoire familier dès les premières notes, l’album défile sans que l’on s’en rende compte et le voyage est bien agréable. Fontaines DC maitrise l’art de se renouveler sans désorienter ses auditeurs. Home is where Fontaines DC is.
Audrey : 9/10. La qualité du précédent album semblait très difficile à égaler et pourtant, avec ce nouvel album, ils y sont arrivé haut la main.
Marion : 9/10 L’album de l’année.

2 Comments
  • Benjam
    Posted at 15:53h, 22 août Répondre

    L’impression d’être au réveillon et déjà saoulé de devoir attendre minuit pour ouvrir les cadeaux

  • CJ
    Posted at 11:49h, 23 septembre Répondre

    L’album de l’année haut la main, quelle claque !

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