04 Sep Rock en Seine 2025 : les Britanniques toujours souverains
Saint-Cloud, 21–24 août 2025 – Le Domaine national de Saint-Cloud a encore une fois été le théâtre d’un ballet musical d’ampleur mondiale. Pour cette édition 2025, marquée par une météo clémente, les artistes britanniques ont une fois de plus occupé une place de choix. Retour sur quatre jours où le Royaume-Uni a confirmé sa domination historique sur la scène pop-rock… sans négliger ses nouvelles voix.
Jeudi 21 août
C’est un jeudi un peu particulier qui se profile cette année avec les annulations d’abord d’ASAP Rocky il y a quelques mois, puis, juste avant le début des festivités, de Doechii. De plus, les fans de british music n’avaient pas grand chose à se passer dans les esgourdes en ce jeudi qui était plutôt axé outre-Atlantique avec notamment Kid Cudi (livrant un set marquant comme l’un des plus décevants pour ce qui est des têtes d’affiches de ce festival) et Vampire Weekend invités sur la Grande Scène. Si on regrette que la formation d’Ezra Koenig n’ait pas été programmé un peu plus tard et un peu plus longtemps, leur passage est l’un des bons souvenirs de cette journée de festival grâce à un set toujours aussi solide et les nombreux tubes que l’on connait tous par cœur. Toujours du côté de l’oncle Sam, Khruangbin marque cette année Rock en Seine avec un passage tout en sensualité bien trouvée et un set très groove qui aura ravi les spectateurs présents.
Mention spéciale : c’est avec Barry Can’t Swim, Écossais de son état, qu’on se console de la piètre performance de Kid Cudi. En effet, ce digne représentant de la scène dance britannique a réussi à retenir notre attention sur la scène du Bosquet au moment où nous quittions le festival et nous aura fait rester plus longtemps grâce à son set dynamique. De mémoire de festivalier, on aura rarement vu autant de monde devant l’artiste programmé en même temps que la tête d’affiche.
Vendredi 22 août
Si l’Australie était à l’honneur avec Empire of the Sun, la présence britannique s’est faite plus souterraine, mais tout aussi influente. Le set de Marc Rebillet, franco-américain élevé à Londres, a retourné la scène Revolut par son sens de l’improvisation. Plus significatif encore : Floating Points a signé l’un des moments les plus hypnotiques du festival. Derrière ses platines, le producteur de Manchester a déployé un set aussi cérébral que dansant, à la croisée de l’electronica et du jazz.

Côté émergence, Kids Return, bien que Français, n’ont pas caché leurs influences très britanniques : entre The Cure et Blur, leur pop nostalgique s’est révélée d’une efficacité redoutable.
Mention spéciale : Aurora qui ensorcelle la Grande Scène avec sa pop scandinave.
Samedi 23 août
Cette troisième journée couvrait un spectre large, de la soul à l’électro. Mais c’est bien Jorja Smith qui a concentré les regards. Rare en festival, la chanteuse originaire de Walsall a subjugué la Grande Scène avec une setlist mêlant ses grands classiques (Blue Lights, Be Honest) à de nouveaux titres plus introspectifs. Une prestation sobre, sans artifices, mais terriblement émotive.

Toujours côte britannique : Jamie XX, membre fondateur de The XX, a livré un set en demi-teinte en clôture de la scène Revolut. Son mix, entre bass music, UK garage et textures ambient, a rassemblé un large public mais, comme lors de son dernier passage en 2022, on le trouve décevant alors qu’il avait été extraordinaire à la Route du Rock l’année suivante, confirmant sa réputation de nous éblouir une fois sur deux.

Mention spéciale : LE concert de Rock en Seine 2025 est délivré par nul autre que nos Français (cocorico !) Justice qui livrent une performance absolument époustouflante emmenée de surcroît par une scénographie qui, pardonnez l’expression, envoie du pâté. Le duo qu’on aime tant en taille patron pour ce dernier concert de la journée.
Dimanche 24 août
Le dimanche s’achevait en apothéose, pour qui, comme nous, raffole d’artistes britanniques.
Sur la Scène Revolut, Stereophonics ont enfilé leurs guitares avec une assurance intacte. Le groupe de Kelly Jones, figure phare de la britpop, a offert un set solide, enrichi de riffs accrocheurs et d’une énergie qui aurait fait vibrer n’importe quel public.

Un peu plus tôt, le duo King Hannah, originaire de Liverpool, a délivré une performance hypnotique et soyeuse sur la même scène. Le chant délicat de Hannah Merrick, évoquant à la fois Nico et Grace Slick, enveloppé dans un mur sonore shoegaze, a rendu ce moment particulièrement envoûtant
Et c’est le grand écart ensuite avec Fat Dog, programmés sur la Grande Scène au cœur de l’après-midi, qui offre, comme à son habitude, un set survitaminé, propice aux pogos, aux crowd-surfs et à, à peu près, toutes les folies possibles et imaginables dans un public. Des airs de kermesse, mais on les trouve quand même bien en mal de se renouveler.

Puis on se rend à la scène du Bosquet que l’on a, en dix ans, jamais vu réunir autant de monde pour tenter d’apercevoir les Irlandais de Kneecap, présents malgré la polémique – on le rappelle la région Île-de-France a menacé le festival de coupes dans les subventions si le trio se produisait au Domaine National de St-Cloud. La raison ? Les prises de positions politiques pro-palestiniennes du groupe… On félicite ici le festival d’avoir maintenu la présence de Kneecap malgré les pressions. On n’aura pas vu grand chose du set, mais ils étaient présents et auront pu faire passer leur message devant un public sans doute un peu attiré par la polémique.
Mais on se dépêche vite de rejoindre la Grande Scène car il est bientôt l’heure d’acclamer nos Irlandais préférés (copains de ceux susmentionnés et pro-palestiniens de même, mais eux ils ne dérangeait apparemment pas Valérie Pécresse…) de Fontaines D.C. Là encore, comme pour Vampire Weekend plus tôt dans le… weekend, on regrette l’horaire et la durée du set. Mais dès son apparition, Grian Chatten nous rappelle pourquoi on les aime tant. Le groupe enchaîne les tubes avec une forme olympique. Ils dédieront Favorite à leurs compatriotes de Kneecap avant d’eux aussi prendre position sur le conflit israélo-palestinien en affichant Free Palestine durant l’un des moments les plus forts de leur set : I Love You. Un dernier Starbuster et il est déjà temps pour eux de quitter la scène.

Mention spéciale : eh bien, cocorico, encore nos petits Français avec The Liminañas qui offrent un set des plus sulfureux, avec des guitares qui grattent comme on les aime et propagent un véritable mur du son sur la scène Revolut qui n’aura jamais sonné aussi psychédélique.
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