Minor Victories – Orchestral Variations

Minor Victories revient, moins d’un an après son éponyme premier album, avec une inattendue réinvention orchestrale de ce dernier. Ecoute et critique.

Le supergroupe a accaparé l’actualité musicale de 2016: échappés de Slowdive, Mogwai et Editors, le quartet a livré un premier album post-rock/shoegaze ambitieux et inventif en diable, petite pépite unique et indispensable.

Bien décidés à ne pas se reposer en 2017, Minor Victories reviennent ainsi avec un nouvel album qui n’en est pas vraiment un: Orchestral Variations consiste, comme son nom l’indique, en une réinvention orchestrale de chaque titre présent sur le premier album éponyme sus-nommé. Une initiative surprenante, qui se réserve malheureusement à un public de niche.

Minor Victories au Pitchfork Festival, la Villette, Paris, le 29 octobre 2016

Ainsi, c’est pas moins d’une heure d’écoute que nous impose ce Orchestral Variations. Retravaillés, les morceaux se retrouvent même mélangés, créant une tracklist bouleversée, qui se conclut néanmoins toujours par le mélancolique Out To Sea. Pour le reste, c’est réinvention sur réinvention, surprise sur surprise.

Tout un attirail symphonique est déployé au fil de ce Orchestral Variations. L’ouverture Cogs nous accueille avec piano et violons, mais de nombreux autres superbes instruments mystères (dont nous n’oserions vous gâcher la découverte) viendront réinventer les morceaux de Minor Victories, de Breaking My Light à A Hundred Ropes.

De l’éponyme album, il ne reste presque rien. Débarrassés de leur substantifique moelle pour revenir à la source même de la composition et ouvrir sur un travail purement symphonique, les morceaux sonnent d’une façon inédite, inventive, inattendue. C’est bien simple: l’étiquette Minor Victories semble s’effacer pour laisser place au travail d’un unique orchestre symphonique proposant ses propres compositions.

Minor Victories ne compte visiblement donc pas se laisser faire enfermer dans une case: de shoegaze post-rock à classique symphonique, de charybde en scylla, le quartet change totalement d’identité, de forme. Prise de risque à double tranchant: là où cette initiative peut découvrir et faire apprécier le travail du groupe à une minorité jusque-là insensible, ce même album orchestral peut laisser les fans de l’éponyme album totalement indifférents. Des goûts et des couleurs on ne discute pas.

Minor Victories au Pitchfork Festival, la Villette, Paris, le 29 octobre 2016

Car il est bien difficile de s’y retrouver dans ce Orchestral Variations: outre sa gargantuesque durée, les titres s’enchaînent sans réel marqueurs ou repères frappants. L’écoute est noyée sous la décharge de violons, et l’auditeur se retrouve très vite confus, appréciant les superbes envolées lyriques de certains titres sans pouvoir cependant mettre un nom dessus.

Encore une fois, comme dans le cas du dernier effort de sir Eno, il est ici question de subjectivité. Ce complexe effort de Minor Victories peut laisser parfaitement insensible les fans les plus acharnés, ou tout simplement les décourager. Se plonger dans cette réinvention est une tâche ardue et coûteuse, qui ne pourra être appréciée qu’après une écoute minutieuse et attentive; effort bien rare de nos jours.

Réinvention de tous les possibles, Minor Victories marque malgré tout avec Orchestral Variations un exploit: celui de prendre, de garder le goût du risque, malgré leur ultime statut de supergroupe. Reste à voir si le voyage proposé vous touchera.

 

Tracklist

Cogs (Orchestral Variation)

Breaking My Light (Orchestral Variation)

The Thief (Orchestral Variation)

Give Up the Ghost (Orchestral Variation)

Scattered Ashes (Orchestral Variation)

Folk Arp (Orchestral Variation)

For You Always (Orchestral Variation)

A Hundred Ropes (Orchestral Variation)

Higher Hopes (Orchestral Variation)

Out to Sea (Orchestral Variation)

Nos morceaux préférés: Cogs (Orchestral Variation), Folk Arp (Orchestral Variation), A Hundred Ropes (Orchestral Variation)

La note: Symphonique/10

 

 

 

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