03 Nov Le tropical triomphe des Glass Animals à l’Elysée Montmartre
Sur la scène du rénové Elysée Montmartre, la formation Glass Animals est venue défendre son incroyable deuxième album, How to Be a Human Being, avec félicité, ferveur et fougue. Récit.
Sur le site de l’Elysée Montmartre, l’évènement affiche complet depuis quelques semaines: Glass Animals, propulsés par un incroyable premier album, ZABA, et leur single Pools, sont une des sensations de la musique alternative actuelle. Mélange de sonorités et de rythmiques efficaces créant des atmosphères uniques sur ZABA et détaillant un superbe patchwork humain sous forme d’ode au vivre et à l’être sur How to Be a Human Being, leur musique est sans comparaison et sans rival: Glass Animals cite Glass Animals. Leur dernier passage dans une salle parisienne remontait en 2015 à la Gaîté Lyrique: raison supplémentaire pour ne pas rater leur retour ce 2 Novembre 2016.
Pour les retardataires arrivant après l’ouverture des portes, dur de se faire une place: des rangées de premiers rangs occupent déjà le centre de la scène, debout, prêts à accueillir la formation britannique. Il faudra néanmoins prendre son mal en patience: une première partie est décrite comme assurée par Holy Strays, jeune DJ parisien. L’attente se fait donc tranquillement sous les grandes arches métalliques de l’Elysée Montmartre. L’ambiance est joviale, communicative; on entend par-là des Anglais s’exprimer, marque de l’engouement pour le groupe. Finalement, la lumière s’éteint, et à 20h, il est temps pour Holy Strays de monter sur scène.
Tapi derrière un complexe assemblement de boîtes à rythmes, claviers, cymbales et percussions, Holy Strays démarre sans toucher un mot au public. Et quelle agréable surprise ce sera: expérimentale au possible, sa musique électronique s’affranchit de toutes barrières, explosant dans tous les sens, citant des gammes évoquant les percussions tribales du groupe dont il assure l’ouverture ou à l’opposé des thèmes plutôt typés asiatiques. Ces influences se ressentent de façon toujours très subtiles, presque tapies sous le flot de percussion qui nous assaillit. Parfaitement millimétrée, la performance du jeune Français jongle ainsi entre multiples nappes de synthétiseurs, rythmiques industrielles subtilement martelées, et réelles percussions qui viennent donner une ampleur et un son particulier à la performance. Plutôt sous forme de DJ-set que de simple set, les morceaux s’enchaînent, se fondant les uns dans les autres. Aidé par des lumières qui permettent la constitution d’un ciel étoilé dans l’Elysée Montmartre sur un de ses morceaux les plus envoûtants, la performance de Holy Strays se veut puissante, belle et communicative: le public reste cependant quasiment impassible face à ces incroyables chansons, lâchant tout de même quelques cris d’encouragement entre 2 morceaux. C’est à l’issue d’une grosse demie-heure de set et d’un ultime morceau remarquable que Holy Strays prend le micro pour s’exprimer, nous remerciant d’être là et expliquant son émotion de jouer sur la scène de la salle qu’il a fréquenté toute son adolescence. Réelle puissance et conclusion tout en émotion: Holy Strays a peut-être raté son public ce soir, mais gageons que certaines personnes repartiront avec ce nom ancré en tête.
L’attente se poursuit tandis que les roadies aménagent la scène pour le quatuor que nous attendons tous. La pression monte, à l’image d’un Dance Yrself Clean asséné en fond sonore pour accompagner notre attente; et à 21h, les Glass Animals montent sur scène.
Luminosité minime, hurlements, excitation au maximum: c’est sur l’étrange interlude [Premade Sandwiches] que le groupe monte sur scène, déjà manifestement heureux d’être là. Un gimmick sonore plus tard et les voilà lancés sur Life Itself, premier single de How to Be a Human Being au chant accrocheur et à l’implacable refrain. L’énergie es communicative, le frontman Dave se permettant de réinterpréter avec ferveur toutes les paroles, gesticulant, interpellant, transmettant une réelle énergie et un réel plaisir d’être sur scène. A peine le temps de souffler que s’enchaîne Youth, sublime morceau lui aussi du dernier album avec là encore un surpuissant refrain. Le set va ainsi se révéler d’une irréelle puissance pour un groupe qui semble en studio bien sage: l’interprétation consécutive de Poplar St., The Other Side of Paradise et Gooey avec sur cette dernière un Dave chantant la moitié du morceau sur les barrières de sécurité et un final prolongé à tomber par terre, a sans aucun doute eu raison du public, hurlant de joie à chaque injonction du frontman.
How to Be a Human Being se révèle être en live une évidence, et propose un contrechamp à leur ZABA d’il y a 2 ans, explorant de tous nouveaux sons, de toutes nouvelles constructions. En témoigne en live une interprétation fiévreuse de Cane Shuga et sa rythmique hip-hop, qui a terrassé l’Elysée Montmartre avec un subtile break explosant dans un final surpuissant. Glass Animals sont un pur plaisir live, avec cette irréelle énergie de tous les instants de Dave et cette communication entre les membres du groupe, gravitant comme ils le souhaitent, s’échangeant des sourires amusés, se regroupant autour de la batterie pour délivrer des chansons comme on n’en entend pas actuellement. Les chansons du premier album remportent évidemment la plus grande adhésion du public, avec ce Black Mambo prêt à imploser à tout instant, ce Cocoa Hooves d’une beauté folle et évidemment le désormais classique Pools, soulevant l’Elysée Montmartre dans un véritable élan de joie. Les sonorités tribales et inquiétantes de ZABA se mêlent à l’énergie communicative de How to Be a Human Being et créent ainsi, à l’image de ce dernier, un patchwork parfaitement cohérent, évident. Le set des Glass Animals se déroule à merveille, Dave n’hésitant pas à présenter le groupe et exprimant sa joie d’être de retour à Paris. Une boule à facettes posée au sol vient illuminer la salle par un superbe jeu de lumières, et le groupe disparaît après Pools. C’est sans compter sur l’amour du public, dont les applaudissements et hurlements ne se tairont pas jusqu’au retour de la formation.
Le final du concert se déroule alors en 2 temps: tout d’abord Love Lockdown, cover de Kanye West qui voit Dave fendre la foule en tous sens pour interpréter avec passion ce titre; et enfin une conclusion sous le signe de Pork Soda. Surprenant choix, et pourtant: tous les musiciens bien en place, la rythmique batterie acérée, la ronde basse, les guitares ajustées, Pork Soda se révèle d’une puissance dingue, et sera prolongée avec plaisir dans une incroyable outro dont nous n’aurions jamais pu soupçonner la puissance. L’une des deux guitares cède place dans ses ultimes instants à des accords de piano forts et élégants, et le public profite lui de chaque instant, de chaque mélodie, de chaque note. Pork Soda laisse sa place au silence, et le groupe s’esquive alors, exprimant leur souhait de nous revoir très vite et nous remerciant encore.
Ardue tâche que de mettre un seul mot sur cette performance des Glass Animals à l’Elysée Montmartre; et pourtant, dur de ne pas penser à « consécration ». Musique, performance, énergie, la formation a déjà toutes les cartes en main pour conquérir un public de plus en plus large et fédérer les foules qui ne peuvent qu’être réceptives à cette musique si unique. Glass Animals ne sont qu’au début de leur succès, et nul doute qu’on entendra encore beaucoup parler d’eux dans les mois à venir; en attendant, ce live à l’Elysée Montmartre s’est révélé comme une tropicale et superbe évidence.
Setlist:
Life Itself
Youth
Black Mambo
Hazey
Season 2 Episode 3
Poplar St.
The Other Side of Paradise
Gooey
Take a Slice
Toes
Cocoa Hooves
Cane Shuga
Pools
Rappel:
Love Lockdown
Pork Soda
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