25 Nov Jake Bugg en demi- teinte
Le jeune musicien de Nottingham a pris son temps pour laisser le public de l’Olympia sans voix.
Il faut trouver la bonne combinaison en live et Jake Bugg a, peut-être, traîné avant de trouver la sienne. Il y a, visiblement, un avant et un après sa mise à nu sous les spotlights. Enfin une mise à nu métaphorique. Car les nombreuses fans du premier rang, premier ou second âge, celles qui avaient aimé les Spice Girls, n’auraient pas été contre un » effeuillage » à voir leurs yeux enamourés! L’idole des jeunes a déjà, du haut de ses 19 ans, son lot de groupies qui l’attendent de pied ferme et qui sont déjà séduites par sa première partie. HoneyHoney, duo folk assez prometteur qui avait la lourde tâche de chauffer la scène, récolte un succès fulgurant et place la barre très haut.
Et c’est face à une salle pleine que l’ancien folkeux doit garder la température ambiante. Avec sa nonchalance habituelle , le musicien se présente , exhibant sa tenue de scène : un T-shirt noir, sur pantalon noir. Rien de bien scintillant pour un début de concert tout en retenue. Mais même sur There’s a Beast and We All Feet It et Seen It All, l’artiste fait déjà crier les jeunes filles comme leurs aînés, avec un jeu de guitare totalement traditionnel.Sur sa guitare nacrée, le gars longiligne montre bien sa maîtrise vocale et musicale tout en grattant sur son manche à droite puis à gauche. Le double jeu de Jake Bugg va aussi à merveille avec son ton superbement aigu qui contraste habilement avec ses interventions parlées « merci » et « bonjour Paris » plutôt rares. Le silence dure quelques secondes entre deux chansons, rythmé par le chœur de fans sur Two Fingers. Et voilà ce qui sauve Jake Bugg : son public. Totalement porté par les siens, le musicien peut dire merci à ses spectateurs totalement surexcités, au comportement si éloignés du service minimal du bassiste ou de l’énergique batteur. Mess Up Kids sonne comme le début de sa métamorphose, faisant quelques pas sur le devant de la scène et disant même bonjour au balcon d’un pas hésitant. Fléchissant un peu sur ses jambes, comme un Franz Ferdinand, et grattant énergiquement sur sa guitare électrique, le musicien réussit sa transformation rock avec le stoïcisme qui le qualifie.
Et puis c’est le calme. Laissé par ses copains musiciens, le jeune homme se retourne pour réaliser qu’il est tout seul sur scène. Avec un léger rictus, il marmonne : « c’est une petite chanson, ça fait longtemps » annonçant Country Song. Sous une lumière blanche, face à la foule, avec son accent si particulier, le garçon est diablement plus convaincant et touchant, ne sachant pas quoi répondre aux « I Love You » mal placés des demoiselles enthousiastes. Avec la même formule, Pine Trees et Song About Love résonnent dans un silence pesant où seule sa voix s’envole pour toucher le firmament. Et là quand le jeune se tait , la salle est en standing ovation.
Dès lors, les pendules sont remises à l’heure et il va même narguer les passionnées du premier rang, c’est donc le moment de balancer Taste It. Et ça frétille dans la fosse, galvanisée par ses solos. Le gros succès est encore au rendez-vous avec son single What Doesn’t Kill You de son deuxième album Shangri La tout public confondu! Puis, et puis… c’est fini. Couper aussi brutalement l énergie sous les pieds ne se fait pas, et comment ne pas regretter les premières minutes du concert.
Il faut peu de temps à l’interprète pour revenir sur le devant de scène avec la bonne formule : seul sous le néon. Il jure ne faire que quelques chansons en plus, ce qui ravit tout le monde! Il recommence par Broken avec le même charme qui promet, cette fois, une bonne fin! Mais le groupe se reforme tout d’un coup et pour la bonne cause. En reprenant le fameux Hey Hey, My My de Neil Young, Jake Bugg retrouve une bonhomie naturelle. Faisant des risettes à ses musiciens, il va même exciter le public, entre deux riffs, en esquissant quelques pas de danse… à ne plus le reconnaître ! C’est pourtant avec un morceau bien connu qu’il continue son récital. A l’intro de Lightning Bolt, tout le monde se met à sauter au balcon comme dans la fosse. La bouche grande ouverte et dodelinant de la tête, le garçon se livre davantage – on avait failli attendre – pendant que le public, les bras levés bat des mains. Un peu usé mais juste ce qu’il faut, un petit tour et puis s’en va, sourires, salue et puis… salut!
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