
13 Avr Snapped Ankles tapent sur des bambous (et c’est numéro un)
Snapped Ankles, le groupe préféré de votre jardinier était en représentation en ce début de mois d’avril à La Maroquinerie. Retour sur cette soirée qui relevait plus de l’expérience que du concert.
Avant même le début du concert, nous étions plongés dans l’ambiance : les micros soutenus par des troncs d’arbres, et quelques banderoles déployées en fond de scène promettaient un concert peu ordinaire du groupe originaire de Londres. Lorsque Snapped Ankles débarquent enfin sur scène, après une intro assez longue, ils se présentent vêtus de gilets oranges et recouverts d’une perruque qui nous semble faîte de mousses et de lichens. Tous les membres du groupe arborent également une lampe frontale de couleur rouge à l’exception du chanteur, la sienne étant blanche. Cet accoutrement nous évoque une créature hybride, entre la plante et le garde forestier et participe grandement à nous plonger d’emblée dans l’univers du groupe. En effet, on ne les verra jamais quitter ces personnages, même derrière le stand de merch une fois leur prestation terminée.
Une fois le décor et les personnages plantés, le concert débute et l’ambiance démarre immédiatement au quart de tour. Il faut dire qu’on a l’impression d’être en pleine forêt, l’ambiance lumineuse sera en effet verdoyante pour la majeure partie du concert à l’exception de quelques morceaux. Dès le départ, notre leader/gourou arboricole s’empare des deux micros pour chanter et le rythme lancinant des compositions du groupe s’insinue rapidement dans la salle, telles des spores volatiles ou une sève sous acide qui s’infiltrerait dans les veines des spectateurs qui se prennent facilement au jeu.
On verra, à de nombreuses reprises, notre leader se déraciner de scène et venir jouer en plein milieu d’un public ravi de cette communion. Il jouera des percussions et se baladera même avec son clavier en plein coeur de la fosse tel un gnome cherchant à démarrer une procession de créatures forestières. L’ambiance est déjantée et festive. Les morceaux s’enchaînent et semblent durer 10 minutes à chaque fois pour notre plus grand bonheur. Les sonorités très particulières de Snapped Ankles sont sublimées pendant le live et on aura même droit à quelques envolées un peu éléctro, pour une ambiance forestière un peu post-apocalyptique.
Nul doute que certains pourront être un peu désarçonnés face à cette ambiance et ce groupe si particulier qui propose un show très original et inhabituel. Mais pour ceux qui sauront apprécier cette proposition qui relève presque plus de la performance artistique (par ailleurs pensée dans les moindres détails et parfaitement exécutée dès l’instant où la salle est plongée dans le noir) que du concert, le moment sera forcément des plus plaisants.
Snapped Ankles s’offre même en fin de concert un petit moment ludique en jouant avec son public : il demandera aux ingés lumières d’allumer la fosse afin qu’ils puissent voir de la scène les personnes présentes et nous gratifiera de quelques compliments, appelant le public « mon soleil » qui est « nice and hot like today » et nous proposant « let’s go to the beach« . Puis comme toujours avec ces originaux complètement inclassables, ça deviendra beaucoup plus barré. Nous deviendrons « les chiens de la plage » et on nous demandera d’aboyer (ce que le public fera avec un malin plaisir). Et, comme ils connaissaient visiblement très bien le vocabulaire de la séquence sur la plage en LV1 français, « les mouettes » seront également conviés sur cette plage fantasmagorique, où tout est possible.
En définitive, un show inoubliable parce qu’on n’en a jamais vécu des comme ça, et on en repart heureux que les concerts arrivent encore à nous surprendre grâce à des musiciens inventifs qui pensent à l’expérience live en lui donnant un petit supplément d’âme, ici particulièrement fun. On en viendrait presque à regretter que La Maroquinerie ne se soit pas renommée La Menuiserie le temps d’une soirée histoire de parfaire le tableau…
No Comments