28 Mai Review : Coldplay – Ghost Stories
Deux ans et demi après le triomphal Mylo Xyloto, Coldplay revient avec un album dépressif, Ghost Stories, où les récits d’un célibataire fraîchement largué et insomniaque notoire.
Chris Martin ne va pas bien. Et plutôt que d’aller à la chasse aux infos dans les tribunes people dont les unes sont occupées par le chanteur britannique depuis sa séparation, fin mars, d’avec Gwyneth Paltrow (mère de ses deux enfants), autant écouter Ghost Stories pour constater que notre leader de Coldplay est en bad trip. La rupture, cette notion de séparation d’un être cher, occupe le nouvel opus de Coldplay, long de 9 titres. Et on comprend pourquoi.
Essentiellement écrits pendant les nombreuses insomnies d’un Chris Martin obnubilé par la rupture, puis enregistrés dans l’ancienne salle à manger de Guy Berryman, les textes de Ghost Stories sont aussi sincères que profondément ennuyeux. Loin de la quintessence des tubes qui ont façonné la dernière décennie, Chris Martin signe ici un album très personnel, minimaliste, peut-être même trop. L’éternel romantique n’avait hélas pas d’autres choix d’exprimer sa tristesse, sa solitude, le poids des fantômes, dans des paroles qu’il a choisi – parfois maladroitement on va le voir – de mettre en musique en invitant son auditeur à un voyage onirique plutôt déprimant et redondant.
Pas un seul morceau n’est pas habité par l’amour envolé, la séparation. De cet Always in my head introduisant les insomnies de son auteur et les fantômes de l’amour perdu, à O (qui aurait dû s’appeler Fly On) qui offre en second plan une once d’espoir, Ghost Stories traite de la même chose, de long en large, avec des paroles tantôt touchantes, tantôt franchement barbantes.
Que dire de la mélodie, de la monotonie de Magic (le premier single) rythmée par des beats sans relief qui introduisent l’auditeur dans le nouvel espace musical électronique de Coldplay, au lancinant Oceans. Loin de The Scientist qui réussit toujours à nous émouvoir, la déchirante True Love tente maladroitement de nous soutirer une larme. Sur cette chanson où le chanteur demande à l’être aimé de lui dire encore « Je t’aime », même s’il y a mensonge derrière, les violons exacerbés et bien trop grandiloquents viennent croiser un riff de guitare sorti de nul part – il faut avouer que la guitare est quasi absente de cet album essentiellement électronique.
S’il aborde avec sincérité la perte de l’être cher dans Ink, recherche le dépouillement par la création superficielle avec l’étonnant Midnight (créé par ordinateur façon Jean-Michel Jarre), Ghost Stories nous ennuie profondément, soporifique à un tel point que le tube en puissance A Sky Full of Stars (composé en étroite collaboration avec le Calvin Harris du pauvre, Avicii) détone dans l’ambiance psych-onirique avec une question au bout des lèvres : mais qu’est-ce que ce morceau vient faire ici ?
Chris Martin a beau être profondément marqué par la rupture, soit, mais son mal-être ne peut pas être l’excuse à un cruel manque d’inspiration et d’envergure dans cet album, autant dans les paroles que les mélodies, loin d’être aussi fédératrices que par le passé. Quant à ceux qui osent y voir un retour aux sources, il y a quand même matière à nous réveiller de notre sommeil avec pareille affirmation. Coldplay est loin de ce qu’il a créé par le passé, et ne se rapproche pas franchement non plus de Mylo Xyloto, le virage « moderne » entamé par la bande de Chris Martin pour livrer des shows de stades ultra explosifs et dantesques.
Pour autant, Ghost Stories n’est bien qu’une parenthèse – ratée – dans l’histoire de Coldplay. Le groupe, qui cartonne pourtant dans les bacs avec cet opus, ne tournera pas pour défendre cette ultime création (hormis les dates déjà bookées) et prévoit de retourner en studio pour une septième création que l’on espère autrement plus joyeuse, ou le cas échéant, vraiment plus inspirée et inspirante.
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