07 Juil Bad Nerves survoltés en première partie de Weezer
L’affiche de ce dimanche soir, en ce début de vacances scolaires, a la saveur d’une madeleine de Proust musicale. Une soirée placée sous le signe du rock à guitares, à la fois puissant et mélodique. Malgré un temps parisien maussade qui n’incite guère à sortir, le Zénith est plein à craquer. Et pour cause : Weezer, groupe emblématique de la scène alternative des années 90, promet une grande soirée à son public, avec en mise en bouche les survoltés et excellents Bad Nerves.
Bad Nerves : une décharge de punk rock parfaitement maîtrisée
Après deux passages remarqués en France en 2023 (en tête d’affiche et en première partie de Nothing But Thieves), où ils ont laissé une impression durable, Bad Nerves a confirmé tout son potentiel avec son nouvel album, Still Nervous, sorti en 2024. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette prétendue nervosité affichée dans le titre est un leurre total une fois le groupe sur scène. C’est une véritable tornade d’assurance et d’énergie pure qui s’abat sur la salle. Le chanteur, Bobby Nerves, est un frontman charismatique, se contorsionnant, haranguant la foule et incarnant chaque parole avec une urgence viscérale.
Côté setlist, le dernier album est logiquement mis en avant avec pas moins de cinq titres joués, qui s’intègrent parfaitement à leurs hymnes plus anciens. En effet, malgré la durée limitée d’une première partie, Bad Nerves parvient à livrer un condensé fulgurant et très efficace de sa discographie avec un total de dix titres. C’est un sprint, pas un marathon, où chaque morceau est une décharge d’adrénaline. Très à l’aise, le groupe remplit parfaitement son rôle de chauffeur de salle, d’autant que le public, venu pour des guitares, se montre immédiatement réceptif à cette énergie brute et contagieuse.
Impossible de ne pas voir une filiation évidente entre les deux formations du soir. On sent que Bad Nerves a été biberonné au son mythique de Weezer pour ses mélodies accrocheuses, mais y a injecté une dose massive de punk et de garage rock. D’ailleurs, et c’est un fait assez rare pour être souligné, le son est d’une clarté et d’une puissance remarquables pour une première partie, évitant l’écueil de la bouillie sonore. Un minimum requis pour apprécier le déferlement d’énergie de la batterie et les cris parfaitement maîtrisés du chanteur !

Weezer : la force tranquille d’une nostalgie assumée
Bien que nous soyons sur Sound of Brit, difficile de ne pas s’attarder sur la suite de la soirée avec Weezer. La rareté de leurs venues en tête d’affiche à Paris (les dernières remontant à 2005 et 2017) avait créé une attente palpable. Dès les premières notes, le constat est double. D’un côté, la maîtrise est absolue : la technique est impeccable, le son est massif et la voix de Rivers Cuomo, imperturbable, semble ne pas avoir bougé d’un iota en trente ans.
Cependant, de l’autre côté, il manque ce petit grain de folie, cette prise de risque qui transforme un bon concert en un moment inoubliable. Le spectacle est presque trop propre. Aucun effet visuel notable, une scénographie minimaliste, et des membres bien trop sages, presque statiques, contrastant violemment avec l’agitation de leurs prédécesseurs. La setlist, elle aussi, joue la carte de la sécurité jusqu’à l’extrême. Certes, 2024 marquait les 30 ans de leur mythique Blue Album, mais on ne s’attendait pas pour autant à ce qu’un seul et unique titre issu de leurs quatorze derniers albums soit joué. Un choix qui fait de ce concert une célébration du passé, ignorant délibérément deux décennies de production.

Mais qu’importe. La vague de nostalgie des années 90, portée par des hymnes comme My Name Is Jonas, Say It Ain’t So ou l’inévitable Buddy Holly, a totalement gagné le public. La plupart des paroles sont scandées à l’unisson, créant une ambiance légère, fun et communicative au sein d’une audience visiblement éclectique. Le spectacle, finalement, est autant assuré par la ferveur de la fosse et des gradins que par la performance sur scène.
Et ne serait-ce pas là, finalement, la plus belle preuve de la réussite de Weezer ? Celle d’un groupe devenu une institution, dont les chansons ont dépassé leurs créateurs pour appartenir pleinement à leur public. Une musique intergénérationnelle, dont la puissance évocatrice suffit à garantir, à chaque fois, un moment de communion collective.
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