30 Oct Passenger : Son rêve éveillé à l’Olympia
Songwriter de talent, Passenger est devenu au fil des mois un showman brillant et attachant. Son passage à l’Olympia en était l’illustration parfaite.
Des débuts hésitants d’un homme au talent inné qui tentait de masquer au mieux une certaine forme de solitude sur scène, Passenger est devenu en l’espace de deux années folles et riches pour ce chanteur passé de la rue aux plus grandes scènes d’Europe, un véritable show à part entière. Mardi 28 octobre, le jeune britannique se produisait sur la mythique scène de l’Olympia, défendant son dernier opus, le tout aussi réussi Whispers.
Force est de constater qu’en quelques mois, Mike Rosenberg de sa véritable identité s’est forgé une sincère et puissante présence sur scène. Dès qu’il arrive sur les planches guitare à la main, entamant Rolling Stone devant près de 2000 spectateurs curieux de voir comment un homme et son instrument vont tenir en acoustique 90 minutes durant. Ce qui suivre peut aisément se qualifier de démonstration. En quelques minutes, Passenger va tenir son public au creux de sa main. Une énergie décuplée sur scène, des paroles raisonnant face à des fans et autres curieux envoûtés, et un véritable sens de la communication. Rares sont les chanteurs et encore plus, groupes, à offrir pareille spectacle, à utiliser autant – et aussi bien – le verbe sur scène. Au Trabendo, on avait reproché le côté bavard d’un Passenger plutôt économe sur le côté musical. A l’Olympia, son habile partage des genres a permis au public de passer une soirée parfaite, entre une bonne dose de folk dépressive ou énergique, et une pointe de one-man-show.
Reprenant à tue-tête le titre-phare du bonhomme, Let Her Go (dont son auteur dira qu’il a composé en 45 minutes au soit d’un concert peu fameux), ou bien se complaisant dans l’exercice de la reprise avec Sound of Silence (de Simon & Garfunkel) en passant par What Is Love, parfait au cœur d’un mash-up avec The Wrong Direction, le public semble avoir bien compris ce que Passenger attendait de lui. Comme lorsqu’il se fait silencieux au possible sur l’ambiance pesante de Riding to New York, introduit avec une vive émotion par l’attraction du soir, expliquant qu’il avait fait une rencontre ayant changé sa vie lorsqu’il a croisé sur son chemin un biker fumeur atteint d’un cancer du poumon se payant un road-trip à travers les Etats-Unis pour revoir une dernière fois les membres, proches ou éloignés, de sa famille. Les paroles qui émailleront les rythmes à la guitare de ce morceau pourront résonner avec justesse contre les parois de l’Olympia. Le public, cachant pour certains une émotion palpable la gorge serrée, s’en délecte.
Capable de transcender sur les foules sur I Hate ou la très personnelle 27, Passenger sait aussi émouvoir avec une aisance déroutante, comme lors du rappel, où l’intrépide prend le risque d’interpréter la sublime Golden Leaves (probablement ce qui se fait de mieux en matière de chanson de rupture dépressive et mélancolique). C’est ce parfait équilibre qui fera du concert de Passenger un moment unique et une soirée idyllique. Après avoir convié le groupe folk The Once sur scène pour Start A Fire, et avant d’entamer Holes pour conclure son set, Passenger introduit ses parents et avoue les avoir convié à l’Olympia pour un anniversaire particulier. En tribune, le couple immortalise leur génie de garçon en train de lâcher ses dernières forces d’un titre forcément puissant. Le père filmant, la mère applaudissant et chantant avec des yeux pétillants… Lire cette sincère émotion, à l’image de la soirée, n’avait pas de prix.
NOS PHOTOS DE PASSENGER A L’OLYMPIA
Setlist :
Rolling Stone
Life’s for the Living
The Wrong Direction / What is Love
Riding to New York
The Sound of Silence (Simon & Garfunkel cover)
I Hate
Coins In A Fountain
Heart’s On Fire / Wake Me Up
Let Her Go
27
Whispers
Scare Away the Dark
——–
Golden Leaves
Start A Fire (avec The Once)
Holes
No Comments