Bastille, la victoire en chantant !

Si le succès d’un groupe se mesure à la file d’attente avant son concert, celui de Bastille fut immense le 26 novembre au Bataclan. La réalité n’est pas si éloignée.

 

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Les adolescents venus en nombre pour voir leurs idoles de l’année bloquaient presque le boulevard Voltaire. Des jeunes à la tignasse en hauteur bien rangée, prêts à l’heure et en file bien ordonnée pour le combat musical ! Le groupe sait, pourtant, se faire attendre dans un calme relatif où la foule si patiente se contente de fredonner Kemosabe d’Everything Everything qui passe en fond sonore. Mais après le son, place à la lumière ! Et celle-ci fut une vraie explosion sur scène. Sous les projecteurs éblouissants, la bande à Dan Smith récolte déjà les bonnes vibes du public avec Bad Blood. Le chanteur aux faux airs de Nick Grimshaw au total look noir scintille, mais pas pour sa communication poussive ! Sautillant sur lui-même et parfois tournant le dos à la foule, le leader londonien finit parfois la tête entortillée dans sa capuche de sweat. Et c’est toujours dans sa bulle mais sans être pourtant coupé du monde que le chanteur entonne sans perdre une seconde Things We Lost in the Fire. Armé de deux fines baguettes, il ose scander le rythme du morceau à cordes donnant ainsi le tempo à un public totalement conquis. Et même en changeant la formule, les fans sont toujours autant séduits. Plus intimiste dans un presque acoustique Overjoyed ou misant plus sur l’énergie avec The Silence, le ton est toujours efficace, à en faire lever le balcon dès le début du show. Dans un fondu en noir, sur les cris de la foule en folie, le meneur du groupe fait entendre comme un rictus sonore « Nous Sommes Bastille » dans un français impeccable, comme un hommage historique au pays qui a donné le nom du groupe. Le quatuor, bon à faire danser, répète indéfiniment la même recette : quelques onomatopées, des mélodies pop presque rock, des jeux de lumière précis au millimètre près, des sauts suivis par la foule,  pas forcément en rythme, et boom, ça retombe comme un soufflet. Et pourtant ce charisme  décontracté satisfait le public en masse qui ne boude pas son plaisir. Remerciant humblement la foule avec un « merci d’être venus » entre Daniel in the Den et Weight of Living, Pt.II, l’idole répond à l’appel du public hystérique par sa voix montant très haut . Dans un presque solo, l’idole se retrouve tout seul à l’avant-scène,  alors que se lèvent des vagues illuminées au plafond et luisent les appareils photos en fosse.

Et puis c’est la révolution électro pop à nouveau. Se hissant sur les amplis‘, au niveau du batteur mais aussi… du public, tellement en forme, le chanteur annonce quelque chose d’énorme. Sous des lumières clignotantes et saccadées, Laura Palma réveille les chœurs sautillants et les applaudissements rythmés. Imitant les riffs de guitare avec micro, Dan Smith, aussi jovial que le chapelier fou d’Alice au pays des merveilles, mène, de sa voix d’or, cette soirée karaoké géante. Géant ou gros effet blockbuster, c’est un peu l’idée de ce concert de Bastille. Tout est en grand. Même sur Flaws, la folie est sous-entendue , avec d’imposantes images de flammes qui donnent étrangement envie de danser, un peu comme les Two Door Cinema Club dont ils ont fait la première partie. Ça sent la fin, lentement mais sûrement. Après un simple mais poli « merci, on est contents d’avoir joué à Paris », il chausse capuche pour … partir ? Pas sans un bain de foule aseptisé. Les techniciens tendant le fil du micro se font du mauvais sang. Mais la foule passionnée forme de petits groupes sages autour de l’idole qui, stoïque, enchaîne les notes d’une justesse terrifiante. Retour sur scène, avec des applaudissements groupés. Mais il manque quelque chose, comme un super tube.

 

Cet ultime passage se fait au piano sur l’émouvant Get Home avec quelques fausses notes -histoire de prouver que le meneur de la soirée est bien humain ! Il conclut le morceau  par : « on en a encore deux chansons et des bonnes » et ajoute « Je suis le plus mauvais danseur de Paris, je suis désolé mais on va essayer de faire quelque chose. » Et il en fallait des pas de danse pour se dandiner sur ce Of the night. Ce mash-up de Rythm of the night de Corona, tube cheap, mal aimé en boîte, connaît un vrai succès par le groupe londonien avec ses « oh yeah ».

 

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D’ailleurs en parlant de mono syllabes, en  voilà avec les fameux « hey oh hey oh hey oh » de Pompeii. Et pour finir en beauté et en harmonie le show, le groupe de première partie, «To Kill the King est appelé en renfort de chorale. Un final en forme de feu d’artifice où le public et les musiciens chantent d’une seule voix. Un peu comme un concert des Lumineers, on en retient plus l’ambiance que la performance. Dans un « au revoir » timide, modeste mais authentique, on comprend alors mieux pourquoi le journal, The Independant, avait défini le chanteur du quartet « The quiet man who can’t stop singing ».

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