Play - Ed Sheeran

Ed Sheeran – Play

Play marque une étape intéressante dans la carrière d’Ed Sheeran, entre introspection intime et ambitions pop plus larges. L’artiste semble vouloir combiner son vécu personnel – parfois lourd – avec des sonorités accessibles et grand public, créant un équilibre entre émotion et efficacité musicale. Avec ce nouvel album, il inaugure une nouvelle « phase » de sa discographie (Play, Pause, Fast Forward, etc.), montrant qu’il réfléchit à sa trajectoire et à une vision d’ensemble, et qu’il ne s’agit pas simplement d' »un album de plus » . Malheureusement, la magie n’opère pas.

L’album s’organise en trois parties. La première, festive, multiplie les morceaux entraînants : Opening surprend par une touche rap rappelant Sing, Sapphire explore des sonorités orientales, et Azizam joue la carte du tube imparable. Ces couleurs rappellent la démarche de Coldplay sur Hymn for the Weekend, et donnent à l’album un parfum d’évasion. Azizam, déjà un tube, confirme qu’Ed Sheeran est une véritable « machine à hits » , capable d’écrire des refrains simples et efficaces.

Ed Sheeran - Azizam (Pink Heart Video)

Tout est calibré pour plaire : mélodies accrocheuses, refrains qui collent à l’oreille, une production solide. Mais rien ici n’étonne vraiment — Sheeran applique une recette qu’il maîtrise déjà depuis dix ans.

La seconde moitié prend une dimension opposée avec une série de ballades plus introspectives. Old Phone séduit par sa sincérité et son habile stratégie marketing (un compte Instagram nourri de vieilles photos), Symmetry reprend les touches orientales de manière plus posée. Ces chansons touchent, certes, mais elles restent dans un registre familier, presque attendu. On retrouve le Sheeran intimiste, efficace, mais sans étincelle nouvelle.

Ed Sheeran - Sapphire (Official Music Video)

La troisième partie enchaine avec des titres très produits, plus lourds en arrangements, avec une volonté de moderniser le son. Dans cette veine, on y retrouve des titres comme Dont Look Down ou Heaven. Cette bascule apporte de la variété, mais on pourrait aussi percevoir un sentiment de dispersion dans l’album : une forme d’hésitation entre les ballades pop auxquelles il a pu nous habituer et la tentation d’aller vers une musique surproduite.

Pour autant, c’est indéniable, Ed Sheeran reste un vrai chanteur. Son timbre particulier, reconnaissable entre mille, et son identité vocale affirmée apportent une sincérité à ses morceaux. Il faut rappeler qu’il est connu non seulement pour ses performances lives – seul avec sa guitare et sa loop station – mais aussi pour sa capacité à enchaîner les albums et à maintenir une présence constante sur les chartes et le paysage musical. Si, là encore, sa voix au timbre singulier et son identité vocale forte restent ses meilleures armes, on ne ressent pas de véritable évolution avec cet album. Néanmoins, il serait intéressant de voir si, à l’occasion de sa prochaine tournée, il ne fera pas le choix d’être accompagné d’un groupe pour donner plus d’ampleur à ses morceaux.

En définitive, Play est un album agréable, mais qui n’apporte rien de particulièrement marquant. La division en trois mouvements apporte une certaine dynamique, mais donne l’impression que les morceaux s’enchainent mécaniquement sans renouveler le genre ni surprendre durablement. Ed Sheeran confirme son talent de songwriter universel, mais reste un peu trop dans sa zone de confort.

Verdict : un disque qui s’écoute facilement, mais qui s’oublie vite.

Tracklist :

(version deluxe)

Opening
Sapphire
Azizam
Old Phone
Symmetry
Camera
In other Words
A little more
Pillow Talk
Slowly
Dont look down
The Vow

Heaven

Problems
War Game
Regrets
Freedom

La note de la rédactrice : 6/10 
Ses titres préférés
 : Old Phone, War Game , Azizam

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