Radiohead Arras

Tournée européenne de Radiohead : on était à Madrid !

Sept ans après leur dernière tournée, Radiohead annonçait le 3 septembre 2025 un nouveau tour en Europe ! Au total, 20 concerts répartis entre plusieurs villes européennes : Madrid, Bologne, Londres, Copenhague et Berlin. Paris n’en fait pas partie. Forcément, la déception est là. Mais très vite, une idée s’impose : il faudra être là, ailleurs, peu importe où.

L’obtention du Graal

L’annonce tombe quelques jours avant mon anniversaire. J’en profite pour solliciter mes proches : nous sommes une demi-douzaine à tenter notre chance lors de l’inscription sur le site, le 5 septembre. Très déçue par le système de billetterie mis en place pour la reformation d’Oasis, je garde peu d’espoir quant à l’obtention d’un billet pour voir Thom Yorke et sa bande. Sans surprise, je ne fais pas partie des personnes sélectionnées pour accéder à la vente…

Heureusement, le sort en décide autrement. Une amie obtient une place. Ce sera Madrid, pour la deuxième date de la tournée européenne du quintet anglais.

Vamos a Madrid !

Mercredi 5 novembre, aéroport d’Orly.
Trop impatiente pour arriver à l’heure raisonnable, je me présente trois heures avant le décollage. Dans la grande salle d’embarquement, les passagers arrivent au compte-gouttes. Un piano est en libre accès. Un jeune homme y est déjà installé (il était encore plus impatient que moi !) et, pendant l’attente, enchaîne plusieurs morceaux de Radiohead. À cet instant précis, ça y est : nous y sommes enfin.

Face à moi, un père et sa fille échangent déjà sur les titres qui pourraient être joués ce soir. Pour ma part, je préfère ne rien projeter, ne rien attendre de particulier. J’ai soigneusement évité tout contenu lié à l’ouverture de la tournée la veille, filtrant images, vidéos et setlists. Je veux être surprise, du début à la fin.

Un public au rendez-vous et une scénographie hors du commun

Sous une pluie battante, j’arrive à la Movistar Arena de Madrid. On dirait bien que les prodiges d’Oxford ont amené avec eux la météo terrible d’outre-Manche !
Il est 18 heures, les portes sont ouvertes depuis peu et de nombreux fans sont déjà sur place. En arrivant à l’intérieur, j’ai tout de suite été frappée par la taille gigantesque de la salle. En effet, ce soir, les britanniques ont donné rendez-vous à pas moins de 17 000 personnes !

Puis, deuxième chose frappante, la scénographie. Au centre de la salle, comme sortie de terre, s’élève une impressionnante scène circulaire. Si elle est pour le moment cachée par de grands panneaux noirs, on devine les instruments derrière ces derniers. Je parviens à me faufiler dans la fosse et prends place aux côtés de fans espagnols, anglais, portugais et français bien sûr. Le public est à l’image du groupe : international et intergénérationnel. Du fan de la première heure, qui les a découverts avec Creep en 1993, au couple de jeunes vingtenaires, Radiohead fédère sans effort.

Everything In It’s Right Place : un show où tout est à sa place

Il est 20h30 lorsque la salle plonge soudainement dans l’obscurité. Le groupe traverse la foule pour rejoindre la scène centrale, sous les cris des fans. Sans un mot, 2 + 2 = 5 ouvre le concert. Un choix percutant, frontal. La batterie de Philip Selway impose immédiatement une tension palpable, soutenue par la basse précise de Colin Greenwood. Thom Yorke, déjà totalement habité, donne le ton.

C’est à ce moment que l’on découvre pleinement la scénographie : les panneaux noirs autour de la scène commencent à bouger, se levant et s’abaissant de manière aléatoire. Parfois, ils laissent entrevoir quelques éclats de la scène et les musiciens à l’œuvre, parfois ils servent de surface de projection pour diffuser des images du concert, donnant l’impression que la musique prend forme visuellement autour de nous. La scène devient vivante et chaque note, chaque geste, semble amplifié par ce jeu de lumière et de mouvement.

Lorsque résonnent les premières notes de Jigsaw Falling Into Place, l’émotion est immédiate. Le morceau n’avait plus été joué en live depuis 2009. Je chante à tue-tête, portée par une euphorie collective difficile à décrire. Thom Yorke danse, librement, comme s’il était seul dans son salon, indifférent aux milliers de regards braqués sur lui. Le moment est irréel. All I Need prend ensuite le relais, plus sombre, plus introspective, laissant place à une tension presque étouffante.

Puis arrive Reckoner qui s’impose comme l’un des grands moments de la soirée. En live, le titre prend une ampleur saisissante. Je reste fascinée par la voix de Thom, toujours aussi juste, fragile et puissante à la fois. Avec You and Whose Army?, Radiohead rappelle toute sa force collective. La montée est lente, implacable, jusqu’à l’explosion finale, portée par une précision chirurgicale.

La surprise continue avec (Nice Dream), elle aussi absente des setlists depuis 2009. Entendre ce morceau en live me laisse presque sans voix. Le temps semble se suspendre, le public écoute religieusement, conscient d’assister à un moment rare.

Et sans crier gare, vient Exit Music (For a Film). Ma chanson préférée, toutes catégories confondues. Dès les premières notes, en comprenant que c’est LE moment, l’émotion me submerge. Je laisse échapper une larme et d’ailleurs, en jetant un rapide coup d’œil autour de moi, je ne suis pas la seule. Tout y est : la retenue, la montée en tension, l’explosion finale. En écrivant ces quelques lignes, j’en ai encore des frissons. Un moment profondément intime, partagé pourtant avec des milliers d’autres fans.

Un encore mémorable

L’encore est tout simplement, pardonnez mon langage, ouffissime. Let Down ouvre cette dernière partie du concert, déclenchant une vague d’émotion collective. Thom Yorke prend ensuite la parole pour rappeler que c’est l’anniversaire de Jonny Greenwood. Spontanément, les 17 000 spectateurs entonnent un Happy Birthday chaleureux et sincère. Le guitariste esquisse un sourire discret, visiblement touché. C’était vraiment un de ces moments imprévus qui rendent un concert inoubliable.

Weird Fishes / Arpeggi enchaîne ensuite, hypnotique, portée par les guitares entremêlées et la rythmique envoûtante. Ensuite, Present Tense s’impose comme un sommet, majestueux et enveloppant, avant que Paranoid Android ne rappelle la richesse du répertoire. Et enfin, le concert s’achève sur Everything In Its Right Place, lumineuse et introspective, concluant parfaitement cette soirée intense et inoubliable.

Une soirée gravée à jamais

Ce soir là, j’ai assisté au concert de ma vie. Et je dois vous avouer qu’encore un mois et demi plus tard, j’ai du mal à réaliser ce que j’ai vécu. Radiohead a livré pendant plus de deux heures un show qui prend aux tripes. Chaque morceau, de 2 + 2 = 5 à Everything In Its Right Place, respirait l’émotion, la précision et la magie collective d’un groupe au sommet de son art.

Je suis sortie de la salle avec l’impression d’avoir assisté à quelque chose de grand, mais aussi avec l’excitation et la curiosité : qu’est-ce que le groupe nous réserve pour la suite ? Après une telle soirée, on n’a qu’une envie, c’est de les revoir, de revivre cette énergie, de continuer le voyage avec eux ! Alors à bientôt ?

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