White Lies : Big TV, la confirmation

Deux ans et demi après Ritual, White Lies nous revient avec un troisième opus : celui de la confirmation.

 

Big TV artwork white lies

 

Avant de s’appeler White Lies, ils avaient peur de s’envoler. Depuis, les banlieusards de Londres ont bien pris de la hauteur, et mieux ne cesse de grimper, s’imposant comme une formation centrale du paysage pop-rock britannique. Deux albums, To Lose My Life et Ritual, ont consacré le rock indé et sombre d’un trio qui use et abuse des sonorités new wave, si bien que pour les détracteurs, on ne voyait pas ce que Joy Division grimé en Editors venait apporter de plus dans le paysage.

 

Un état de fait vient contrer les sceptiques, puisqu’à l’heure où créer de la mélodie et s’inscrire dans un univers sans pomper à droite ou à gauche s’avère compliqué pour beaucoup, White Lies se détache de la masse. On avait plaisir à voir en eux un habile, voir parfois jouissif, croisement entre Depeche Mode et Echo & The Bunnymen, mais c’est encore plus judicieux d’aujourd’hui y voir White Lies, tout simplement. Leur troisième effort, Big TV, nous le prouve.

 

 

A l’instar de l’excellent morceau « Big TV » qui débute l’album, ou de « Getting Even » (titre dévoilé en guise de mise en bouche à ce retour), ce son si alléchant s’affirme de couplet en couplet. Il y a l’assurance d’une voix reconnaissable d’entre toutes (Harry McVeigh), un son magnétique, profond et en même temps aérien. Ce qui apparaissait si facile au départ vire à la réussite totale, tant White Lies s’est affirmé dans ce son chiadé qu’ils maîtrise à merveille.

 

 

Dans cet opéra rock électronico-mélodieux en trois parties (« Space ii » se distinguent en interludes), on savoure le détail. D’une évolution pop savamment orchestrée « There Goes Our Love Again » à l’onirisme noir de « Change », White Lies se montre mature, séduisant. Et ce n’est pas un hasard si dans la précédente phrase, un tube côtoie une douceur savoureuse. C’est que White Lies, le groupe qui suscite l’adhésion dans des titres plus rythmés, nous fait décoller par une large palette d’expérimentations, du hit rock porté par une voix caverneuse à l’enivrement définitif d’une expérimentation psyché / new wave dont on n’aimerait ne jamais redescendre.

 

 

Dans Big TV, White Lies joue avec les ruptures sans jamais interloquer. On peut ainsi parler de « Change » à « Be Your Man » (notez que l’aspect sombre est légèrement amoindri rien que dans la titraille) ou de « First Time Caller » à « Mother Tongue ». Face aux synthés jubilatoires, White Lies renforce toujours un peu plus ses guitares, comme un pied-de-nez à ceux qui n’y voient qu’un son new wave progressiste bas de gamme. Et c’est oublier que White Lies était pas le passé tributaire d’un son plus post-punk.

 

Pour pousser un peu plus loin la métaphore autour de l’envol au propre comme au figuré, il y a dans Biv TV cette faculté à faire danser, sauter main en l’air, ou tout bonnement faire décoller son auditeur dans des vagues d’émotions salvatrices, à l’image de « Goldmine », grosse conclusion aux 45 minutes qui viennent de s’écouler.

 

Une fois Big TV achevé, on se met à penser que Ritual serait donc sorti trop tôt, ne venant qu’ajouter qu’une couche visant à rassurer le fan naissant sur les qualités indéniables de To Lose My Life. Plus mature, recherché, définitivement aérien et entraînant, Big TV confirme que White Lies avait une base solide que le groupe a travaillé pour sublimer le moindre son, se détachant ainsi de ces comparaisons peu flatteuses à des groupes actuels (Editors, The Killers) pour mieux s’affirmer.

 

LA NOTE : 7,5 / 10

 

Whites Lies, en tournée : 

 

– Bruxelles, Ancienne Belgique, 29 novembre

– Paris, Trianon, 1er décembre

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