Interview : Tigercub

Sound of Britain a rencontré Jamie, Jimi et James pour parler de Repressed Semantics, du MacDo et du Brexit.

Les Tigercub backstage au Montreux Jazz Festival

Les Tigercub backstage au Montreux Jazz Festival

Groupe montant basé à Brighton, Tigercub a fait une pause lors de la préparation de son premier album pour venir jouer dans la Rock Cave du Montreux Jazz Festival. Sound of Britain en a profité pour rencontrer le sympathique trio avant le concert. Nous parlons de politique, de l’EP du groupe Repressed Semantics, de leurs vidéos et du McDo.

Quelques heures plus tard, votre correspondante retrouve le trio sur scène, et inutile de préciser que leur rock à tendance grunge a fait mouche auprès du public. À peine le concert commence-t-il qu’ils s’excusent pour le Brexit et nous remercient d’être venus les voir plutôt que Muse, qui joue à l’Auditorium Stravinski au même moment (ils n’avaient d’ailleurs pas manqué de me faire remarquer que l’équipe de Muse bénéficiait de trois réseaux wifis privés). Leur live déchire, et il faut dire que Jamie est un leader très charismatique.

Salut les gars, bienvenue à Montreux ! Ça vous plaît ?

James Allix (batterie) : Merci ! Et ouais, c’est très joli !

Désolée pour ce mauvais temps. Il faisait pourtant très beau hier.

Jimi Wheelwright (basse) : Nous trouvons que c’est plus accueillant ainsi ! Nous venons de Brighton, alors nous y sommes habitués. En fait, il faisait exactement le même temps lorsque nous sommes partis.

James : Nous avons amené le mauvais temps avec nous en fait. Désolé !

Jamie Hall (guitare, chant) : Je ne suis pas désolé. (rires)

Vous avez joué à Zurich il y a pas longtemps n’est-ce pas ?

Jamie : Oui, il y a deux mois.

James : Cela doit être notre troisième fois en Suisse.

Jimi : C’était sympa à Zürich. Les gens participaient, c’était bien plus cool que notre public à Londres. À Londres, c’est plutôt des mecs qui regardent leurs téléphones portables ou qui papotent au bar.

Jamie : Nous avons aussi joué à Bâle en Suisse, c’était bien… Cela dépend du public au final, n’est-ce pas ?

J’ai lu dans une interview que vous alliez à l’université lorsque le groupe a commencé…

Jimi : Oui, on peut dire ça comme ça. Nous n’y sommes pas allés tant que ça !

Jamie : Je n’ai pas eu de très bonnes notes.

James : Je n’ai même pas eu de notes !

Jimi : Il ne s’est même pas présenté au dernier examen ! Je suis un peu le papa du groupe, un an de plus que les autres. Et j’ai eu de très bonnes notes ! Mais j’étais si peu présent en cours que je n’ai pas obtenu mon diplôme. Ma mère était en colère, mais bon. C’est ma vie, pas la sienne ! (rires) Enfin bref.

Parlons un peu de votre EP, Repressed Semantics. Le titre se retrouve dans la chanson Antiseptic, et je voulais savoir pourquoi est-ce que vous l’aviez nommé ainsi.

Jamie : Eh bien, il y a plusieurs raisons. La principale était l’amertume que j’éprouvais par rapport à la manière dont certains médias anglais représentent les choses. Ils utilisent un certain langage afin d’omettre certains éléments dans leur intérêt personnel.

Jimi : Quel que soit le média, sur internet, dans un magazine ou autre, on nous donne certains éléments sur lesquels nous pouvons nous baser, mais ce n’est pas la seule version des faits possible.

Jamie : Voilà.

En plus, maintenant avec le Brexit…

Jimi : Oui, le Brexit en est un exemple classique. Les médias sont sélectifs par rapport aux informations. Et maintenant, il y a des gens qui se disent « Oh merde ! Je ne savais pas ce que je faisais !» et ils veulent un autre referendum.

Vous croyez qu’un autre referendum est possible ?

Jimi : Non, je pense que nous sommes fichus.

Jamie : Nous l’avons fait. Mais on mérite ce qui nous arrive. (rires)

Je ne peux pas trop juger non plus ; la Suisse n’a jamais vraiment fait partie de l’Union Européenne.

Jimi : Oui c’est vrai, mais du coup vu que vous n’en avez jamais vraiment fait partie, c’est différent.

Oui tu as raison. Je pense que l’UE ne nous déteste pas parce que l’argent de certains de ses gros dirigeants est dans nos banques.

Jamie : Ouais.

Jimi : En plus, le truc a été créé dans les années 40 et les années 50. Vous avez pris votre décision à ce moment-là. Ce n’est pas comme nous, qui décidons de partir 60 ans plus tard parce que « il y a trop de travailleurs polonais dans les magasins ! » C’est n’importe quoi.

Jamie : Et c’est pour cela que nous avons décidé d’appeler l’EP ainsi.

Jamie à la fin du concert de Tigercub au Montreux Jazz Festival

Jamie à la fin du concert de Tigercub au Montreux Jazz Festival

Jamie, écrire des chansons est assez thérapeutique pour toi n’est-ce pas ? Pourrions-nous parler de Bittersweet Motherfucker ?

Jamie : Oui c’est vrai. Cette chanson est à propos de mon père. Les paroles sont littéralement à propos de mon père. C’est aussi simple que ça ! (ndlr : à ce moment-là, Jamie rit, mais j’ai l’impression qu’il est un peu gêné, je décide donc de changer de sujet).

Au début de Rich Boy, il y a quelqu’un qui hurle « Fuck ! », pourquoi donc ?

Jamie : J’étais tellement frustré ! D’habitude nous avons beaucoup de plaisir à enregistrer, mais là…

Jimi : Je pense que c’était un « fuck » particulièrement bon ! (rires) Je crois que Jamie a directement crié dans le micro. Quand tu enregistres, c’est toujours bizarre d’entendre ta voix à travers ton casque.

Jamie : Je crois que c’était en partie organique, et en partie « cela pourrait correspondre à la chanson », surtout vu ce dont parle la chanson. Et comme tu dis, lorsque tu es dans une pièce en train d’enregistrer avec d’autres personnes, c’est agréable d’entendre les autres et de briser un peu cette barrière. Et puis, parce que cela correspond bien à la chanson, c’est un bon moyen d’exprimer sa frustration ! Ce n’était pas l’enregistrement qui était frustrant, mais plutôt le contenu de la chanson.

Je voulais aussi parler de vos clips. La plupart d’entre eux contrastent avec vos chansons.

James : On travaille avec des gens différents, mais je pense que vu les personnes que nous sommes… Nous n’allons pas avoir l’air cool de toute manière, alors autant ne même pas essayer ! (rires)

Jimi : Ouais, je pense que tous nos clips jusqu’ici sont plutôt… Nous demandons à des amis, comme par exemple pour Centerfold où c’était un gars qui filmait des skateurs. Nous lui avons demandé s’il voulait réaliser notre vidéo, et il a accepté. Il nous a demandé « que devrions-nous faire ? » et nous avons répondu « quelque chose de très merdique », parce que son truc c’était les vidéos de skate. Donc nous lui avons dit « faisons une vidéo de skate, mais avec des choses très nulles ! » Alors nous sommes juste en train de faire le ménage, puis le gamin sort… Et puis il a braqué la caméra sur nous et nous avons fait les idiots. La vidéo en est le résultat. Et puis… Pour Pictures of You, c’est notre ami qui nous a dit « vous devez aller voir ce parc de loisirs au milieu de Südkreuz à Berlin, il est vraiment bizarre ! ».

Je trouve la vidéo très jolie !

Jamie : Oui, il l’a très bien filmée.

Jimi : Il est très doué. Il nous a proposé d’y aller, et du coup tu peux nous y voir en train de nous amuser.

Jamie : Ouais, c’est cool de péter un coup. Si cela avait été trop sérieux, cela deviendrait trop lourd.

Il n’y a pas d’enfants dans le clip. Cela m’a surprise.

Jamie : No kids !

Jimi : Nous avons dû les noyer. (rires)

James : Il y a eu une sorte de restriction. Ils n’avaient pas le droit d’entrer !

Jimi : Et de toute manière, ils s’enfuient dès qu’ils voient Jamie ! Ils enseignent cela aux enfants actuellement !

Jamie : C’est dans leur propre intérêt. (rires)

Si vous deviez enregistrer un album dans un endroit extrême, que choisiriez-vous entre un manoir hanté, le Macdo et la lune ?

James : Je choisis le Macdo.

Jimi : Un Macdo hanté sur la lune ? (rires) Ah, est-ce que je peux avoir les trois ? Non ? Argh !

James : Je pense qu’une maison hantée serait trop effrayante. Je n’aimerais pas.

Mais vous auriez de très bons effets sonores.

Jamie : On pourrait inclure des fantômes. Mais cela dépend du type de poltergeist !

Jimi : Je pense que je choisis le Macdo ! Tu peux choisir dans lequel tu enregistres, il y en a des milliers autour du monde !

James : En plus, l’acoustique est excellente ! Et tu as le « bip bip bip » des friteuses !

Jimi : Oui, laissez les friteuses allumées !

Jamie : Vibe !

Jimi : Deep fried fuzz pedal !

Jamie : Le problème avec la lune, c’est qu’il n’y a pas d’air. Du coup tu n’entendrais rien.

Jimi : Oui, et je pense que le producteur nous dirait « je ne me sens pas à l’aise en voyageant sur la lune ».

James : Oui, et nous n’aurions pas assez d’argent. Le label n’accepterait jamais cela. (rires)

Enfin, que pouvons-nous espérer de Tigercub dans les mois qui viennent ?

Jimi : Nous sommes littéralement sur le point d’enregistrer un album ! Nous commençons la semaine prochaine. Si tout va bien, nous aurons terminé à la fin du mois et il sortira à la fin de l’année.

Jamie : Nous allons aussi faire une tournée au Royaume-Uni et en Europe en Octobre, avec nos amis de Demob Happy.

No Comments

Post A Comment