23 Oct Stubborn Heart ne se borne pas au travail en studio
Avec un service minimum, les Stubborn Heart ont pourtant réalisé l’impensable: faire danser en première partie les festivaliers du MaMA festival.
Luca Santucci avait chuchoté à quelques journalistes chanceux, quelques secondes avant de rentrer sur scène : « j’ai les mains qui tremblent, c’est toujours comme ça avant de commencer. » Pourtant à son micro, c’est un interprète à l’air détendu que découvre le public réduit du Bus Palladium. Avec son double Ben Fitzgerald aux platines,, il accomplit le miracle de faire se trémousser les spectateurs du MaMA festival. Visiblement heureux mais totalement stressé, le duo électro a sa formule pour se décontracter sous les projecteurs. Casque vissé sur les oreilles, le DJ s’adonne, consciencieusement à son travail, battant le rythme du chef. Le chanteur, aux faux airs du leader de Girls in Hawaii, se frotte les mains, boit un verre comme pour décompresser avant le corps à corps avec le public. Et il en faut de la détermination pour faire fondre le public nocturne un brin frileux! Même en abusant de sa voix perchée à la Thom Yorke et en rajoutant des vibes électo, le duo n’arrive qu’à faire frétiller une poignée d’afficionados d’une musique de genre. Les deux musiciens londoniens abattent alors leur arme secrète : la séduction française mais… baissent aussitôt les bras avant de tenter le coup. « Je suis tellement nerveux, la prochaine chanson, je devais la faire en français mais … ça sera en version originale. » Avec un sourire gêné qui a l’avantage de détendre l’atmosphère, les premières notes de « Penetrate » enthousiasment les coeurs, notamment de ceux qui avaient eu la chance de les voir au festival Field Day de Londres.
Et avec une danse assez douce sur des notes sucrées, se dessinent alors deux styles personnels mais unis sur la même scène. D’un côté, un DJ anonyme lors d’un DJ set d’ambiance, de l’autre, un musicien en studio qui préfère garder les yeux fermés pour intérioriser sa musique. Deux univers très très différents qui scindent la scène en deux mais continuent de rassembler la foule. Presque en transe sur « Blow », Luca Santucci donne le coup fatal et demande poliment dans son délire planant : « s’il vous plaît, venez tous devant, pour qu’on se connecte, sinon ça va m’énerver… » Il ne fallait, apparemment que cette formule courtoise, pour attirer tous les spectateurs. Et alors que l’éclairage blanc devient aussi saccadé que celui des boîtes de nuit, que le chanteur se trémousse en lorgnant la foule d’un regard assez prégnant, et que le DJ enchaîne samples de classiques et airs new wave, les festivaliers se lâchent totalement dans la fosse. Dans un chant du cygne saturé purement électro voire Dubstep, le duo quitte la scène avec un simple « j’ai beaucoup aimé ce concert » entraînant les derniers cris des nouvelles groupies, qui n’avaient rien à envier à celles des Beatles, 60 ans avant, au même Bus Palladium.
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