11 Sep Review : FKA twigs – LP1
Pendant que Banks fait sensation aux Etats-Unis, la Grande-Bretagne se prend d’affection pour Tahliah Barnett, aka FKA twigs, et dont le premier album LP1 est applaudit par la critique.
Chez les mélomanes et critiques, il y a FKA twigs, l’artiste r’n’b protéiforme (auteure-chanteuse, danseuse, productrice et même réalisatrice) dont l’album LP1 est clairement l’un des ovnis de l’année. Chez les tabloïds, il y a Tahliah Barnett, jeune chanteuse née d’un père jamaïcain et d’une mère espagnole et danseuse, qui ne serait autre que la petite amie de Robert Pattinson. Mais la belle ne veut pas tout mélanger, et souhaite plus que tout être connue et appréciée pour sa musique. Alors, peut-on s’en convaincre ?
Autant être averti avant de s’aventurer dans l’écoute de l’aérien LP1 : les codes du r’n’b, FKA twigs semble très bien les connaître, et c’est aussi pour cela qu’elle s’en amuse. Capable d’être aussi planante qu’un obscur Portishead pour la touche trip-hop, envoûtant vocalement parlant avec une voix dont la sensibilité et la beauté rappelle Aaliyah croisée avec Janet Jackson sous weed, mais aussi plus hype que les Banks et autres Iggy Azalea, FKA twigs n’est pas à prendre à la légère. Son talent a déjà aiguisé la curiosité du producteur Arca (à qui on doit le fameux Yeezus de Kanye West), qui a produit son EP 2, ou de Paul Epworth (Adele), juste après la signature de la chanteuse de Gloucestershire sur le label Young Turks. Après les succès de morceaux tels que Water Me ou Hide, parcourant les internets à la vitesse de l’éclair notamment grâce à des clips originaux et presque dérangeants, FKA twigs a décidé de sortir cet été son premier opus, LP1.
Pour mieux résumer ce que l’ex-danseuse discrète croisée chez Kylie Minogue ou Plan B a pu nous concocter sur cet album, le single Two Weeks a rapidement mis d’accord les observateurs. Savoureux mélange de r’n’b maniéré, de trip-hop lancinant, le tout sublimé par une voix fragile et envoûtante, ce titre a permis à la brunette d’exploser aux yeux du grand public. Mais que ce dernier soit prévenu : on ne rentrera pas aussi facilement dans LP1. Plus difficilement accessible dans son ensemble, ce premier exercice s’écoute néanmoins avec rapidité et sans relief majeur. 10 titres et quelques trips ou savants mélanges de rythm and blues, trip hop et électro lunaire (Hours, Give Up), FKA twigs détone. Expérimentale, comme sur Pendulum, ou subtilement charmeuse avec Lights On (comment inviter à une partie de sexe sans ressembler une seconde à un clip de Nicki Minaj), plus explicite dans Kicks (morceau sur la masturbation, parfait contrepoids au Blow d’une Beyoncé se trémoussant sur un R&B de stade), lancinante avec le refrain de Video Girl, la chanteuse anglaise s’amuse des codes dans un exercice planant et étrange en même temps. D’un point de vue sonore, la musicalité non naturelle d’un Closer rompt par exemple avec l’envolée quasi religieuse de son interprète. L’expérience vaut donc au moins l’intérêt d’y prêter une oreille attentive. C’est aussi par ce genre de surprises que FKA twigs risque de dérouter. En espérant qu’elle ne tombe pas dans la hype désuète qui désinhibe la beauté intrinsèque de purs artistes.
No Comments