Review : Only Real – Jerk At The End Of The Line

Ambitieux et résolument moderne, le premier album d’Only Real est un vrai aimant à bonne humeur, et pourtant …

Avec sa dégaine d’ado attardé et sa pochette à la police approximative, le chanteur met en transe avec son hip-hop sous acide délicieux.

Les derniers seront-ils les premiers ? comme le beuglait la québécoise. Apparemment oui. Only Real offre la revanche aux loosers après Beck,  sans plus de panache mais plus de dérision. Dès l’introduction Twist It Up pourrait dire sous quels cieux, l’album se situe. Une attaque de Gremlins bien excités sur un air pop chill out à la mode avec la folie d’Hot Chip. Mais les quelques notes à la guitare électrique donnent, en un instant, plus d’envergure à  l’ensemble comme pour annoncer l’ambition un peu diffuse de s’amuser. La chanson titre, Jerk pour dandy déchu, au rythme totalement pop et aux guitares hyper entraînantes est calibrée pour devenir un tube de l’été californien, mais quand le jeune rouquin donne de la voix, c’est plus le quartier populaire aux briques rouges d’Hammersmith où il a grandit qui saute aux oreilles… Enfin de la voix, du flow plutôt. Le chant nonchalant du jeune Niall Galvin a tout du rap urbain mais dans certains refrains, c’est presque Damon Albarn qui ressurgit même si  effets et arrangements sont aussi délicats que les motifs de sa chemise… Du gros son DIY soit, mais assez d’effets à faire pâlir de grands maîtres  du tube.

Yesterdays, pas Beatles pour deux sous, mais avec une bonne dose de LDN à la Lilly Allen avec un côté urbain pas forcément propret  mais décontracté. Le gars a, d’ailleurs, aussi traîné ses basques à King Cross. Break It Off pourrait pourtant changer la destination  du jeune homme. Avec ces guitares percutantes quasiment happées par le flow et ce contexte de la Brit Pop, c’est toute la génération  Y qui ose ses influences surf, Gansta, Shoegaze et flower power grâce au musicien de 22 ans. Can’t Get Happy, encore plus amer et premier degré, dresse le portrait de cette génération désenchantée mais sucrée. Ou est-ce le moment de se réveiller pour sentir l’amour dans les premières compositions?

D’ailleurs en parlant de première composition en voilà une qui a déjà fait parler d’elle avant …. et pas n’importe où. Sur Pitchfork, Blood Carpet a assuré  les belles heures des logeurs à la mode ou sites à la pointe. Mais la version album est bien plus assumée, moins dream pop comme l’affirmation d’une clameur entre rap et chanson. Il faut croire qu’il préfère la revendication d’un story teller accompagné de choeurs moins enjôleurs, plus énergiques, purs et durs pour le live. Petals continue cette dichotomie suave entre douceur du son et amertume du rap.

Cadillac Gril a aussi roulé sa bosse mais dans une grande harmonie saturée illuminée par une réverbération exacerbée, il est bon de voir la critique sociale sous la couche mate. Daisychained est très distinctement enchaînée aux claviers, sans faire partie de ces chansons utilisées par agents secrets pour torturer ou alors dans un masochisme assez poussé avec un rythme, digne des Drums dopés ou  des notes  résonnantes pour un écho urbain, Pass the pain.

Back seat kissers et When It Begins viennent clore l’album qui pourrait devenir la bande originale de Skins avec la mélancolie mineure des petits matins. Et malgré ces airs de comptines et ces petits choeurs assez mignons, il y a plus d’instrumentalisation et … de sérieux comme si c’était le temps de se dire au revoir avant l’ arrivée dans l’âge de raison. La fin du début de la fin.

Tracklisting :

Intro (Twist It Up)

Jerk

Yesterdays

Break It Off

Can’t Get Happy

Blood Carpet

Petals

Cadillac Gril

Daisychained

Pass The Pain

Backseat Kissers

When This Begins

DISPONIBLE dès le 15 Mars 2015

NOTE : 8 / 10

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