23 Août Motocultor 2024 – Live Report
Récit de la 15ème édition du Motocultor Festival, dernier festival Metal de notre rédaction en 2024 à Carhaix, en plein Finistère.
Le Motocultor Festival est devenu en quelques années l’étoile montante des festivals Metal français. Proche géographiquement de l’ogre Hellfest, il a néanmoins tiré son épingle du jeu en fidélisant près de 54.000 metalleux sur 4 jours autour d’une programmation exceptionnelle par rapport à la taille du festival. Initialement dans le Pays de Vannes, le Motocultor a fait ses valises en 2023 et déménagé à Carhaix, ville accueillant également Les Vieilles Charrues.
Premier Motocultor pour notre rédaction, on découvre donc d’un oeil nouveau le site, les infrastructures, le son des scènes…etc. Quelques points ont retenu notre attention sur les concerts du week-end.
- La plupart des groupes n’ont pas eu un son bien équilibré au début de leur set et parfois pendant plusieurs musiques. C’est en général un manque de basse ou une voix trop légère. C’est vraiment dommage, mais un problème finalement assez récurrent en festival par manque de temps pour faire des balances correctes.
- Lorsque l’on est placé entre les scènes on capte malheureusement souvent le son des deux qui jouent simultanément. Depuis la Massey Ferguscène, on entend très bien le groupe qui joue sur la Suppositor Stage lors de pauses ou de moments calmes.
- Une très bonne idée d’avoir mis les food trucks en retrait des deux scènes principales. Ce choix permet de faire une bonne coupure avec la musique le temps d’un repas, sachant qu’on prend des décibels en quasi-continu entre 12h30 et 2h.
- La proximité des scènes, foodtrucks, camping, sanitaires est top pour un festival avec une telle programmation. Le fait d’avoir 5 minutes de battement entre chaque double-concert permet de se déplacer d’une scène à l’autre sans rien rater.
- Et enfin la programmation évidemment, très hétéroclite et qui peut convenir à n’importe quel public de la communauté Metal.
Au delà de ça, nous avons passé un week-end exceptionnel, tout était réuni pour que le moment soit mémorable. Bilan du Festival : 39 concerts dont 8 britanniques et 25 découvertes. On vous raconte tout ça à travers cet article et notre report photo.
Jeudi 15 août – Les British à l’honneur
On s’installe tranquillement au camping sous les coups de midi, prêt à aborder une journée de concerts qui ne commencera qu’à 15h30 mais dont le programme est déjà bien chargé. Quatre groupes britanniques, ce qui en fera le jour le plus représenté par nos artistes d’outre-manche.
Squid – Jazzy jusque dans leurs problèmes de son…
Notre premier concert sur la Dave Mustage (scène principale 1) et nous ne sommes pas au bout de nos surprises ! Un problème technique qui retarde tout de même de 15 minutes le concert de Squid, ça la fout mal pour démarrer. C’est peu commun pour un festival de cette taille. Les problèmes de sons ne semblent pas être réglés, mais le concert commence malgré tout. C’est un peu dur de se mettre dedans, on a toujours l’impression que quelque chose ne va pas, mais au bout de quelques musiques on se laisse tout de même happer par la joie préservée des membres du groupe.
La patte britannique est vraiment palpable, avec un côté Rock assez frais. Le batteur-chanteur a vraiment le timbre de voix du Post-Hardcore, alors que le guitariste a une voix très Post-Punk. La pluie s’intensifie (Bretagne oblige !) et malgré une foule assez peu présente, le groupe arrive à motiver quelques téméraires pour lancer un circle pit. Inattendu ! Les sons psychédéliques du clavier assez phasants posent une bonne ambiance et la trompette jouée par le bassiste a le mérite d’apporter une touche d’originalité. En les écoutant on ne se croirait pas en festival de Metal mais ça groove tellement qu’on fini par rentrer dans leur jeu. Une belle découverte.
Bob Vylan – Le cours de fitness made in England.
Déjà placé avant le début du concert, on découvre la scène avec une indication : « Bob Vylan Is killing Punk Rock ! ». De l’arrogance ou une réalité ? Wait and see. Le concert commence en souplesse par une petite séance de méditation offerte pas BV lui même. Il n’a pas le style d’un rockeur mais clairement l’énergie. Triste de ne pas avoir de guitariste ou bassiste sur scène mais le batteur qui accompagne Bob fait le taf et rajoute tout de même un peu de visuel. Durant le concert, Bobby rebondit justement sur le fait qu’il y avait une volonté de réussir sans avoir d’autres musiciens sur scène que son batteur.
Le son est clairement bon et les lumières sont très bien utilisées. Il le dit lui même, un concert de Bob Vylan c’est à moitié de la musique et à moitié des discussions, pour donner du contexte avant chaque morceau. Quelques mots pour demander au public d’ouvrir de l’espace pour que les femmes viennent sur le devant. L’Anglais aura mis un sacré bordel, on oublie finalement assez vite qu’il est seul sur scène sans musiciens excepté le batteur, pour juste se concentrer sur l’énergie qu’il dégage !
Venom Inc. – Au galop !
Troisième groupe britannique du jour, dans un style complètement différent. Le soleil est enfin couché sur le site du Motocultor et place maintenant à Venom Inc., groupe emblématique du Heavy Metal britannique moderne. La batterie a une double pédale qui cavale comme jamais, suivi par des guitaristes dont les riffs sont propres et sans bavures. Aucun coup n’est à côté, tout est carré. On comprend la place du groupe dans le Line up.
Point de vue scénographie, malheureusement pas de pyrotechnie mais les canons de CO2 donnent un peu de vie à ce show qui mériterait encore davantage tant la musique s’y prête. N’étant pas un adepte du style, il est difficile de faire une comparaison avec un autre groupe de ce type. Tout ce que l’on retiendra c’est qu’on ne pensait pas passer particulièrement un bon moment et ça a été tout le contraire, merci à eux.
Crippled Black Phœnix – Brit Rock Orchestra.
Un concert un peu mitigé en expérience, mais musicalement très solide. C’est un véritable orchestre sur scène avec pas moins de 7 musiciens. Un Rock puissant et énergique, pavé d’une mélodie assurée par le clavier et les 3 guitares sur scène. Le second groupe après Shy, Low a en avoir autant. On sent la lourdeur que peut dégager cette combinaison d’instruments et le superbe son de la scène Bruce Dickinscène (la seconde scène chapiteau).
La chanteuse principale assure la plupart des passages mais chaque guitariste a aussi son micro pour l’accompagner en back-up. La chanteuse ne semble d’ailleurs pas totalement être avec nous. Est-ce qu’elle joue un personnage ou est-elle complètement ivre sur scène ? Les lumières tamisées la plupart du temps et la capuche qu’elle aura porté quasiment jusqu’à la fin du concert ne permettront pas d’y répondre !
Et les quelques autres groupes non-britanniques que l’on aura pu voir :
Shy, Low – Progressif inexpressif mais frissonnant. Un quintette avec 3 guitares, une basse et une batterie développant un Metal/Rock Prog instrumental très intéressant rythmiquement. De la musique lente qui envoie de très belles nappes de son avec des néons lumineux qui assurent le visuel. Ce sera la première grosse claque du week-end.
Uada – Black Metal encapuchonné. Un groupe plutôt moderne pour du Black. Le crachin breton s’est invité pour leur concert, l’ambiance colle indéniablement avec le style ! La Suppositor Stage (scène principale 2) est déjà bien bien pleine pour l’horaire. Le concert est plutôt de bonne facture, c’est sympathique sans être mirobolant.
Havok – Speedrun of trash ! Une batterie dopée et des guitaristes au niveau 7000 du shred. Rien à dire techniquement, leur musique est carrée dans un style qui se prend peu au sérieux. On notera que c’est agréable et assez rare de voir un bassiste aussi technique en jouant aux doigts. Les crowdsurfings se multiplient et le public du Motocultor se retrouve complètement dans le trash d’Havok, c’est plaisant à voir.
Lionheart – Welcome to the West Coast. Le groupe de Hardcore américain clôture ce premier jour de festival en beauté. Un show musclé et percutant avec de la pyrotechnie et de la testostérone, c’est à peu près ce qui résume le concert de Lionheart. C’était très bien, mais pas le meilleur groupe de Hardcore du week-end… !
Vendredi 16 août – Bretagne pluvieuse, journée heureuse
Devenu un classique des festivals de cet été, la pluie s’est invitée de bon matin pour bien nous rappeler qu’on est au milieu du Finistère. La pluie et la boue ne gâcheront ni la fête, ni notre marathon de concert du week-end !
Nova Twins – Punk n’ Girls.
Un trio basse-guitare-batterie avec 2 frontwoman, c’est un plaisir de voir un groupe majoritairement féminin s’emparer de la scène principale en ce vendredi après-midi. Le son de la basse est très atypique et si saturé qu’il fait penser à celui de Lemmy Killmister. C’est d’ailleurs la principale valeur ajoutée du groupe : une bassiste qui arrive à changer le son de sa basse tout au long du concert grâce à son pedalboard qui regorge d’effets.
Malgré une voix parfois un peu trop légère niveau décibel en début de set, le groupe met vraiment une très bonne ambiance. La foule est hyper réceptive et se prête au jeu de sauter au rythme de la musique des Britanniques. Il est plaisant de voir que ce public Metal réponde présent sur un groupe de Punk au lead féminin. Non sans rappeler le style de Bob Vylan, le Punk de Nova Twins est catchy, efficace et énervé comme il faut. Mais mention particulière pour elles du fait d’avoir des musiciens sur scène.
Wargasm – Angry song for sad people.
Un quintette très original avec une chanteuse, parfois bassiste, un chanteur guitariste, un DJ, un guitariste et un batteur. Après les avoir vus 2 mois plus tôt au Graspop, c’était une occasion de redécouvrir la musique assez originale de Wargasm. Le duo de chant fonctionne bien, autant entre les 2 voix qui se complètent bien que dans leurs interactions avec le public. C’est un peu une version Metal du duo Ninja/Yolandi de Die Antwoord ! Bon, clairement ça ne plaira pas à tout le monde. Le style « bad kids » que se donne le duo peut être assez vite insupportable mais la qualité de leur prestation est sauvée par la musique énergique qu’ils distillent.
Musicalement le DJ apporte pas mal dans leur son à la frontière entre Metalcore et musique électronique. Avec quelques breakdowns bien épicés, c’est un doux mélange plutôt bien exécuté. Des notes de Neo Metal font penser à Limp Bizkit et Korn, avec une pointe de MGK pour le style vestimentaire du chanteur. Un groupe qui divisera, mais qui a le mérite d’être original.
Et les quelques groupes notables du reste de la journée :
Karras – Réveil douceur. Bonne surprise de voir déjà autant de monde devant la Dave Mustage à 12h30, surtout pour du Death Metal aussi violent ! Un bassiste chanteur, un guitariste (qu’on reconnaît être Yann Heurtaux, le guitariste de Mass Hysteria) et un batteur jouant sur une batterie assez minimaliste pour leur style, mais très carré au demeurant. Fait notable, la reprise d’un morceau de 8 secondes de Scum, l’album de Napalm Death sorti en 1987.
Hippotraktor – Les petits frères d’Hypno5e. Une claque énorme digne de Shy, Low, le scream parfait du chanteur en plus. Un jeu de scène complètement fou où le groupe mené par ses guitares arrive à nous prendre aux tripes pendant 40 minutes. La prise de note sur Hippo a été minime tellement on est resté scotché de A à Z. Une folie, vraiment. C’était en plus le premier concert des Belges en France, merci au Motocultor de les avoir programmés !
Resolve – En un an, devenu grand. Nous les avions vus sur la Warzone du Hellfest en 2023 sous des trombes d’eau qui ne nous avaient pas découragé et même laissé un très bon souvenir. On retrouve les Lyonnais sur la scène principale, plus solides que jamais. Après une tournée française et une européenne, Resolve est devenu en peu de temps un excellent groupe de live qui assure vraiment à tout niveau. Un super set qui les aura, on l’espère, fait découvrir à bon nombre de festivaliers.
Infected Rain – Sans prétention et sans folie. Un son uniquement du côté droit de la scène pour commencer, l’un des groupes qui aura subit les problèmes de début de concert. On retrouve le groupe vu 2 semaines plus tôt au Sylak. Quelques changements vestimentaires, mais sensiblement le même set pour le même horaire. Un peu difficile de rentrer dedans, peut-être par connaissance de leur concert. En tournée européenne en janvier 2025, on ira surement les voir pour se faire un vrai avis dessus.
Sowulo – Pagan & spiritisme. La scène aura vu passer des groupes Médiévaux/Pagan et autre sous genre du folk. L’originalité des instruments qui se succèdent est assez folle ! Les rythmiques sont entraînantes et les questions réponses entre harpes, chant, violon et autres instruments à vent sont assez intéressantes. La lumière est parfaitement placée sur les rythmiques imposées par le timbalier, une bonne prestation dans ce style qu’affectionne particulièrement le Motocultor.
The Amity Affliction – Du pire au meilleur. Du Metalcore mélodique ayant un contraste assez fort entre les couplets/breaks saturés et les refrains clairs (qui font retomber le soufflé). Le batteur est une sacrée machine, il est la vraie valeur ajoutée du groupe. Pas du tout les préférés du genre, mais on peut reconnaître une performance live assez solide. Si le chant clair passe, on prend le tout. S’il ne passe pas, la performance semble en dents de scie. Rarement vu un concert commencer aussi mollement et finir aussi puissamment. Les 20 dernières minutes ont été d’un très très haut niveau (son, choix des musiques, lumières).
Opeth – Swedish Prog, Partie 1. Première tête d’affiche du week-end et pas des moindres. De la musique très recherchée, du progressif Death Metal avec des passages très Rock. On a clairement d’excellents musiciens sur scène. Le chanteur alterne avec aisance entre chant saturé et chant clair. Petite reprise de Napalm Death (décidément !) de You Suffer (musique de 2 secondes). Deux étages d’écrans sur scène, le groupe qui a le visuel le plus impressionnant depuis le début du week-end !
Samedi 17 août – The « Core » Day
Une journée qui sera probablement la plus prolifique en terme de concerts, notamment dû aux styles représentés qui sont partagés entre Metalcore, Hardcore et Deathcore. Un seul Britannique, mais c’est une des têtes d’affiche dont on attend évidemment beaucoup.
Architects – Entre vent de déception et pic de satisfaction.
Très difficile d’être objectif sur ce concert… C’est toujours un plaisir de retrouver ce monument du Metalcore qu’est Architects, d’autant que leurs performances live sont toujours de très bonne facture. Mais cette fois-ci, plusieurs éléments nous ont chagriné. Premier point, leur scène avec un énorme étage d’écrans a été installée avant les premiers concerts, probablement pour éviter d’avoir à la monter entre deux groupes par manque de temps. Ce qui est un peu triste c’est que tous les groupes qui se sont succédé dans la journée ont donc eu une scène plus que réduite de moitié pour leur performance. C’est vraiment dommage, mais admettons. Ensuite, pour ce dernier concert de leur tournée des festivals et qui plus est en tête d’affiche, on était en droit de s’attendre à un show exceptionnel équivalent au Bloostock ou au Wacken quelques jours plus tôt. Et bien le Motocultor n’est peut-être pas assez gros pour eux, qui n’auront ni CO2, ni Pyrotechnie, ni vraiment démontré qu’ils étaient très heureux d’être là.
Maintenant les points positifs. Bien que ce ne soit pas le show qu’on aurait espéré, l’ambiance qu’ils ont mise est vraiment à la hauteur de leur statut sur ce festival. Bien que leur setlist soit assez fournie par les deux derniers albums, ils auront fait plaisir aux fans de la première heure avec Gravedigger et These Colors Don’t Run, où c’est d’ailleurs sur cette musique que le premier Wall s’est ouvert et a instantanément décuplé l’ambiance. Evidemment, les deux derniers single Curse et Seeing Red ont été joué et apportent une vraie fraîcheur à leur setlist. Finalement, nous aurons un Sam Carter en forme pour cette dernière date de leur tournée qui aura une fois de plus démontré que son chant est exceptionnel.
Ils avaient été premier de notre classement des meilleures performances du Hellfest 2023, ils n’auront malheureusement pas cette place cette année. Mais voici les quelques autres noms qui nous ont marqués :
Calcine – Hardcore from Paris. Au loin les balances suggèrent que le concert allait taper fort, on est donc venu y jeter un coup d’oreille. Sans être extraordinaire, c’est un hardcore efficace qui arrive à bien motiver les mosheurs de début de journée ! Quelques breaks incisifs, une ou deux mosh parts sympa, une journée qui commence avec énergie. Une chanteuse qui maîtrise très bien son scream, adapté au hardcore comme il faut.
Jesus Piece – Pwah ! Le meilleur groupe de Hardcore du week-end. C’était millimétré et d’une efficacité indécente. Des changements de tempos incessants mais fait avec un professionnalisme impressionnant. Le bassiste double le chanteur sur certains morceaux et l’association de leurs deux voix est très puissante. Bien meilleur qu’au Hellfest en 2022 !
Sorcerer – Solide et engagé. On enchaîne donc sur un troisième groupe de Hardcore consécutif. Un drapeau Palestinien sur scène et un petit message politique pendant le concert « pour tous ceux qui portent un t-shirt Peste Noire ou FAF, vous n’êtes pas les bienvenus ici. Et vive la gauche ! ». L’ambiance est cool et leur musique est plutôt carrée, mais ils payent malheureusement l’enchaînement avec Jesus Piece.
Kalandra – La pause émotion. Un duo de guitare, un batteur et une chanteuse dans un style Art Pop très émouvant. Venu par curiosité, on reste scotché devant le timbre et la tessiture de la chanteuse. Une vraie performance vocale, très bien mise en valeur par le son de la Dave Mustage. Elle nous laisse un instant avec ses musiciens et nous avons droit à un morceau instrumental très atmosphérique. Pour ceux qui veulent écouter de la belle musique et laisser divaguer leurs pensées en fermant les yeux.
Emmure – Le prix de l’ambiance. Les deathcoreux américains ont cassé la Suppositor Stage. Clairement un nombre de fans énorme présent pour eux, en témoigne la densité du pit dont on peine à sortir pour respirer un peu. Emmure est un pionnier du Deathcore mais dans un registre bien à eux assez inimitable. Une setlist un peu en dents de scie avec un début de folie et une fin de set tonitruante, mais un léger creux au milieu. Une vraie bonne performance live de leur part, ça fait plaisir !
Aborted – Gigrindesque ! Performance absolument exceptionnelle de la part de Belges, ayant parfaitement assuré après le set d’Architects. Une nouvelle leçon technique offerte par Aborted, probablement le groupe le plus puissant de toute la scène Brutal Death actuelle. Le meilleur groupe du week-end ? Pour les quelques courageux restés voir le show et en capacité d’accepter ce niveau de violence, assurément. Le meilleur son des deux MainStage sur le week-end. En bref, de la musique à écouter dans sa bulle, tant la performance est intéressante techniquement. Une vraie tuerie, il n’y avait rien à jeter.
Dimanche 18 août – Finir de la plus belle des manières
Après en avoir pris plein les oreilles la veille, la barre est haute pour cette dernière journée de Motocultor. Nous aurons droit à certaines performances moyennes, mais d’autres exceptionnelles pour ce dernier jour !
Dvne – Un gros potentiel, gâché par un son médiocre
Seconde chance pour Dvne après les avoir vu à l’Amperage de Grenoble au mois de mai dernier. Premier constat, les voix ressortent très bien comparé à leur précédente prestation. Malheureusement, une des guitares est totalement absente d’une des façades, seul le son de l’ampli permet de l’avoir… autant dire qu’on ne l’entend absolument pas. Un des deux guitaristes chante saturé et l’autre majoritairement en clair. Accompagné parfois par le clavieriste ce trio de voix est très agréable.
Le son des guitares n’est pas le plus puissant qu’on a vu sur cette scène. Il est plutôt adapté au style mais pas particulièrement fou. La batterie mériterait aussi d’être un peu plus mise en avant. Quant à la basse, comme lors de leur précédent concert le jeu du bassiste est impeccable. Bilan une fois encore mitigé, le son qui devrait être l’atout principal de Dvne les desserre finalement une nouvelle fois et nous laisse un peu sur notre fin… Du potentiel, mais on peine à rentrer dedans tant il est peu exploité.
Et enfin, les derniers groupes qui méritent qu’on parle d’eux.
Kronos – Réveil musclé. On s’était quitté sur Aborted, on se retrouve pour Kronos, autre groupe de Brutal Death Metal. C’est carré bien que ce soit ultra technique. Le batteur a clairement du boulot, mais pour ce groupe qui fête ses 30 bougies, on sent une certaine expérience de la scène. Une bonne découverte.
Future Palace – Les paillettes du week-end. Pour leur 2ème concert en France seulement, les Allemands seront le groupe de Pop Rock du week-end. Un trio guitare-chant-batterie qui manque un peu d’une basse mais dont e son s’améliore au fur et à mesure du concert, ce qui évidemment participe à améliorer l’expérience ! De bonnes transitions effectuées par la chanteuse entre les passages saturés et les passages clairs. On louera la fraîcheur dégagée par le groupe qui nous change de la plupart des groupes très bourrins qu’on aura vu ce week-end.
Unearth – Old School Metalcore. Nous étions partis pour regarder un titre et aller voir My Diligence mais on reste finalement devant le concert des Américains tant leur performance était intéressante. Des passages bien pêchus et d’autres plus mélodiques. Tout n’est pas fou mais certains breaks nous ont laissé sans voix.
Night Verses – Leçon de Musique. Du Metal Progressif instrumental d’un niveau technique exceptionnel. Le trio nous émerveille en instaurant une ambiance magnifique. Une belle alternance entre mélodie et rythme, puis une fin de concert explosive où le guitariste aura commencé le morceau sur sa guitare 6 cordes et l’aura terminé sur sa 8 cordes (de signature Tosin Abasi).
Plini – Aussi souriant que talentueux. Très impressionnant de voir avec quelle aisance il arrive à jouer des morceaux exactement comme sur album. Le musicien le plus sympa qu’on aura vu ce week-end. Ça déconne sur scène alors que le niveau technique est tout bonnement bluffant. Plini interagit beaucoup avec nous pour plaisanter du fait qu’ils ne sont pas un groupe de Metal et que c’est une pause dans la brutalité du week-end. Un « wall of love » a été lancé allant de la régie jusqu’à la scène et le principe est simple : « Quand la musique explosera, je veux que vous marchiez lentement vers la personne en face de vous, mais ne blessez personne ! ». Merci d’avoir rendu heureux tous ceux qui sont venus te voir. Et à très vite !
Meshuggah – Mo-nu-men-tal. Faut-il une sensibilité particulière pour apprécier Meshuggah ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que quand on rentre dedans, il n’y a rien de plus fou sur scène. C’était absolument incroyable en tout point. L’association entre le son et la lumière est une expérience sensorielle unique. L’ingénieur lumière aux commandes du concert a d’ailleurs une place tout aussi importante que les musiciens dont le talent n’est plus à démontrer. Pas besoin de s’étendre, c’est juste un concert à vivre au moins une fois.
Clap de fin.
Lorsque l’on voit autant de groupes sur un week-end, on peut se prêter au jeu du classement des plus belles prestations. Et c’est assez naturellement que l’on dégage ces cinq groupes :
- Meshuggah – Les patrons absolus du Metal Progressif.
- Aborted – Le meilleur son couplé à une technique impressionnante. 2ème, sans aucun problème.
- Hippotraktor – La claque totalement inattendue. Qu’une hâte c’est de les revoir en salle.
- Plini – Probablement le musicien le plus sympa et l’un des plus talentueux qu’on ait vu.
- Architects – Sam Carter sauve le show, Gravedigger et These Colors Don’t Run aussi.
Et voilà le top 5 des groupes qu’Estelle, photographe sur le fest a préféré :
- Architects – Pas très objective, le metalcore étant mon genre favoris. Mais toujours aussi fan de la setlist.
- Bob Vylan – C’est LA découverte du weekend pour moi. Un vent de fraicheur !
- Resolve – Deuxième fois que je les vois live, toujours une claque !
- Infected Rain – Second coup de cœur parmi mes découvertes du weekend.
- Neko Light Orchestra – Bien contente d’avoir pu les voir en live après les avoir découvert sur Twitch pendant le confinement en 2020 !
Nous y voilà, un week-end mémorable qui aura parfaitement clôturé cette saison des festivals 2024, laissant des souvenirs incroyables plein la tête. Les quelques fausses notes sont de l’ordre de l’anecdotique tant le Motocultor offre une expérience exceptionnelle à tout festivalier qui aime la musique saturée. Merci à vous, et à l’année prochaine.
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