14 Déc Placebo à Bercy : La pilule était-elle agréable ?
Pays chéri par la formation britannique, la France accueillait Placebo dans l’antre vieillissante de Bercy. Nous y étions.
Il fut un temps où l’on pleurait le Nancy Boy. A l’aube des vingt ans, alors que Placebo vient défendre un nouvel album, Loud Like Love, a-t-on fait le deuil de cette période à la fois punk, androgyne, déroutante, poétique ? A Bercy, alors que Placebo revenait sur une des terres européennes où ils sont très appréciés, le groupe emmené par Brian Molko n’a rien démontré de plus. Entre sections insipides correspondant trop souvent à ce que Loud Like Love procurait à l’écoute studio, setlist irrégulière et élans de génie revival, le spectateur tente de se placer.
Dans l’immense Bercy, Placebo a voulu opter pour un show épuré, sans grand spectacle (si ce n’est un rideau s’abaissant au pied de la scène pour proposer quelques effets de relief impossibles à déceler pour ceux qui se situent dans les gradins latéraux). L’entrée sur B3 paraît expéditive, criarde. Il leur faudra For What It’s Worth pour transcender un peu les foules, rappelant que Battle for the Sun était effectivement dans l’expérimental, quand Loud Like Love se joue dans une ambiance platonique. Si on excepte les morceaux Too Many Friends, Scene of A Crime et le refrain d’Exit Wounds, l’ennui est palpable.
Il suffit de s’en convaincre en regardant l’engouement du public, à la fois pendant ces morceaux (Purify, Rob The Bank), mais également lorsque Brian Molko lance des tubes d’un ancien temps, Every Me Every You, Twenty Years… Après un début intéressant, le concert s’affaisse avec une longue mi-temps si on se situait dans un match de football ou de rugby. On la situera de A Million Little Pieces à Blind. Même le formidable et nerveux Steve Forrest à la batterie n’arrive guère à nous emballer pendant cette période.
Par la suite, Placebo va être dans la démonstration qu’en moins de vingt ans, le trio a été un fleuron du rock britannique, empilant les tubes et morceaux rock endiablés. Ce qui suit se nomme un enchaînement du tonnerre : Meds, Song To Say Goodbye (ou quand Placebo tirait un trait sur son passé par ce titre qui reste encore profondément détesté par beaucoup), Special K et l’incontournable The Bitter End. Entre ces deux dernières, Stefan Olsdal et le public parisien fêteront comme il se doit les 41 printemps acquis de Brian Molko en ce 10 décembre. Le frontman à la voix nasillarde en reviendra tout ému.
Avec le rappel passant à la vitesse de l’éclair, Placebo joue une version lente de Teenage Angst, avec de reprendre Running Up That Hill, jouer Post Blue et conclure d’une fort belle manière avec l’excellente Infra-red. En somme, une fois l’air froid d’un soir d’hiver parisien retrouvé, on constate que Placebo n’a pas forcé sur son talent pour proposer un concert dont on se souviendra. On préfère même ne repenser qu’à l’ultime partie de ce concert, à savoir 8-9 dernières chansons, plutôt que de ressasser les irrégularités du show. En revanche, il est certain que la période Loud Like Love ne fera pas date dans l’histoire du groupe, et cette transposition sur scène en était l’illustration.
Setlist :
B3
For What It’s Worth
Loud Like Love
Twenty Years
Every You Every Me
Too Many Friends
Scene of the Crime
A Million Little Pieces
Speak In Tongues
Rob the Bank
Purify
Space Monkey
Blind
Exit Wounds
Meds
Song to Say Goodbye
Special K
The Bitter End
—–
Teenage Angst
Running Up That Hill (Kate Bush cover)
Post Blue
Infra-red
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