Happyness – Write In

Produit chez Weird Smiling, le deuxième opus d’Happyness, « Write In », nous est arrivé droit au coeur. Ecoute et découverte d’un chef-d’oeuvre qui ne vous veut que du bien, où l’alliance du song-writing avec l’instrumentation fait mouche. En route vers l’extase. 

Deux années passées et toujours aucune ride pour le bien-nommé Weird Little Birthday, notre première rencontre avec l’électron libre Happyness. Ils sont trois et sont fidèles à leurs convictions : celles qui prônent un rock possédé, gonflé de bonnes volontés. Avec son deuxième album, le trio londonien étend son art jusqu’au renouvellement. Quitte à en profiter pour rendre quelques hommages bienvenus, Write In réalise ce que son grand frère n’aura (naturellement) qu’effleuré: l’établissement d’une oeuvre conceptuelle. Produit aux petits oignons, l’album ne décolle jamais puisqu’il est déjà loin, là-haut, au coeur d’un paysage bien à lui. L’ombre des Beatles plane tout d’abord aux côtés du groupe. On pense notamment aux ballades délicieuses que sont The Reel Starts Again (Man as Ostrich) et la magnifique Through Windows, où un piano acoustique rayonne de sincérité. Toutes deux transmettent le panel émotif nécessaire à notre investissement. Si bien qu’on se laisse nous aussi transporter dans le cortex.

A vrai dire, les recherches de sonorités de Weird Little Birthday semblaient déjà hantées par l’accomplissement du genre psychédélique. Sans cesse en quête d’une telle reconnaissance, Happyness n’a jamais laissé tombé. La preuve est détenue en Uptrend/Still Raids, un des titres les plus hybride de la galette. Si la voix de John EE Allan est volontairement sous-produite, c’est pour faire la part belle au nuage instrumental engendré par l’évaporation de deux guitares et d’une basse. On s’imaginerait presque Outre-Manche, où Mac Demarco y détient les notes maîtresses du genre. En optant pour le fameux delay, qu’on retrouve également pour Anytime et l’ouverture Falling Down, le groupe déroge à la règle du rock’n’roll façon « brut de coffrage ». Au contraire, ici les sons s’adoucissent et s’appréhendent comme du coton. D’un éthéré indécent, les morceaux se poursuivent sans jamais provoquer le soupir d’un ennui.

On se gage de trouver en Write In un coup de mou rédhibitoire. Si la première partie de l’album abordait les thématiques fumeuses de la recherche de soi, la seconde semble d’autant plus assumée. La différence demeure néanmoins minime, puisqu’il y règne une cohérence totale. Bouleversant. Si ce n’est le travail autour de l’instrumentation, ultra-léché, qui sert magistralement les déboires de l’interlude Bigger Glass Less Full. En ouvrant de telles manières ses vannes, Happyness nous communique son envie de communion, son désir de paix. Victor Lazzaro’s Heart dessine un tout autre horizon, vaporeux. On ne peut plus le cacher désormais, nul doute que les disques de Slowdive ont, durant l’enregistrement de Write In, dû stimuler la créativité d’Allan, Compston et Cooper. Rude défi que de ranimer la flamme du shoegaze d’antan. Celui qui donnait aux années 90 cette teinte particulièrement mélancolique.

Happyness calque ses ambitions sans se tâcher les mains. D’Anna, Lisa Calls à Tunnel Vision On Your Part en passant par la déchirante The C Is A B A G où « le ciel est un film« , le trio rend les armes. Rapatrié sur les chemins de la réalité, Happyness ne s’en désole pas pour autant. Aucune frayeur, la bienveillance prime toujours. Le groupe semble avoir mûri dans le moule de sa musique. Si Write In s’achève comme une grande réunion des 40 minutes précédentes, il ramène surtout Happyness au centre de sa religion : la félicité. Nous y sommes les adeptes les plus fervents. (Amen)


Tracklisting 

Falling Down

The Reel Starts (Man As Ostrich)

Anytime

Through Windows

Uptrend/Style Raids

Bigger Glass Less Full

Victor Lazarro’s Heart

Anna, Lisa Calls

The C Is A B A G

Nos morceaux favoris : Falling Down, Through Windows, Anna, Lisa Calls, The C Is A B A G, Anytime…

La note : 9,5/10

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