22 Sep Yannis and the Yaw – Lagos Paris London

De la platine à la scène, zoom sur le fruit d’une collaboration aussi riche qu’improbable : Yannis and the Yaw, la rencontre de Yannis Philippakis, le chanteur de Foals, avec Tony Allen, le génie de l’afrobeat.

Yannis and The Yaw, une collaboration surprise et un EP inespéré, 8 ans après

Yannis and the Yaw, c’est avant tout une rencontre que rien ne pouvait prédire. Yannis Philippakis, le chanteur de Foals, s’est allié à Tony Allen, compositeur, batteur et pionnier de l’afrobeat – disparu en 2020 – pour ce nouveau projet parallèle, dont les prémices remontent à il y a quelques années. Le début de la collaboration date d’environ 8 ans, alors que Foals clôture une longue tournée pour What Went Down, et est à l’initiative de Tony Allen. 

La rencontre entre deux générations de musiciens géniaux prend place dans un studio enfumé des années 70, en plein coeur de Paris. Les liens se tissent instantanément à travers la musique, et au travers de ce qui sera finalement l’essence du projet Yannis and the Yaw : l’improvisation et le plaisir de la création spontanée. 

De cette rencontre initiale en 2016 est né Walk Through Fire, le premier single de l’EP. Les paroles engagées du titre résonnent avec les préoccupations politiques actuelles et sont l’héritage d’un militantisme sociétal et historique des deux esthétiques musicales (rock & afrobeat) qui se rencontrent. 

Plusieurs sessions se sont alors enchainées entre les tournées de Foals, de The Good, the Bad and the Queen et leurs autres multiples projets à chacun d’entre eux. Les fondations de l’EP tel qu’on le connaît aujourd’hui étaient posées. Malheureusement, la crise sanitaire du covid et le décès soudain de Tony Allen ont interrompu un travail fructueux censé aboutir sur un album complet.

Les années ont défilé (et les enchainements album-tournée de Foals avec) et ces maquettes restaient inachevées. Le besoin impérieux et une culpabilité douce-amère de ne pas avoir terminé l’une des expériences créatives les plus marquantes de la vie musicale de Yannis ont été le moteur principal pour finalement sortir cet EP et planifier la tournée de la rentrée 2024.

Du studio à la scène, le jam comme élément central

La tournée justement, est un élément central du projet. Si l’on avait beaucoup apprécié certains des titres de cet EP réussi par ailleurs, comme Rain Can’t Reach Us (qui aurait pu être une chanson de Foals, sans aucun doute) et Clementine (pour son rythme à la fois léger et rafraichissant), on se posait un peu la question de ce qu’allaient donner sur scène ces 5 titres. Le fruit de cette collaboration inespérée allait-il pouvoir enfin prendre vie sur scène, malgré l’absence de son initiateur ?

Bien entouré par Vincent Taurelle aux claviers, Vincent Taeger à la batterie, deux excellents musiciens et proches collaborateurs de Tony Allen, Dave Okumu, guitariste londonien, et Seye Adelekan, qui joue de la basse en live pour Gorillaz, Yannis and the Yaw a donc investi la scène. Dans la salle pleine à craquer de l’Alhambra, les premières notes du concert ont rapidement donné le ton de la soirée. A la place de l’exécution quasi-robotique qui enraidi les récents concerts de Foals, on retrouve la joie exultante de l’improvisation entre les (très bons) musiciens sur scène. Ces derniers entament la soirée avec un jam anonyme de plusieurs minutes qui fait danser la salle. Les chansons de l’EP se retrouvent introduites et prolongées par de longues minutes de construction musicales spontanées. De la vingtaine de minutes de l’EP Lagos Paris London, on aura dansé pendant plus d’1h20 au son de solos de guitares, de batterie joueuses et de basses chaloupantes. 

Yannis Philippakis l’avait annoncé dans une interview donnée à un média anglais, Yannis and the Yaw est prévu pour être un exutoire créatif, un espace d’expression pour un musicien hyperactif toujours en quête de son prochain projet. Le groupe est amené à avoir d’autres collaborations dans le futur et faire tomber d’autres barrières stylistiques, a-t-il dit. On ne peut que se réjouir de cette nouvelle !

TRACKLIST

Walk Through Fire
Rain Can’t Reach Us
Night Green, Heavy Love
Under the Strikes
Clementine

La note de la rédactrice : 4,5/5
Ses morceaux favoris : Clementine, Rain Can’t Reach Us, Night Green, Heavy Love (dans sa version live)

Les autres notes :
Augustin : 3,5/5. Une belle fusion entre l’afrobeat et le style de Yannis. Quelques bons titres a garder !
Fabien : 4/5. La musique a définitivement besoin de ces projets mêlant les genres. C’est un grand OUI !