Enter Shikari – Live at Alexandra Palace

De passage le 27 Février 2016 dans un Alexandra Palace sold-out, Enter Shikari a enregistré pour l’occasion un live percutant, témoin du génie de leur Mindsweep Tour. Écoute et critique.

Difficile de définir la musique de Enter Shikari: metal, rock, electro, hardcore, rap; la formation brasse les genres, s’en servant à chaque fois pour créer des morceaux d’une complexité et d’une efficacité hallucinantes. 4 album studio au compteur, leur réputation n’est plus à faire; et 2016 était l’occasion pour eux de revenir sur scène pour défendre une deuxième fois leur Mindsweep (notamment avec un passage dans notre cher Trabendo en Mars 2016). Retour à la maison pour l’entité: ce live a été enregistré, comme son sobre nom l’indique, dans le prestigieux cadre de l’Alexandra Palace, qui avait pour l’occasion revêtu ses atours les plus extrêmes. Et si le nom de ce live est un peu sobre, ce dernier ne l’est en aucun cas.

Enter Shikari en concert à La Cigale, Paris, 2 février 2015

Ainsi, Enter Shikari nous embarque pour 1h30 de live absolument monumental. Nouveautés, classiques, communication, outro jouissives, remix, transitions concept; tout y est. Ce Live at Alexandra Palace est colossal et absolument jouissif, et gageons que n’importe quel auditeur ayant oublié de réserver sa place pour l’une des 4 dates françaises de cette tournée le regrette instantanément à l’écoute de cet album.

Colossal, monumental: le live s’ouvre sur un Intro – Solidarity, repris sans faute par un public acquis à la cause du groupe. Les frissons montent, et le groupe dégaine en deuxième position un Sorry You’re Not a Winner dévastateur. « Tant qu’à commencer, autant commencer par le début » envoie le frontman Rou Reynolds. Ce simple audio transmet un plaisir coupable et communicatif: Enter Shikari est là pour tout donner à son public, sans concession. Le public, lui, le lui rend bien, reprenant des couplets de Gandhi Mate, Gandhi en cœur, soutenant Rou sur le pont de Radiate, criant Shikari à chaque pause pour en demander toujours plus, plus, plus.

Enter Shikari en concert à La Cigale, Paris, 2 février 2015

 

Le rythme se veut frénétique, impeccable. La formation pioche avec plaisir dans ses albums, faisant la part belle au petit dernier, The Mindsweep, avec notamment un There’s a Price on Your Head monstrueux dont l’outro est pour l’occasion efficacement remixée, et un Dear Future Historians… beau à pleurer, qui implose dans une superbe outro, finalement conclue par un thème à la trompette. Car Enter Shikari sait aussi faire dans la dentelle avec des titres émouvants tout en restant surpuissants: en témoignent l’imparable et culte Radiate et le alors tout nouveau single Redshift, pépite de composition, de beauté et de sing-along.

Les compères savent faire dans la subtilité, mais savent tout aussi bien faire dans les extrêmes. « Ça peut vous intéresser, ça peut vous plaire, ça peut vous consterner, ça peut vous effrayer, je suis juste le messager ne me tirez pas dessus; mais nous allons entrer dans la partie chahuteuse du set, ça marche? Je vous préviens » s’amuse Rou, avant de balancer un insolent et surréaliste mashup Slipshod / The Jester, 2 des titres les plus abracadabrantesques, irrévérencieux et violents du groupe. L’ambiance est à son maximal, la sueur suinte par les pores de nos écouteurs, notre vision est remplacée par celle d’impressionnants moshpits. Le Live at Alexandra Palace du groupe réussit ceci: nous donner un panorama aussi fidèle que possible de la force scénique de Enter Shikari, et nous donner une folle envie de les (re)voir au plus vite.

Enter Shikari

Bien évidemment, ce maelström sonore parfaitement orchestré ne serait rien sans les 4 excellents musiciens qui le créent: forcément, Rou Reynolds qui mène la barque, au chant, à la guitare, aux claviers; mais aussi Rory, qui délivre ces monstrueux riffs avec une aisance impressionnante; Chris, sur sa basse, qui solidifie les mélodies tout en se chargeant des inévitables chœurs émaillant les compositions du quatuor; et surtout Rob, campé derrière ses fûts, qui délivre un jeu puissant, diversifié, précis, sans jamais faillir ou faiblir, faisant de lieu un des batteurs britanniques les plus mémorables de cette génération.

Le temps passe très très vite tant l’efficacité de ce live nous emporte, avec notamment un enchaînement Torn Apart / Mothership qui fait le pont entre le plus récent et le plus ancien matériel du groupe, pour notre plus grand bonheur. Mais vient fatalement l’heure de la clôture; c’est la clôture même de The Mindsweep qui intervient alors, avec The Appeal & the Mindsweep II, titre colossal à l’incroyable ligne mélodique qui clôt le live avec une fluidité assourdissante. On ne peut alors que rester secoué, déboussolé, avec comme seule envie et volonté de se replonger dans ce live de qualité. Fans et moins fans y trouveront tous une raison d’aimer Enter Shikari, bête de scène, producteur de titres comme on en entend rarement. En somme, ce Live at Alexandra Palace se veut une forme d’héritage; le plus beau cadeau que le quartet pouvait offrir à son public.

Tracklist:

Intro – Solidarity

Sorry You’re Not a Winner

The One True Colour

The Last Garrison – No Sleep Tonight

Detabilise

Radiate

Slipshod – The Jester

There’s a Price On Your Head

Dear Future Historians, …

Arguing With Thermometers

Gandhi Mate, Gandhi

Torn Apart

Mothership

Redshift

Anaesthetist

The Appeal & the Mindsweep II

Notre note: 9/10

 

Pour prolonger le plaisir, vous pouvez également visionner le documentaire du groupe consacré à ce Mindsweep Tour 2016: parfait pour atteindre l’annonce d’un prochain album et d’une prochaine tournée! Le live, lui, est disponible dans son intégralité sur la chaîne YouTube du groupe.

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