04 Nov Miles Kane : « Cheeky but not Cheesy »
De son nouvel album Don’t Forget Who You Are en passant par Jack White et la pop mainstream, petite entrevue avec Miles Kane sans prise de tête.
Vendredi 1er Novembre, Les Docks à Lausanne, 20h. Sound Of Britain retrouve Miles en backstage peu avant son concert pour une interview de 15 minutes. L’occasion rêvée pour en apprendre plus sur son nouvel album et sur lui-même; la vie en tournée, ses artistes préférés, et ce qu’il pense de l’industrie dans laquelle il évolue.
SOB : D’abord, merci de prendre le temps de répondre à mes questions !
Miles Kane : Pas de problème.
Ce n’est pas la première fois que vous jouez en Suisse n’est-ce pas ?
Non, je crois que j’ai joué à Genève…
Oui, et au paléo festival !
Oui, c’était il y a deux ans mais… Où sommes-nous maintenant, Leron, Le…
(rires) Nous sommes à Lausanne !
Lausanne, nous sommes ici maintenant. C’est la première fois qu’on joue ici, c’est super.
Avez-vous déjà eu le temps de visiter la ville ?
Non, car je viens d’arriver de Paris il y a quelques heures. J’ai dû aussi faire une radio, donc malheureusement non.
Le titre de votre nouvel album est « Don’t Forget Who You Are ». Cela peut être un message pour vous-même, et pour n’importe qui l’écoutant. Comment gardez-vous la tête froide avec tout ce succès ? C’est le but de l’album n’est-ce pas ?
Hum… Je pense que c’est vraiment facile, pour être honnête. C’est juste quelque chose dont je voulais me rappeler comme tu l’as dit, mais je pense que c’est– tu sais, juste parce que tu fais de la musique, mais- j’imagine que c’est juste ne pas oublier ce genre de choses du monde dans lequel on vit, où les gens veulent être comme les célébrités et tout ce qui va avec. J’imagine que c’est aussi facile de se faire attraper de cette manière, parce que tu vois les gens le faire etc, mais je veux juste que ce soit pour la musique, et ne jamais m’écarter de l’idée, parce que je pense que c’est pourquoi tu fais ce que tu fais, tu vois ce que je veux dire ?
« Les gens veulent être comme les célébrités »
Oui, de plus vous êtes en major maintenant, donc j’imagine que cela pourrait être facile d’être pris dans cette sorte de spirale ?
Oui… Je pense que je veux juste continuer de prendre plaisir à faire ma musique.
Les chansons de l’album sont toutes honnêtes et très personnelles. Pensez-vous que cela contribue à la proximité avec vos fans ? Comment définiriez-vous votre relation avec eux ?
Eh bien je pense qu’elle semble grandir, on visite plus de pays et les concerts deviennent plus grands, même en Angleterre et en Europe, c’est vraiment cool.
« Je pourrais collaborer avec Jack White »
Vous avez aussi écrit deux chansons avec Paul Weller, « the modfather », Fire in My Heart et You’re gonna get it. Aimeriez-vous collaborer avec d’autres artistes ?
Si je pouvais choisir, j’adorerais, comme… J’adore Jack White, et je pense…
Ah d’accord ! Blunderbuss?
Ouais, j’adore ça, j’adore! Et j’aime les effets de son travail, c’est cool. Tu sais, il est toujours en train de sortir des disques, et je pense qu’il travaille assez vite, et que c’est un gars bourré de talent.
Oui c’est vrai, peut-être avez-vous ce son assez brut en commun, comme dans Sixteen Saltines ?
Oui ! Cet album solo était une inspiration pour moi ! Tu sais, je pense que dans les chansons de mon album comme Give Up j’essayais d’avoir un son un peu similaire. Mais ouais, Sixteen Saltines c’est cool comme chanson n’est-ce pas ?
Oui oui, je l’aime beaucoup ! Donc ce serait Jack White en priorité.
Ouais.
Il y a beaucoup d’influences différentes sur votre album. Je voulais savoir quel est votre processus d’écriture quand vous voulez créer une nouvelle chanson, et s’il a changé depuis Colour of The Trap.
Hum… C’est toujours différent, mais concernant les chansons de cet album pour la plupart, il y a tellement d’idées qui ont été écrites sur la route. Tu es toujours avec plein de monde et tu sais, tu es en quelque sorte achevé par rapport à ça. Beaucoup de paroles ont été écrites à ce moment-là, de manière très classique, quand tu t’assois avec la guitare acoustique. Mais j’imagine que c’est la seule manière de le faire quand tu es en solo, je sais que j’ai un très bon groupe, je sais que quand tu es dans un groupe tu peux répéter etc, mais je pense que la manière dont je l’ai toujours fait, c’est avec une guitare, quelque part tout seul. Et des fois, tu vas juste prendre des paroles que tu avais trouvées, une ligne d’un livre où peu importe où ailleurs, et obtenir une chanson.
« J’ai toujours écrit mes chansons avec une guitare, quelque part tout seul »
Quelque chose qui revient souvent par exemple ?
Oui des fois, mais après- récemment j’aime bien –pas que je commence déjà à écrire de nouveaux morceaux, parce que je veux y réfléchir avant-, mais c’est bien quand nous sommes en tournée et que lors du soundcheck avec le groupe, nous obtenons des nouveaux grooves et de nouvelles idées. Ce genre de choses m’inspire beaucoup.
D’accord, alors la tournée peut vous servir d’inspiration.
Pas toujours, mais en ce moment oui, vraiment.
Pourrions-nous maintenant parler un peu de la culture mod ? Dans quelle mesure influence-t-elle votre travail ?
Eh bien, probablement beaucoup. C’est juste qui tu es, et tu sais j’aime les vêtements qui taillent bien et mod-ish, et tu sais je pense que çela a toujours été ainsi.
Pour continuer sur le sujet, dites-moi si je me trompe mais en entendant la chanson « What condition am I in » j’ai pensé aux Small Faces !
C’est une chanson très mod n’est-ce pas ! Quand nous étions en train de l’écrire, nous l’appelions le « mod stomper », celle-là est pour les mods n’est-ce pas !
Oui, et la guitare m’a rappelé…
C’est très Small Faces, tu as tout à fait raison.
Oui, c’est la première chose qui m’est venu à l’esprit, et aussi le passage où vous criez « You tell me baby !» m’a vraiment rappelé Steve Marriott…
Oui, il y a ces petits bouts, quand tu cries « Yeah baby !», tu as raison. Tu aimes ça, les Small Faces ?
Oui, je suis une grande fan (ndlr :pour ne pas dire fanatique…).
C’est super.
Je suis aussi fan de votre travail, bien-entendu.
Bien-entendu. (rires)
Aussi, il semble que vous aimiez beaucoup Jacques Dutronc. D’où cette admiration vient-elle ? Je veux dire par là qu’il n’est pas anglais.
Je sais. Ca vient juste d’un ami qui m’a montré des vidéos, je pense qu’on était en train de parler de Gainsbourg ou quelque chose dans le même sujet, et il m’a demandé « as-tu entendu le chanteur français Jacques Dutronc » et il m’a juste montré des vidéos, et j’ai juste pensé que c’était vraiment cool, et j’aime ses chanson, comme « Le Responsable », dont on a fait une cover. Et j’aimais bien son apparence aussi.
J’ai appris « cactus »…
Ouais ouais, c’est « cactus » (ndlr : prononcé à la française !)
Oui, quand j’étais à l’école !
C’est vrai ? (il fredonne) Le monde entier, nana…
(Je le reprends) est un cactus, il est impossible de… Ouais.
Ouais ! (rires)
Pourriez-vous aussi nous parler de votre dernière chanson sortie, « better than that », elle sonne très 60s…
Ouais. C’est aussi très mod, n’est-ce pas ?
Oui, je n’ai choisi que les chansons mod en fait (ndlr : je n’ai réalisé qu’après coup !) !
(rires) oui je sais. C’est juste une bonne chanson pop. Elle est vraiment- avec les paroles, c’est vraiment… Une chanson très réfléchie, tu vois ce que je veux dire, tu parles de tes héros que tu admires, c’est une chanson très positive, je pense que c’est probablement la chanson la plus positive que tu puisses écrire !
J’aime bien la partie « L-O-V-E », parce que je pense que… Ca pourrait être… c’est un peu drôle…
C’est limite cheesy, mais ça ne l’est pas !
Oui, je ne sais pas, mais je trouve que c’est sympa !
C’est comme-je ne veux pas me comparer à eux mais comme les Beatles. C’est un peu cheeky (insolent)… Mais pas cheesy (ringard)… Mais c’est limite cheesy mais ça ne l’est pas… Tu vois ce que je veux dire ? (rires)
Cheeky mais pas cheesy.
Oui, cheeky mais pas cheesy. Voilà ton titre !
A présent j’ai des questions plus générales. Que pensez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui ? Par exemple, la révolution digitale ou le star-system ?
Qu’est-ce que tu veux dire par star-system ? Attends… Ah oui excuse, oui…
Je ne sais pas si c’est pareil en anglais, mais…
Oui, dans la pop-music.
« Il y a toujours eu de la pop manufacturée ringarde »
Oui, je veux dire ces stars qui sortent de nulle part.
Oui. Eh… Eh bien à nouveau, c’est comme- oui, il y a tous ces trucs comme le X-factor tu sais- ça peut être ennuyant, mais après, comme mon ami me l’a dit, c’est facile d’avoir de la pop. Mais on dirait que les gamins d’aujourd’hui ne connaissent pas quelque chose de différent, ils pensent que c’est cool de faire ça, tu vois ce que je veux dire, mais c’est juste que- je pense que la chose de la pop musique qui te fais penser que c’est de la merde, ou que c’est mainstream, je veux dire, qu’il y ait le X-factor ou pas, il y a toujours eu de la pop manufacturée ringarde. C’est juste qu’il y a une émission, si tu vois ce que je veux dire.
Oui bien-sûr, mais je veux dire, même pour les Beatles dans les années 60, ils étaient très médiatisés à un moment. Ils étaient vraiment une machine à argent.
Oui. Mais je pense que c’est juste tellement fou n’est-ce pas, et je pense aussi avec twitter et tout ça aussi. Dans ma tête je pense qu’il y a un peu d’intermédiaires qui manquent à ces choses. Quand tu regardes David Bowie, ce genre de personnes- il ne va plus chanter il est dehors pour manger, tu vois ce que je veux dire, les gens qui tweetent chaque minute en disant « je mange un sandwich »… Et cela m’ennuie un peu… C’est juste… Tu te lèves et tu vis ta vie.
Avez-vous un rêve ? Par exemple, commencer une sorte de révolution rock’n’roll ? Avez-vous de plus grandes ambitions ?
Oui, je rêve toujours de mes rêves, tu vois ce que je veux dire (rires), je pense que je veux toujours… Mais tu sais, je pense que je l’ai fait quand je suis devenu plus célèbre, je veux donner de plus grands concerts…
Dans les stades comme les Rolling Stones?
Je sais pas, ouais, je veux dire- ce serait super que cela soit comme les Rolling Stones, mais juste faire des bons albums, parce que j’aime tellement donner des concerts, alors ce serait cool que je continue comme ça.
« Je veux donner de plus grands concerts »
Comment s’est passée la tournée jusqu’à maintenant ?
C’était cool. J’étais en tournée pendant la plupart de l’année, et j’ai vraiment aimé l’Europe.
Le rythme me semble infernal, un concert par soir.
Oui, tu dois tenir le coup, rester fort.
Prêt pour ce soir ?
Je le serai dans un moment.
Qu’avez-vous de prévu une fois que la tournée est finie ?
Hum… Je ne sais pas…
Avez-vous déjà des idées pour un nouveau disque ?
Oui, je suis en train d’y penser. J’ai écouté beaucoup de musique soul.
Comme Move On Up de Curtis Mayfield?
Oui, ce genre de choses.
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