Disparition de Marianne Faithfull : la petite fille sur la pochette de Before the Poison… c’était moi.

C’est à Londres, âgée de 78 ans, que la chanteuse Marianne Faithfull s’est éteinte.

Le décès de Marianne Faithfull survenu ce jeudi 30 janvier a suscité de nombreuses réactions venant du monde de la musique. Son ancien compagnon, Mick Jagger a partagé sur Instagram sa tristesse en lui dédiant un post où figure une photo des deux amants et ces quelques mots : « Je suis tellement attristé d’apprendre la mort de Marianne Faithfull. Elle a fait partie de ma vie pendant si longtemps. C’était une amie merveilleuse, une chanteuse magnifique et une grande actrice. Nous nous souviendrons toujours d’elle. » Graham Coxon, le guitariste de Blur, a quant à lui déclaré sur X : « Tu es la seule personne qui a dit les choses que j’avais vraiment besoin d’entendre au moment où j’avais vraiment besoin de les entendre. Tu m’as donné la confiance/la permission de ‘voler’ et de me débarrasser de la conscience de soi/du doute. Tu m’as dit que j’étais beau quand je me sentais moche — J’ai une dette envers toi pour toujours. »

Ainsi Marianne et sa voix rauque sont parties. Mais les souvenirs demeurent…

Pour ma part, lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai été prise par une vive émotion qui m’a guidée vers des souvenirs datant d’une vingtaine d’années.

Mars 2004, Paris – J’ai six ans et je vais à la rencontre d’une icône.

Pour être honnête, je ne connaissais pas Marianne avant ce jour : ses albums ne figuraient pas dans la collection de mes parents. Et lorsque, sur le trajet, j’ai demandé à mon père où nous nous rendions, il m’avait répondu que nous allions à la rencontre de « l’ex de Mick Jagger des Rolling Stones » . Désormais adulte, connaissant sa carrière mais aussi son engagement féministe, je trouve cela réducteur.

C’est à l’occasion d’un shooting pour son dix-huitième album, Before the Poison, que je la rencontre pour la première fois. Ce futur album, à l’époque, se veut plus intimiste. C’est par ailleurs dans son appartement parisien, rue d’Anjou, non loin du la rue du Faubourg Saint-Honoré, que je suis accueillie.

J’ai tout de suite été impressionnée par cet endroit. L’appartement, dans mes souvenirs, était lumineux, des moulures trônaient fièrement sur les murs, le parquet ancien grinçait, la hauteur sous plafond me rendait davantage minuscule, des cendriers à moitié remplis étaient disposés un peu partout dans le grand salon. L’interprète de As Tears Go By se tenait au milieu de la pièce, tenue élégante et brushing impeccable. Sa voix craquelée, marquée par la maladie et des années de dépendances, retentit et elle se présenta auprès de moi en français.

Pour le shooting de cette couverture d’album, Jean-Baptiste Mondino, photographe-star qui a déjà tiré le portrait de Björk, Prince ou encore Alain Bashung nous retrouve. Il co-imagine alors avec la chanteuse une composition à l’image de cet album : Marianne Faithfull, après quasiment 40 ans de carrière comme une femme mûre, portant autour de son cou un collier de perles et, sur ses genoux, – le moment où j’interviens – moi, une jeune enfant aux traits emplis de naïveté et d’insouciance. Comme un reflet du temps qui passe et de ce qu’elle souhaiterait retrouver.

Marianne Faithfull, icône du rock’n’roll, s’est entourée des plus grands pour ce nouveau chapitre de sa carrière : Damon Albarn, PJ Harvey ou encore l’Australien Nick Cave. Les différents titres nous plongent dans son univers, à la fois poétique et mélancolique, traitant de divers sujets comme l’amour ou encore la résilience.

Ce moment suspendu dans le temps aux côtés de l’ex-égérie du Swinging London n’a duré qu’une petite heure. À la fin, lorsque mon père est venu me chercher, elle m’a offert un présent, que je garde précieusement encore aujourd’hui : un petit bonbon en verre de Murano. Elle m’a également invitée, ainsi que mes parents, à la voir quelques mois plus tard au Casino de Paris, soirée lors de laquelle une seconde rencontre s’était initiée, dans sa loge, à la fin de son majestueux concert.

Sa musique m’a par la suite accompagnée à de nombreux moments de ma vie et je chéris les instants où nos chemins se sont croisés.

 

 

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