22 Nov Interview – Franz Ferdinand, « sur cet album, nous voulions assumer notre identité tout en expérimentant de nouvelles choses »
Alex Kapranos et Bob Hardy de Franz Ferdinand étaient de passage à Paris à l’occasion de la promotion de leur nouvel effort : The Human Fear qui sortira le 10 janvier prochain.
Sound of Brit : Votre nouvel album a été produit par Mark Rlalph, le même producteur qui a travaillé avec vous sur le superbe Right Thoughts, Right Words, Right Action (2013). Pourquoi avoir renoué la collaboration ?
Alex Kapranos : On adore Mark, c’est un mec super. Quand on a commencé à parler de producteurs, on voulait enregistrer dans mon studio en Écosse, avec lequel il était très familier. Le studio est particulier parce que c’est comme se trouver dans un salon avec un feu, un bureau. C’est comme être dans une maison finalement, les aspects techniques ne le dérangeraient donc pas. Cette ambiance pourrait ne pas convenir à certains producteurs, mais pas à Mark.
Bob Hardy : Cela rend les choses tellement plus faciles et naturelles. Tu peux directement passer à la musique, à la production sans passer par l’étape d’apprendre à se connaître.
Alex : Aussi, il est partant pour toutes nos idées. C’est quelqu’un qui cherche à rendre réel ce qui nous passe par la tête.
SOB : quel a été le fil rouge de cet album ?
Alex : Je dirais que le titre [The Human Fear] résume tout, mais ça n’est pas apparu avant qu’on finisse l’album. Le titre Hooked commence par la phrase « I got a fear, got the human fear » et c’étaient les dernières paroles écrites pour l’album. Quand on a terminé d’enregistrer et pris du recul, on s’est dit que c’était le thème. Toutes ces chansons parlent de peur, d’une manière ou d’une autre.
Bob : Je pense qu’il y a des thèmes auxquels on revient souvent. L’expérience d’être humain, nos relations et interactions, des thèmes religieux aussi.
Alex : Oui, tout ce qui concerne la recherche de quelque chose de plus grand que soi. Musicalement, je pense qu’il y a deux choses que nous voulions faire. Tout simplement assumer son identité, ce qui ressemble à Franz Ferdinand, tout en expérimentant de nouvelles choses. Il y a des chansons comme Black Eyelashes, The Birds ou bien Tell Me I Should Stay qui se démarquent tout en conservant notre identité.
SOB : C’était justement l’une de mes questions ; quand j’ai écouté Hooked, je me suis dis qu’elle changeait beaucoup des autres sans trahir l’ADN de Franz Ferdinand en quelque sorte.
Alex : Je suis heureux d’entendre ça ! C’était notre but. Cette chanson est simplement partie du riff de guitare, puis tout le groupe s’est mis à jouer dans une performance très rock et audacieuse.
SOB : À ce stade de votre carrière, est-ce que vous vivez des moments de frustration en studio, concernant certaines directions que vous voulez donner aux morceaux ?
Alex : Il y a tellement de travail en amont, donc je dirais que non. On en discute beaucoup pendant les répétitions avec Bob. Au départ, Bar Lonely était une chanson très lente au piano. D’ailleurs, nous allons faire un album de démos ! C’est très interessant de voir l’évolution de certaines chansons. Avez-vous déjà écouté la démo de Heart of Glass de Blondie ? Je recommande !
SOB : Audacious est le premier single à être sorti. L’audace est un mot qui peut résumer le projet ?
Bob : Ça me va tout à fait. Je pense que faire un album n’est pas nécessairement audacieux, c’est d’être dans un groupe qui l’est. Personne ne t’a demandé de le faire, et tu le fais quand même !
Alex : J’ai appris à embrasser mon audace, dans la vie, et dans le fait de monter sur scène, aller en studio, écrire des chansons… Et ne pas s’en excuser. Il faut vraiment essayer de se détacher du regard des autres. Le plus grand performer du siècle dernier était Freddie Mercury. C’était le plus décomplexé, certains le détestent d’autres l’adorent, ce qui est mon cas, en partie grâce à son audace.
SOB : Quel est votre chanson préférée de l’album ? La mienne serait Bar Lonely.
Bob : Everydaydreamer est l’une de mes préférées, mais aussi The Birds.
Alex : The Birds est celle que je préfère jouer en live, car elle n’est pas conventionnelle. Je pense que ma préférée est Black Eyelashes qui est assez différente des chansons qu’on a faites auparavant.
SOB : J’ai écouté quelques parties de votre podcast Words So Leisured, c’était intéressant de vous entendre parler de vos débuts à Glasgow, quel souvenir vous en gardez ?
Bob : Un super souvenir. À cette époque, tout était possible et donc très excitant. Glasgow a cette ambiance particulière où tu sors le soir et ne sais pas ce qui peut t’arriver !
Alex : C’était très inspirant, du fait des personnes qui nous entouraient surtout. Des musiciens, des artistes… Nos conversations étaient superbes !
SOB : Certains groupes n’aiment plus jouer leurs morceaux les plus connus, mais je n’imagine pas un de vos concerts sans Take Me Out et l’euphorie qui l’accompagne… Qu’est-ce que vous en pensez ?
Alex : Il faut avoir confiance en ce qu’on fait. Je pense qu’on a fait un bon album alors on peut tout à fait être heureux de jouer nos anciennes chansons. Le tout peut être mélangé assez aisément. Il ne faut pas penser que le public s’intéresse uniquement aux anciennes chansons et lui en vouloir. On vient de jouer au Mexique et les nouvelles chansons ont été plutôt bien accueillies. Si j’allais voir Paul McCartney et qu’il ne jouait pas Yesterday je serais très déçu !
Bob : Paul est un très bon exemple ! Il y a quelques années je l’ai vu se produire et il joue simplement ce qu’il a envie d’entendre. Je l’ai entendu parler de Bob Dylan qui joue des anciennes chansons mais qui les changent jusqu’à ce qu’elles en deviennent méconnaissables.
SOB : Quel album vous recommanderiez à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de Franz Ferdinand ?
Bob : Sûrement Hits to the Head.
Alex : Je dirais le premier et le dernier !
SOB : Vous vous produirez à La Cigale en février prochain…
Alex : On adore ce lieu. Ce n’est pas ce qu’on nous a recommandé mais j’ai très hâte d’y jouer. Et il y aura Take Me Out !
SOB : Quels groupes britanniques aimez-vous bien écouter en ce moment ?
Alex : Brenda, un groupe de Glasgow.
Bob : English Teacher, un groupe de Leeds. Fontaines D.C. aussi, qui viennent d’Irlande. Pozi, un groupe de Londres.
Franz Ferdinand se produira à La Cigale, le 27 février prochain.
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