11 Déc John Robb – Oasis Live Forever

Pour les fêtes de Noël, on vous recommande vivement de lire Oasis Live Forever de John Robb. C’est un livre essentiel pour tous ceux qui aiment Oasis, mais aussi la musique britannique de manière générale.

Je fais partie de ces fans d’Oasis qui connaissent toutes leurs chansons par cœur, y compris les faces B, et qui ont déjà vu la majorité des interviews des frères Gallagher disponibles sur YouTube. Alors, avant de lire ce livre, ma plus grande question était : vais-je encore apprendre quelque chose ? Et la réponse fut un oui retentissant.

L’inventeur de la Britpop

Journaliste de renom, John Robb a couvert une grande partie de la scène musicale britannique des années 1980 et 1990 pour des publications comme Melody Maker ou The Guardian. Ce travail lui a valu d’être le premier journaliste au monde à employer le mot « britpop » en 1987 dans le magazine Sound. Et surtout, cela lui a permis de connaître Noel Gallagher, bien avant qu’il rejoigne Oasis ou même les Inspiral Carpets puisque ce dernier était déjà passionné par la musique depuis ces jeunes années. Ainsi les 200 premières pages du livre se concentrent sur l’époque pré Definitely Maybe.

Des êtres humains avant tout

On y croise une foule d’histoires et de personnes dont on ne parle jamais assez :

• Chris Hutton, le tout premier chanteur du groupe, bien avant Liam.
• Tony French, qui a créé les premiers visuels avant l’arrivée de Brian Cannon.
• Louise Jones, l’ex-petite amie de Noel à qui est dédiée la chanson Married with Children.
• Les anciens collègues de Liam Gallagher lorsqu’il travaillait comme voiturier.

Ces anecdotes prouvent qu’Oasis n’est pas uniquement l’affaire des frères Gallagher. Leur succès n’est pas arrivé du jour au lendemain, comme on pourrait le penser en regardant les chiffres. Si leur premier album a connu un succès commercial immédiat, le groupe a, avant cela, galéré pendant des années, enchaînant les petits boulots et les répétitions quotidiennes.

L’art du journalisme

Le point fort du livre réside dans la qualité d’écriture de John Robb. S’il a participé à plusieurs événements clés de la carrière d’Oasis, il reste avant tout un journaliste. Ainsi, il ne donne jamais son point de vue et se contente de relater les faits tout en multipliant les sources et les points de vue. Cela peut paraître anecdotique, mais pour un contenu sur Oasis, c’est presque salutaire. Pourquoi ? Parce que les Gallagher sont de talentueux conteurs d’histoires. Liam adore lancer des blagues aux fans (comme les fameux « BIG ANNOUNCEMENT IMMINENT » sur X avant de révéler quelques heures plus tard que l’annonce en question est « I am the bollocks » ). Noel est décrit comme très éloquent, mais capable de « mixer la vérité avec beaucoup d’inventions » pour rendre l’histoire plus drôle ou plus sensationnelle, et se mettre en valeur.

Ajoutez à cela les journalistes qui amplifient leurs propos et les livres écrits par d’anciens associés blessés, et vous obtenez un tas de légendes dont, trente ans plus tard, plus personne ne connaît la vérité.

BIG ANNOUNCEMENT IMMINENT

— Liam Gallagher (@liamgallagher) December 2, 2025

Rockfield : La vérité derrière la batte de cricket

Le livre de John Robb arrive à temps pour apporter de la nuance. L’une des meilleures illustrations concerne la fameuse bagarre dans les studios de Rockfield qui a conduit Noel à frapper son frère avec une batte de cricket. Ce soir-là, John Robb était là. Il a pu constater que Noel travaillait jour et nuit pour perfectionner le futur album, (What’s The Story?) Morning Glory, pendant que Liam passait son temps au pub. Mais ce n’est pas ce qui a conduit à la dispute.

Le dérapage est survenu lorsque Liam a invité des membres d’un autre groupe à dîner. La soirée se passait bien, Liam étant décrit comme drôle et attentionné. Tout a basculé quand un invité très alcoolisé a jeté un plat de pâtes en plein visage de Liam Gallagher, après avoir critiqué avec virulence les nouveaux morceaux. Liam a été le premier à frapper, déclenchant une bagarre générale qui a détruit le studio.

Quand Noel est sorti de sa cabine d’enregistrement, voyant la pièce dévastée et son frère au milieu de la mêlée, il s’est mis hors de lui. C’est ce contexte précis qui mène à la situation qui a dégénéré.

Dans le livre, les deux frères sont souvent décrits comme sympathiques et faciles à vivre… jusqu’à ce que les gens en face d’eux dépassent vraiment les limites. Le problème, c’est que cela est arrivé de nombreuses fois. Et plus leur mauvaise réputation augmentait, plus les gens s’en donnaient à cœur joie.

Une alchimie même dans le chaos

On parle de bagarre et d’ego, car c’est ce que les gens retiennent. Mais John Robb parle aussi beaucoup d’alchimie. Il en faut pour passer son enfance, son adolescence, puis 15 ans sur la même scène et dans les mêmes loges. Il en faut pour composer des chansons en sachant exactement comment son petit frère va les interpréter. Et inversement, il faut une connexion rare pour interpréter parfaitement, dès la deuxième prise, la version définitive des chansons écrites par son grand frère.

Cette alchimie, l’auteur en parle beaucoup, mais il n’est pas le seul. Des musiciens comme Bonehead ou Tony McCaroll le constatent également. Il existe quelque chose de magique entre ces deux frères qui font qu’ils ne seront jamais aussi bons qu’une fois ensemble.

Les années 2000 enfin détaillées

Si les années 1990 occupent les 380 premières pages, le livre consacre les 80 dernières pages aux années 2000. C’est peu, mais c’est beaucoup plus que la plupart des autres ouvrages sur le groupe.

Ce contenu permet d’observer la dynamique du groupe une fois que le succès et les excès ont commencé à diminuer. Bien que John Robb n’ait pas été présent le soir de la dernière dispute à Rock en Seine en 2009, la lecture des mois précédant la rupture confirme que le groupe était de toute façon destiné à imploser.

Mieux encore : Robb a interviewé Noel quelques semaines avant l’annonce de la reformation. Ces passages offrent une perspective fascinante sur l’état d’esprit du Mancunien à ce moment crucial.

Verdict : Oasis Live Forever est la lecture que tout fan d’Oasis se doit de posséder. Elle ne fait pas que raconter des anecdotes ; elle restitue l’humanité et la complexité des hommes derrière le mythe.