23 Sep New Order – Music Complete
25 ans après son apogée, New Order revient avec un album électro. Que vaut-il ?
Pour quelqu’un ayant été au cimetière de Macclesfield sur la tombe de qui-vous-savez, sans oublier de passer par le 77 Barton Street, un album de New Order ne peut pas et ne sera jamais un disque normal.
Or, la normalité, voire l’insignifiance, était la caractéristique des albums de New Order issus du come-back des années 2000. Waiting for the Sirens’ Call était une bouse. Suivi par presque 10 ans d’aigreur, de séparations, de règlements de comptes par livre / médias interposés, de tournées nostalgiques. Bref ça sentait bien la fin. Loin était le temps de Blue Monday, ce morceau fondamental et révolutionnaire. Loin aussi était l’époque du Second Summer Of Love avec Technique pour bande son et le maxi E for England…
25 ans après cette apothéose à base de pilules magiques, New Order revient avec Music Complete. Au complet ? Non bien sûr, pas de Peter Hook mais Gillian Gilbert fait de nouveau partie du groupe avec Bernard Sumner et Stephen Morris (sans oublier les autres qui officiaient déjà sur les albums des années 2000 et de Bad Lieutenant). Avec aussi quelques collaborateurs prestigieux : La Roux, Tom Rowlands / Chemical Brothers, Brandon Flowers et Iggy Pop.
Sorti pendant l’été, le single Restless a une qualité mélodique certaine mais un peu mou quand même et surtout basé sur un son guitar-pop moderne en 1983. Mais un refrain étonnamment mémorable
Et maintenant, enfin, le nouvel album. La rumeur promettant un disque Electro.
Evacuons d’entrée de jeu un faux problème : l’absence de Peter Hook. Elle ne se remarque pas, les lignes de basse sont les mêmes, c’est juste que la production ne les met pas en avant.
La tonalité de l’album est vraiment Electro-dance avec très peu de moments de fragilité et beaucoup de bang-bang rentre-dedans. Or, l’intérêt des disques de New Order provient de l’émotion obtenue par le conflit entre la voix à la limite de la cassure de Sumner et l’efficacité des machines. Dans Music Complete, les machines ont gagné sur toute la ligne. Paradoxalement, c’est peut-être mieux chanté mais les mélodies sont tellement paresseuses qu’on a l’impression d’avoir été laminée par les rythmes.
Pour un disque de danse, c’est plutôt un compliment, me direz-vous. Certes mais sachant que les Chemical Brothers n’ont jamais été les princes de la subtilité, et que de nombreux morceaux s’en inspirent,le son est vite étouffant. En fait, plus de la moitié des morceaux pourrait faire partie d’une bande son signée Giorgio Moroder. Pas vraiment un prince de la subtilité non plus.
Donc, plus que sur l’échelle bien/ pas bien, cet album doit se juger au niveau tu danses / tu danses pas et là, suivant votre état, il peut se révéler être excellent. C’est l’écouter à la maison qui va poser un problème.
Enfin, comme sur chaque album de New Order, Music Complete a un bijou, un classique, une perle. Elle s’appelle Tutti Frutti. Et comme il ne faut pas se gêner, autant se plagier soi-même : c’est une synthèse de Sub-Culture et Fine Time. Un morceau commençant par « tutti frutti, amore mio » avec une voix grave (on imagine tout de suite un costar blanc, un yacht, une moustache, chaine en or et poils sur le torse), suivi de plusieurs minutes de pure bonheur à base de refrain débile à reprendre en chœur, d’Italo-Disco, de Funk et de House. C’est juste très idiot et en même temps sublime. C’est le New Order qu’on aime et c’est grâce à ce morceau que Music Complete va vous aider à passer l’automne.
Tracklisting :
Restless
Singularity
Plastic
Tutti Frutti
People On The High Line
Stray Dog
Academic
Nothing But A Fool
Unlearn This Hatred
The Game
Superheated
Nos Morceaux favoris : Tutti Frutti, Restless, People On The High Line, Nothing But A Fool
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