La sortie de ce sixième album nous montre que Simon Green a son regard fixé sur de plus grandes choses. L’artiste, connu sous le nom de Bonobo, a fait un pas en avant très ambitieux avec Migration, à la fois doux et voluptueux, aux collaborations riches et variées.

Migration ; un album n’a jamais aussi bien porté son nom. Plus qu’une composition ethnique, c’est un album de l’ouverture, aux multiples horizons, et qui embrasse un panel d’étoffes sonores. Des arrangements élégants et légers viennent apporter une richesse sonore à l’electronica bien maîtrisée de Bonobo. Oscillant et intense, c’est un univers paisible mais imprévisible, évoquant un état constant d’émerveillement enfantin. Dès l’ouverture de l’album, avec le titre éponyme Migration, on sent un doux appel au voyage, porté par des notes de piano à la fois fragiles et vivantes. C’est une ouverture audacieuse, qui mêle à la fois un sentiment d’apaisement et une fièvre de renouveau.

Kerala a été le morceau qui a inspiré le titre « Migration » et a eu un effet considérable sur Bonobo, car non seulement les douze titres évoquent l’idée d’un furieux besoin de se déplacer, mais ils pensent surtout au-delà des cultures occidentales. Ontario en est aussi un exemple instrumental, magnifiquement conçu, mais le titre le plus explicite reste Bambou Koyo Ganda, où le groupe marocain Innov Gnawa intègre naturellement leur voix à des percussions plus dures mais plus évoquantes.

Simon Green continue son utilisation périodique d’autres artistes qui prêtent leur voix afin de transformer ses idées électro en chansons pop à part entière. Break Apart, avec les sonorités gracieuses de Rhye, est exquis ; Surface, mettant en vedette Nicole Miglis de Hundred Waters, est encore mieux, et on le verrait bien inspirer d’intéressants remix. Enfin, No Reason avec le génie de Nick Murphy (Chet Faker) et ses synthés glacés, est l’une des plus belles pièces pop de l’album.

Ce qui réussit si bien à Simon Green, c’est sa capacité à se renouveler continuellement, sans jamais se répéter d’un album à l’autre, tout en s’imprégnant de ses contemporains dont on ressent dans son oeuvre les influences : Rival Consoles, Olafur Arnalds ou encore Peter Broderick.

En un mot, Migration a ajouté plus de couleur et de profondeur au développement musical de Bonobo. Après quinze ans, la maturation et l’expérimentation de Simon Green ont conduit à la création de ce qui sera probablement salué comme son magnum opus.