30 Oct Pitchfork, Jour 3 : Shame crade et jubilatoire, Minor Victories envoûtant
Troisième et dernier soir au Pitchfork avec un programme aussi chargé que séduisant avec en bouquet final, la prestation quasi exclusive de M.I.A.
Entamée par Joey Purp et Whitney, cette troisième soirée au Pitchfork a véritablement commencé nous concernant avec Shame. Le quintet londonien, dont le buzz ne cesse d’enfler, s’est posé comme l’une des attractions de cette édition et nos cinq très jeunes lads n’ont pas manqué de la marquer au fer rouge. Armé de leur rock tantôt garage, tantôt punk, le groupe anglais a retourné la Pink Stage de sa fougue et de son énergie électrique. A l’instar de Charlie Steen, son chanteur qui parle plus qu’il ne chante (rappelant The Streets dans l’art de manier le verbe) dont la voix écorchée séduit autant que son désir d’habiter la scène. Véritable showman en puissance, punk dans l’attitude, Steen se déverse de la bière, jette des bouteilles ou son pied de micro, se caresse les parties, slamme sur le public et harangue comme personne. Mais toujours avec une sympathie débordante et un respect profond. Ce qui ne l’empêche pas de dédier « la pire chanson d’amour que vous ayez entendu » à Theresa May, l’actuelle Première ministre britannique. En guise de climax de ce concert suffisamment crade pour être jubilatoire, Shame décolle une mandale rock avec son single Gold Hole, morceau démentiel qui restera comme l’un des meilleurs moments de ces trois jours de festival.
La suite, sans transition, c’est avec Minor Victories. L’ambiance est complètement différente, bien plus élégante assurément. Pour ceux qui ne connaissaient pas encore, Minor Victories est un supergroupe composé de Rachel Goswell (Slowdive), du guitariste Stuart Braithwaite (Mogwai), du bassiste Justin Lockey (Editors) et de son frère James Lockey de Hand Held Cine Club. Ces quatre complices ont signé un des plus beaux albums de l’année, Minor Victories, et c’est donc avec une joie certaine, doublée d’une attente de voir ce que cette merveille d’album donnera sur scène, qu’on les retrouve à Pitchfork. En dépit d’un son gâchant l’ambiance – avec notamment la voix trop en retrait de Rachel – le groupe britannique servira un set très envoûtant, transportant le public entre douceur touchante et envolées électriques jubilatoires, de Give Up The Ghost qui donne le ton, à Scattered Ashes en passant par A Hundred Ropes et Higher Hopes.
Derrière, c’est le groupe de dreampop / rock californien Warpaint, lui aussi très attendu des festivaliers, qui a fait déplacer les foules, mais on voulait avant tout adresser une mention spéciale à Abra, une artiste R’n’B venue d’Atlanta et passée par Londres après avoir grandi dans le Queens, qui nous a autant séduit par sa présence incroyable sur scène (sa voix soul virant parfois dans les aigües comme ses pas de danse furtifs) que par ses mélodies entre hip hop et r’n’b d’antan. Une introduction parfaite au show final de M.I.A…
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