Tom Odell aux Bouffes du Nord : une parenthèse enchantée

Avec son concert aux Bouffes du Nord, Tom Odell a offert un moment suspendu à son public parisien.

Avant de s’élancer dans sa tournée européenne, Tom Odell a fait escale à Paris pour une soirée exceptionnelle, dans l’écrin chaleureux du théâtre des Bouffes du Nord. Un concert intimiste, à guichets fermés, comme une parenthèse hors du temps.

Hetta Falzon, jeune chanteuse originaire de Manchester, a ouvert la soirée avec une grande délicatesse. Son univers, très proche de celui de Tom Odell, mêle douceur, mélancolie et sincérité.

Accompagné de ses musiciens — trompette, saxophone, batterie, basse et guitare — Tom Odell ouvre le bal tout en douceur avec Don’t Cry, Put Your Head On My Shoulder. Dès les premières notes, la magie opère. Le son du théâtre est d’une pureté rare, presque sacré. On se croirait dans une église. Un frisson collectif parcourt la salle, silencieuse, suspendue aux mélodies. Il enchaîne ensuite avec Can’t Pretend, puis Magnetised dans une mise en scène sobre mais d’une grande justesse. Un halo de lumière éclaire d’abord Tom, seul au piano, avant de s’élargir progressivement pour révéler ses musiciens. Chaque projecteur vient subtilement habiller le morceau, comme une respiration visuelle.

C’est beau, fort, touchant. Rien n’est surjoué, et pourtant l’émotion est palpable. On sent une maîtrise totale du moment, mais aussi une forme de fragilité assumée.

Entre deux morceaux, Tom Odell glisse quelques mots en français, et prend le temps de remercier chaleureusement les spectateurs présents. Il revient sur ces années de carrière, sur sa gratitude immense pour tout l’amour reçu, et sur le lien fort qu’il entretient avec le public français. Il prend aussi un moment pour remercier le théâtre des Bouffes du Nord,  qu’il avait eu l’occasion de découvrir en 2020. Un retour presque symbolique, tant le lieu semble être en parfaite harmonie avec sa musique. On sent qu’il y est attaché.

Dans la salle, l’attention est totale : le public est très réceptif, chaleureux, presque en état de grâce. À la fin de chaque chanson, les acclamations fusent. Et dès que le tempo s’emballe, la salle se réveille dans un bel élan collectif : ça tape dans les mains, ça se lève. Tout au long du concert, Tom prend le temps d’expliquer la signification de ses chansons, avec pudeur et sincérité. Il parle de ses carnets d’écriture, qui l’ont aidé à traverser les périodes sombres, à apaiser ses pensées, puis à mieux composer. Ces confidences créent une proximité rare, presque intime.

Toujours avec son humour très british, il prévient avec un sourire que « les chansons vont devenir de plus en plus déprimantes » , déclenchant des rires dans la salle. Une façon de désamorcer la mélancolie qui traverse ses morceaux, sans jamais la trahir.

Le concert alterne entre moments suspendus au piano solo et passages plus orchestrés, où les musiciens entrent progressivement. Les breaks musicaux — notamment un superbe solo de saxophone — viennent aérer le rythme et enrichir l’ensemble, sans jamais briser l’équilibre fragile du concert.

La setlist est riche, équilibrée, et retrace l’ensemble de sa carrière, dans des versions acoustiques et intimistes qui redonnent une nouvelle profondeur à ses titres les plus connus. Tom Odell en profite aussi pour dévoiler quelques inédits de son prochain album, toujours avec cette même sincérité brute. Parmi eux, Prayer, un morceau où il évoque l’importance de rester connecté à la version la plus jeune de soi-même, celle qu’on oublie trop souvent dans la vie adulte.

Il clôture par des titres bien connus du public, tels que Heal, Magnetised ou Black Friday, pour ensuite disparaitre pour quelques instants. Il revient sous les applaudissements pour trois derniers titres : The End, Wonderful Life et l’incontournable Another Love. La salle explose alors, les gens crient, chantent et dansent.

Avec ce show intime et sincère, Tom Odell confirme une fois de plus son talent unique pour toucher le public en plein cœur, dans une salle aussi magique que son univers musical.

Tom Odell - Black Friday (Official Music Video)
No Comments

Post A Comment