23 Fév Rhodes et Nick Mulvey : Fines fleurs du Folk
Les deux musiciens britanniques ont amené ailleurs le public de la Flèche d’Or, le 19 février.
Il y a certains soirs où les concerts de pop ressemblent à des récitals classiques. La soirée folk du 19 février à la Flèche d’Or était l’un de ceux-là.
Au départ pourtant, tout était un peu surprenant. Avec sa dégaine échappée des XX et sa pochette d’EP stylisée Raise Your Love, Rhodes semblait sorti d’un tableau post wave assez régressif. Mais le chanteur préfère plutôt se complaire dans son champêtre folk plutôt que dans l’électro urbain.
L’évadé d’Hitchin ose monter la note sur Your Song pas à la manière d’un chanteur de stade mais avec une certaine délicatesse. Entre deux gorgées d’eau, le gars du Hertfordshire fait résonner ses râles éraillés dans Believe, comme une bouteille à la mer en espérant capter l’ouïe des spectateurs en caressant celles bien ouvertes de sa guitare . Très vite, le parterre se laisse séduire par ce folk élégant au jeu de guitare tel un violon pincé. Et les applaudissements timides mais présents saluent la dérive électrique du musicien au doigté très léger, ravi de précéder le « chanteur incroyable ».
Nick Mulvey. Le voilà justement, l’admirable interprète. Mais combien a-t-il de doigts? C’est la première question qui vient à l’esprit quand le jeune homme saisit sa guitare. Ce n’est pas parce que c’est la deuxième fois qu’il passe à Paris, après le Mama Festival, que le jeune homme n’en est pas moins impressionnant. Plus classe et moins root que la dernière fois, le chanteur de folk devient tout d’un coup troubadour de Cambridge. En tenant sa gratte fermement et balançant ses jolies ballades aux sons de ukulélé sortant de sa guitare et au timbre solaire, le temps est au décalage horaire. Byebye la grisaille d’Angleterre, welcome les plages de sable fin de Tahiti! Le spot jaunâtre devient alors soleil artificiel se levant dans la Flèche d’Or quand sa voix plane au-dessus de la foule serrée en silence. Ce coup de soleil musical n’a rien d’étonnant pour l’artiste qui a étudié la musique à la Havane. Le public commence à se dandiner, métamorphosant les spectatrices vêtues de parkas en vahinés des îles. Le Jack Johnson britannique continue son invitation au voyage avec l’envoûtant tube Cucurucu à l’image de son clip exotique. L’escapade pacifique continue avec une vraie plongée dans la grande bleue comme thématique avec Follow Me To The Bay, de circonstance.
Dans une ambiance très bon enfant, le chanteur, seul en scène, ose pourtant casser l’atmosphère, chuchotant dans son micro comme une incantation magique. Le recueillement passé, cap vers le romantisme avec I Don’t Want To Go Home pendant lequel le guitariste ose briser la glace. Le regard plus ouvert et un peu amusé, il murmure un « thank you Paris »signe de départ anticipé avec une fin toute en beauté. Fever To The Form suscite des « ouah » dans la foule. Le tube permet au chanteur de prendre de l’ampleur et vue la chaleur, le voyage tropical a bien eu lieu! Et la musique dans tout cela?… Le folk se porte bien !
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