17 Oct Interview : NUDES
Tom Giddins & Owen Wallace Lasch du groupe NUDES ont fait un détour par le Nuba Club pour nous parler de leurs influences, leurs projets et leurs nouveaux morceaux !
À découvrir d’urgence.
Pourquoi avez-vous chois de vous appeler NUDES ?
Owen : On voulait s’appeler U2 mais c’était déjà pris !
Tom : On a décidé de s’appeler NUDES il y’a trois ans de ça, on a remarqué qu’il y avait un groupe américain de pop qui s’appelait aussi NUDES, et pour rendre la situation encore plus compliquée, on a remarqué qu’un autre groupe punk londonien s’appelait aussi NUDES.
Owen : Ces derniers mois, tout le monde a copié sur nous !
Tom : On leur a envoyé des messages pour qu’ils choisissent un autre nom…
Owen : Ca rime avec dudes !
Tom : J’aimerais qu’il y ait une explication poétique française philosophique…
Owen : Si tu veux je peux en inventer une, il s’agit d’un hommage à toutes les grandes inspirations des muses d’art, le nu, donc le fait qu’on s’appelle NUDES , c’est une ode à l’art.
Tom : Comme Mona Lisa, mais sans vêtements.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Tom : Nous nous sommes rencontrés il y a 6 ou 7 ans, via une de mes amies de longue date..
Owen : Une de mes anciennes copines.
Tom : On nous a présentés et nous sommes restés en contact pendant environ deux ans.
Owen : Comme on faisait tous les deux de la musique on a gardé un oeil sur le travail de l’autre.
Tom : Oui on était tous les deux dans des groupes, de différents styles.
Owen : J’étais dans un groupe, mais il s’est désintégré, donc je ne travaillais plus avec personne, Tom était dans la même situation. Il a posté sur Facebook.
Tom : Et Owen a été la seule personne à me répondre ! Puis on est allés prendre une bière… Et on a finit par travailler ensemble.
Est-ce que tu travaillais seulement en instrumental ?
Tom : Non, non, dans mon ancien groupe je chantais seulement, et j’ai laissé ce groupe et j’ai commencé à mixer des sons seul.
Owen : Si quelqu’un n’était pas supposé chanter, c’était plutôt moi… Avant de rejoindre NUDES, j’avais fait un album d’ambiance, avec beaucoup de sons de batterie, complètement textuel, pas de beats, pas de paroles, enfin il y en avait mais elles étaient très abstraites.
Tom: Je suis rentré dans une chambre une fois et il chantait et il s’est arrêté et je lui ai demandé de continuer parce que je trouvais ça vraiment bon !
Owen : Je n’ai jamais eu l’intention de chanter, je voulais simplement travailler avec Tom.
Tom : C’est étrange la façon dont NUDES a démarré, on avançait un peu à l’aveuglette au début, on avait une idée vague, on a essayé de faire des choses différentes avec des guitares et des instruments électroniques, puis notre son a changé, et on a tous les deux commencé à chanter, et ça a fonctionné. Ca a été un développement plutôt organique en fait. On s’est assis et on a réfléchi ensemble, même si notre manager voulait savoir quel genre de groupe on voulait être et quel genre de son on voulait faire mais ça ne marchait pas comme ça, tout est venu de façon organique et naturelle. En fait, ce qu’on fait maintenant est beaucoup plus développé que ce que l’on faisait au début.
Avez-vous déjà pensé à travailler avec d’autres artistes ?
Owen: En fait c’est une des premières choses dont on a parlé, on voulait jouer avec un groupe complet.
Tom : On a auditionné un batteur, un chanteur, un guitariste et ça n’a pas marché donc on a abandonné et on a décidé de ne travailler qu’à deux.
Owen : C’est un rêve, tu sais, tu veux commencer un groupe et tu penses que plus ton son se développe et plus tu as besoin de gens.. Pour jouer live. Ce n’est pas quelque chose dont on a besoin maintenant et auquel on pense en ce moment mais probablement dans le futur. Ce serait bien d’avoir une chorale Gospel !
J’ai remarqué que vous aimiez partager des playlistes, est-ce qu’il vous arrive d’écouter des artistes ou des groupes français ?
Owen : J’aime beaucoup la musique française, elle a sa propre identité, j’écoute beaucoup les groupes du label Ed Banger, comme Sebastian, bien sur j’aime aussi Daft Punk, Serge Gainsbourg…
Tom : On a été initié à la musique de Woodini cet après-midi, il est très bon !
Talisco est aussi un groupe français, mais les chansons sont en anglais…
Tom : D’ailleurs, c’est quelque chose de récent en France, dans les années 2000, on parlait aux informations d’un groupe qui chantait en anglais (non, pas Phoenix), et les français n’aimaient pas ça, mais le groupe voulait attirer une audience plus large.
Owen : On aime beaucoup Island Kizhi, il est parisien, mais il vit à Amsterdam, c’est un ami à nous. J’aime bien la Femme aussi. Ils sont supers. Quentin est super sympa.
Quel est votre avis sur le courant musical UK actuel ?
Tom : En Angleterre, l’industrie est vraiment concentrée sur le prochain gros groupe. C’est très éphémère. Les gens n’apprécient pas un groupe s’il ne connait pas un succès immédiat.
Owen : Les groupes peu connus sont souvent vite oubliés. Le problème est que les labels ne prennent plus de risques sur un groupe qui pourrait sonner différemment, ils n’ont aucun problème pour mettre de l’argent sur des groupes qui sont surs de marcher.
Tom : Maintenant dans les bars, on laisse de moins en moins les nouveaux artistes se produire à Londres.
Owen : Et ils sonnent tous pareil.
Tom : C’est difficile pour nous de se faire connaître, parce que nous sommes entre plusieurs genres.
Owen : Avant les années 2000, quand un groupe marchait il était automatiquement érigé au rang de meilleur groupe, parce qu’il inspirait d’autres groupes et les labels prenaient le risque d’injecter de l’argent dans ces groupes, mais maintenant tout ce qui les intéresse c’est l’argent. Ils veulent des groupes qui sonnent tous pareil et qui savent comment faire des bénéfices.
Tom : Il n’y a pas vraiment de scène pour NUDES comme il peut y en avoir pour des groupes qui font de la musique psychédélique comme TOY ou les Horrors par exemple. D’un autre côté, j’adore la musique house et la techno, et la techno reprend les fondations de ce qu’un label indépendant devrait être, ils jouent comme ils ont envie de jouer, et il y a une communauté qui les supporte et c’est comme ça que ça devrait être.
Vous écoutez quoi en ce moment ?
Owen : Du Grime (ndlr : genre de musique apparu en Angleterre au début des années 2000. Il s’agit principalement d’un développement de garage britannique, d’un mélange de batterie et de basse et de musique dansante), ça vient du sud de Londres, et c’est vraiment excitant.
Tom : C’est comme du rap anglais.
Owen : Mais c’est beaucoup plus dur, plus sale.
Tom : La production est très bonne, les paroles sont très « londoniennes ».
Owen : Ils utilisent beaucoup de mots familiers qu’on a l’habitude d’entendre, un mix de leur propre langage avec les mots familiers du langage anglais, comme « five O’ » …
Tom : J’écoute pas mal de techno, mais plus mélodique que la techno traditionnelle, comme Traum Prinz, c’est danois. J’adore Virgo 4 également, ce sont mes héros. Ils sont très indépendants et ils produisent pour l’amour de la musique.
Avec qui souhaiteriez-vous travailler dans le futur ?
Tom : Avec une vocaliste féminine,
Owen : comme Rihanna ou Céline Dion !
Tom : Oh non ! Nina Simone aurait été géniale !
Owen : Les artistes féminines actuelles sont un peu mondaines en ce moment, elles sonnent pareil, j’ai vu un concert à Londres l’autre fois avec deux chanteuses, je n’aurais pas pu les différencier les yeux fermés.
Tom : Un duo avec Sia ce serait cool !
Owen : Elle a collaboré avec 0-7…
Tom : Elle a collaboré avec plein de monde… Ce n’est pas quelque chose dont on a beaucoup parlé, on savait qu’on voulait travailler avec une chanteuse mais on a jamais choisi avec qui exactement. Lorde aussi, elle est dans l’alternative, elle est interessante.
Owen : et Bjork !
Tom : ou Sigur Ros !
Owen : Karin Drigener du groupe The Knife … J’ai tendance à être attiré par des chanteurs qui ont des voix uniques…
Tom : …comme les gars de The Antwood…Ou un orchestre…
Owen : On adorerait jouer au Barbican par exemple ! J’adorerais travailler avec Charlie XCX sinon.
Tom : Elle écrit de la bonne musique pop, elle sait ce qu’elle fait. On adorerait travailler avec Animal Collective aussi, le clip de leur chanson My Girls est génial.
Quels sont vos plus gros challenges actuels et qu’est-ce qui vous attend ?
Tom : Trouver notre place, tout le monde essaie d’entrer dans une catégorie, mais on est entre l’indie et la dance musique.
Pouvez-vous m’en dire plus sur votre EP The Heat ?
Owen : On a invité des amis à le remixer .. Le label a entendu ces remixes et l’a aimé, et Island Kizhi par exemple est venu travailler sur ce morceau et c’est d’ailleurs là qu’on l’a rencontré.
Je préfère Swift que The Heat curieusement.
Tom : Vraiment ? C’est génial ! Swift est un très vieux morceau, de la même époque que Versus. Elles n’ont rien à voir avec The Heat. Ces chansons nous ressemblent plus…
Owen : Nous voulions faire des chansons qui soient dans la même veine que Swift et Versus, mais on a fait un break, et ensuite, curieusement, plus on les jouait en live. … Et plus on répétait et on travaillait sur des morceaux que quand on a terminé d’écrire on s’était éloignés de Versus. On s’est retrouvés avec des morceaux qui marchaient encore et les nouveaux, tout mélangé…En fait, Versus a été mis en ligne seulement il y a quelques mois sur Soundcloud parce que le morceau était privé et on l’a mis en public le mois dernier. Il y a un an d’écart entre nos anciens et nos nouveaux morceaux. Ca nous a presque pris presque deux ans pour le terminer parce que mon I-mac est tombé en panne et je n’avais pas sauvegardé.
Tom : Ce soir ce sera notre troisième concert cette année, on a joué à l’international en juin dernier, c’était notre premier concert depuis ces dix derniers mois, donc personne n’a encore entendu nos nouveaux morceaux, sachant que Versus et Swift datent d’il y a deux ans, on a écrit et répété des chansons et on a joué notre premier concert à Londres depuis ces 50 dernières semaines avec ces nouveaux morceaux il y a deux semaines. Après ce concert on va enregistrer nos nouvelles chansons. On va faire un album mais pour l’instant on veut juste travailler sur de nouvelles chansons en studio mais vers Noël on va commencer à sortir tout ça. On a beaucoup travaillé en studio ces derniers temps.
Owen : Ce sur quoi on travaille maintenant est plus honnête et plus développé. On a été approchés par le label, ils nous ont amené ici et on a joué à l’Espace B (le 17 juin).
Tom : L’endroit n’était pas vraiment adapté à notre son mais on ne va pas refuser des tickets gratuits pour Paris !
Owen : J’ai trouvé l’endroit sympa, ils nous ont très bien reçus, quand on joue à Londres, on vit là-bas, nos amis viennent nous voir donc c’est difficile de dire s’ils ont aimés ou non parce qu’ils nous encouragent quoi qu’il arrive alors qu’à Paris, à part deux personnes, le public n’était composé que d’étrangers et les gens sont tous venus vers nous à la fin du concert et ils étaient vraiment excités. Les anglais disent toujours que les français ne sont pas polis alors qu’on a constaté le contraire depuis qu’on est arrivés ici.
Notre génération aime bien engager la conversation avec les musiciens étrangers.
Tom : J’ai pensé à emménager à Londres juste pour ça !
Owen : Je trouve que c’est dommage cependant, les jeunes devraient plutôt encourager les groupes locaux.
On le fait aussi, avec des opérations comme le Record Store Day .
Owen : Je pense que le RDS est bien mais en France vous avez quelque chose d’encore mieux, la fête de la musique, on y entend plus de petits groupes gratuitement ! C’est bien d‘écouter des groupes de tous les pays mais je pense que c’est plus important de soutenir les groupes locaux.
Comment vous est venue l’inspiration pour l’histoire de votre clip, AVEC ?
Owen : Les paroles sont liées au mot « with » donc on a décidé de l’appeler Avec ! C’est un clip dont la signification extrêmement philosophique échappe même à nous, c’est l’histoire d’un ours qui se transcende lui-même. C’est un ami à nous qui a réalisé le clip, Max, que je connais depuis quelques années, et il a commencé à nous suivre sur Instagram, et puis Tom l’a trouvé… Et quand j’ai voulu en parler à Tom nous nous sommes rendus compte qu’on voulait tous les deux travailler avec lui, sans même s’être concertés, et on lui a donné carte blanche pour le clip. J’aimerais bien travailler avec le réalisateur français Michel Gondry dans le futur. C’est un génie.
Le groupe sera à Londres le 7 novembre prochain pour un concert gratuit !
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